Confessions d’un viticulteur, chimiste reconverti

Rédigé par Emma, le 4 Jul 2014, à 17 h 20 min
Confessions d’un viticulteur, chimiste reconverti
Précédent
Suivant

Quant un vigneron traditionnel change son fusil d’épaule et se tourne vers une production de vin bio, c’est tout un environnement qui change. Et des vins qui retrouvent plus d’authenticité, une vigne qui se libère des produits phytosanitaires… et un vigneron qui n’a plus d’allergie !

Témoignage de Denis Robert, responsable du Domaine du Mas D’Intras, en Ardèche.

« Je travaillais les mains dans la chimie… »

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERADenis Robert est vigneron, comme son père, et dirige le Mas d’Intras, en Ardèche (23 hectares de vignes situées à Valvignières, au sud de l’Ardèche)  depuis 1986 et la fin de ses études viticoles à Beaune, avec son cousin Sébastien Pradal.

Les sulfites et autres ingrédients ajoutés au vin, les produits phytosanitaires sur la vigne, Denis Robert les a beaucoup utilisés. Il était « discipliné ».

Mais c’était avant. Avant le déclic.

Pourtant, il faisait comme ses parents, et comme on le lui avait enseigné au lycée viticole. Il parle de « formatage«  :

« Dans ce formatage, l’entourage joue aussi un rôle. Quand tu es bête et discipliné comme je l’étais, tu fais confiance à tes aînés. Ces derniers m’assuraient que le chimique était anodin : pourquoi ne pas les écouter ?

Voilà comment je me suis retrouvé à projeter de l’arsenic sur mes vignes, comme nombre de vignerons à l’époque », raconte-t-il dans une interview à www.article11.info.

vin-viticuleurPourtant, les doutes s’installent sur l’utilité d’autant de pesticides et de produits ajoutés. Il a commencé à porter un masque, puis à mettre un filtre sur son tracteur. Sans succès. Jusqu’au jour où il déclenche une très violente allergie qui l’oblige à rester sous cortisone pendant plus d’une semaine.

 « Une autre manière de fonctionner… »

« J’ai alors pris conscience, peu à peu, qu’il existait d’autres manières de fonctionner. Je me souviens d’une discussion avec un copain vigneron qui n’utilisait jamais d’insecticides ni de désherbants. Après avoir goûté un de mes vins pas encore mis en bouteille, un Cuvée d’Alphonse 1999, il s’est étonné que je veuille le filtrer (pour éviter les dépôts) et ajouter de la gomme arabique (pour la couleur), ainsi qu’un peu d’acide métatartrique (contre le dépôt de tartre).

viticulteur bio

Il n’en démordait pas : « Ton vin est bon comme il est ! Il n’y a rien à ajouter ! » Je l’ai pris au mot. Après coup, je me suis senti beaucoup mieux, d’autant que le vin était bon. J’ai alors décidé de systématiser cette façon de faire, de ne plus utiliser de produits chimiques dans mes vins et, petit à petit, d’en faire autant sur mes vignes », explique-t-il encore sur www.article11.info.

Il raconte aussi que les premières années sans ces produits furent un défi. Pas facile de trouver un équilibre avec les vignes et pour le vin ! Son père « s’arrachait les cheveux »… La fermeture du Mas d’Intras a même failli avoir lieu. Mais il a tenu bon et a continué à trouver ses marques, avec moins – beaucoup moins – de produits chimiques. Le passage de la vigne en bio s’est fait en 2012.

Ce que Denis Robert a enlevé  :

Sur la vigne :

– les herbicides – remplacés par des labours un rang sur deux et qui passent sous le rang de vigne.

– les amendements chimiques – remplacés par des amendements biologiques (marc de raisin composté).

– les traitements phytosanitaires – remplacés par soufre (autorisé en bio) et des produits à base de plante pourmoins utiliser du cuivre (autorisé en bio), pulvérisés avec une machine de haute précision (le Turbocoll).

Sur le raisin

– une récolte à l’aveuglette et parfois trop précoce – remplacée par des récoltes ciblées par parcelle avec des raisins murs à point

Dans le vin

  • acide métatartrique
  • acide ascorbique
  • gomme arabique
  • collage (pour les vins rouges) – de temps en temps, quitte à ce qu’il fasse un dépôt naturel
  • filtration (pour les vins rouges) — de temps en temps, quitte à ce qu’il fasse un dépôt naturel
  • acide citrique
  • sulfites – le moins possible et de moins en moins.

fleche-sous les eauxC’est donc un travail d’ensemble, très en amont, sur la vigne, sur les raisins et enfin sur la fabrication du vin que le processus de changement est mis en oeuvre.

Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Découvrez tous mes conseils nutrition et diététique pour une alimentation plus saine au quotidien

Aucun commentaire, soyez le premier à réagir Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis