Mais où est donc passée l’écologie dans la campagne présidentielle de 2017 ? Malgré la gravité de la situation, les accords historiques de Paris en 2015 et l’intérêt des français pour le sujet (39 % se déclarent « très sensibles » à l’environnement), l’écologie est restée confinée à son statut de « question de bobos ». Quel diagnostic peut-on donc tirer de ces élections ? Décryptage avec La Fabrique Ecologique.
Des décisions écologiques difficiles à prendre
On l’a vu avec la question du glyphosate, les prises de décisions politiques sur l’écologie restent difficiles en France. Du coup, les multiples initiatives prises par les citoyens, les collectivités locales, les entreprises, la société civile peinent à se démultiplier et à se généraliser, faute d’un cadre national suffisamment cohérent et efficace.
Illustration bannière : Les électionsde 2017 – © Alexandros Michailidis Shutterstock
Les enjeux environnementaux traversent la société mais manquent d’une traduction claire sur le plan politique. Résultat : les élections de 2017 ont été marquées par une triple rupture pour l’écologie : une rupture politique, électorale et médiatique.
La triple rupture de 2017
Une rupture dans l’offre politique d’abord. Depuis 1974, il y avait toujours eu un candidat étiqueté d’une manière ou d’une autre « écologiste » aux élections présidentielles. L’année 2017 marque un coup d’arrêt avec le retrait de Yannick Jadot au profit du candidat PS.
Autre grande nouveauté, deux candidats susceptibles d’atteindre le deuxième tour placent l’écologie comme un des éléments structurants de leur démarche. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon qui ne sont malheureusement jamais parvenus à imposer ce thème dans la campagne. Enfin, 2017 est aussi marquée par l’absence quasi-totale de positionnement écologiste du candidat de la droite républicaine.
Une rupture électorale ensuite. Les sympathisants de l’écologie se sont davantage abstenus. Seulement 66 % sont allés voter en 2017, contre 81 % en 2012. Leurs suffrages se sont répartis sur Jean-Luc Mélenchon (39 %), Benoît Hamon (24 %) et Emmanuel Macron (22 %). L’écologie a échoué à être un déterminant du vote, ne parvenant pas à élargir l’électorat sur ce thème au-delà des seuls sympathisants.
Une rupture médiatique enfin. Jamais on n’a aussi peu parlé d’écologie dans la campagne électorale. Sur la période du 10 octobre 2016 au 6 mai 2017, le journal télévisé de TF1 n’a accordé au thème de l’environnement que 2 minutes de visibilité, sur 247 minutes pour l’ensemble des enjeux traités sur le fond. Seuls quelques thèmes réussissent à émerger.
Celui du nucléaire par exemple. Mais dans l’ensemble, l’environnement ne fait clairement pas partie des sujets d’intérêt de nombreux journalistes suivant les campagnes électorales. La plupart des « élites » médiatiques, comme d’ailleurs politiques, considèrent en réalité qu’il s’agit d’un sujet de long-terme peu déterminant dans une élection et éloigné des préoccupations quotidiennes, ce qui est pourtant faux.
Et maintenant, la construction d’un récit écologique
L’année 2017 est donc synonyme de nouveau départ pour l’écologie politique en France. Il n’y a pas de raison de croire qu’elle ne puisse pas un jour être au coeur d’une élection présidentielle, dessinant un nouveau clivage face au productivisme. Pour cela, il est nécessaire de repartir sur de bonnes bases.
Il s’agit d’abord de parler du fond, des priorités et des propositions, avant de se pencher sur la forme politique et le leadership. Il s’agit ensuite d’ancrer clairement l’écologie sur des valeurs humanistes. Cela suppose d’engager une réflexion éthique approfondie, mettant davantage en évidence notre relation intime avec le milieu vivant.
Il s’agit également de mettre en avant des causes identifiées, simples et fédératrices afin de construire un récit écologique français. Les gens votent pour de grands systèmes de valeurs, qui doivent être incarnés par des propositions, mais lors de la campagne électorale, ces propositions ne sont là que pour incarner une vision.
L’importance de la proximité et des solutions locales doit aussi être soulignée. Il s’agit enfin d’admettre que l’écologie soit co-construite et non décidée par un groupe restreint ou en dehors de l’avis de la population.
C’est bien pour cela que macron 1er a mis hulot à ce poste plutôt qu la dame du Poitou qui lui aurait pourri la vie, hulot béni oui oui, un pot de fleurs sur le coin d’un bureau