This is Sweden# : quelles sont les recettes de l’art de vivre suédois ?

Comment ‘l’âme suédoise’ a-t-elle su résister à certains écueils contemporains pour imposer un modèle de société plus humaine, plus égalitaire et surtout résolument tournée vers la nature et l’avenir ?

Rédigé par Isabelle Allard, le 13 Feb 2016, à 8 h 00 min
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La Suède, c’est aussi un vrai sens de la démocratie et une société égalitaire

Troisième élément très important pour comprendre la société suédoise : le sens de la démocratie et de l’égalité également enseignés dès la petite enfance. Valeur dominante : chacun doit être écouté et entendu, chacun doit apprendre à écouter et à respecter les autres. Quel que soit son sexe, son ethnie et même sa position dans une hiérarchie sociale, chacun a la capacité d’émettre des idées et qu’elles soient entendues des autres.

L’égalité de traitement est inscrite très clairement dans la constitution suédoise et la visite d’une école suédoise fait comprendre assez rapidement que cette égalité de traitement n’est pas un vain mot dans ce pays où les lois anti-discrimination sont aussi nombreuses et respectées.

Le tutoiement universel, forme de solidarité

Pour faciliter les relations, tout le monde se tutoie partout et tout le temps : à l’école, au bureau, dans les administrations, dans les magasins. Les seuls qu’on ne tutoie pas, à vrai dire, ce sont les membres de la famille royale, comme le veut la réforme du tutoiement (dite du-reformen) adoptée à la fin des années 1960.

Même si le fameux « vivre ensemble », lui-même issu de ce socialisme version suédoise est un peu mis à mal ces derniers temps par excès de libéralisme et de mondialisation, il y a toujours derrière ce tutoiement, la marque d’une forme de solidarité et d’une communauté entre les Suédois qui affirme la volonté de constituer un groupe cohérent avec une identité propre.

Le tutoiement fédère plus souvent qu’il n’oppose et laisse à chacun l’opportunité de trouver sa place, sans abus de pouvoir, sans conflit ni crise. Le seul souci de ce type d’organisation, c’est qu’elle ne peut fonctionner que si tout le monde joue le jeu et s’abandonne aux règles du groupe, elle résiste mal à l’importation de valeurs individualistes qui elles, vont diviser et entraîner le groupe vers un repli sur soi ou vers la dissolution.

L’excellent, drôle et touchant film de Lucas Modysson sorti en 2000 et intitulé de manière très ironique Tillsammans – litéralement Tous ensemble – illustrait à merveille ce mécanisme d’implosion dès que les règles sont exposées aux yeux critiques d’autrui, montrant la confrontation entre une communauté hippie et la famille ‘bourgeoise’ de l’un des membres de celle-ci.

La Suède est aujourd’hui confrontée à la mondialisation, à l’arrivée massive de demandeurs d’asile qui demandent sans aucun doute une reconsidération des politiques d’intégration, mais globalement la Suède reste de ce point de vue encore un modèle.

La Suède, un pays résolument tourné vers l’avenir

Dernier point important pour bien comprendre ce pays : son regard résolument tourné vers l’avenir. L’avenir, ce sont avant tout les enfants qui y bénéficient d’un regard attentionné et bienveillant, d’une protection sociale assez unique au monde, et d’une culture originale et respectée de tous.

Les enfants sont considérés en Suède comme des individus à part entière, les adultes de demain, que l’on accompagne, que l’on écoute, avec qui l’on échange volontiers. L’objectif de l’éducation à la suédoise et des parents suédois est avant tout de rendre leurs enfants autonomes et indépendants. Pour mieux comprendre la relation des Suédois avec leurs enfants, le film de Marion Cuerq, Si j’aurais su, je serais né en Suède, résume ce regard singulier sur l’enfance.

Ce regard résolument tourné vers l’avenir, on le retrouve aussi dans le respect des Suédois pour leur planète. Ici l’éco-geste est spontané et quasi-naturel chez les petits enfants qui deviennent très vite des citoyens responsables. Le recyclage est maîtrisé de tous, les éoliennes font partie intégrante du paysage, les bus et les bateaux roulent au biogaz ou autre carburant écologique. La Nature est respectée et donc protégée.

Enfin qui dit avenir, dit innovation, et le pays d’Alfred Nobel n’est pas en reste sur ce point non plus. Très tôt l’inventivité du pays s’est affirmée, les inventions suédoises sont légion, des allumettes à Skype ou Spotify, en passant par la ceinture trois points ou la liqueur noire. Mais l’Etat suédois a aussi soutenu cet esprit d’innovation par un budget recherche plutôt conséquent (en 2000, le budget s’élevait à plus de 10 milliards d’euro) et des mesures destinées à encourager la créativité des enfants.

Pays idyllique, donc ? Certainement pas. Prenant le contre pied de cette vision, le cinéaste italo-suédois, Erik Gandini propose une analyse beaucoup moins réjouissante du fameux modèle suédois, qu’il résume dans la vidéo ci-dessous. Selon lui, celui-ci aurait certes créé des individus autonomes et d’une indépendance forcenée, à l’origine d’une société à l’implacable solitude. Entre messages promotionnels et analyse critique, la Suède mérite d’être mieux connue.

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Végétarienne et contemplatrice de naissance, attirée depuis mon plus jeune âge par les lettres et les âmes de papier, j’ai assez naturellement opté...

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