Locavore jusqu’au bout : du fromage à partir de bactéries du nez

Rédigé par Alan Van Brackel, le 5 Dec 2013, à 16 h 16 min
Locavore jusqu’au bout : du fromage à partir de bactéries du nez
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Sur consoGlobe, on vous dit toujours de consommer local et de saison. Mais on peut aller plus loin comme le prouve cette expérience de chercheurs, portant sur la fabrication de fromage à partir de bactéries du corps humain.

Le nouveau locavore prélève des bactéries de son nombril

L’idée n’est pas particulièrement ragoûtante mais elle a fait parler d’elle grâce à un projet présenté en Irlande. Plus exactement à Dublin, dans le cadre de l’exposition intitulée Grow your own… Life after nature, soit en français Cultivez vous-même… la vie d’après la nature, qui explore la biologique synthétique.

grow-your-own-life-after-natureParmi d’autres projets plus fous les uns que les autres, une retient particulièrement l’attention, à la fois par dégoût et par curiosité : la fabrication de fromage à partir de bactéries du corps humain.

fleche-suiteAprès tout, ne parle-t-on pas de fromage pour certaines sécrétions du corps ? Ne dit-on pas que les pieds sentent le fromage ? …et ce dans plusieurs langues, dont l’anglais. Ni une ni deux, deux scientifiques ont pris cette idée au mot et ont décidé de mener le projet « Selfmade » (fait maison) à terme.

Du fromage fait maison

fromage-bacteries-corps-humain-01La fabrication du fromage n’est pas très compliquée : on prend des bactéries et on leur fait digérer du lait. Tadam ! on obtient un fromage.

Le projet menée par la biologiste américaine Christina Agapakis et la chimiste et artiste norvégienne Sissel Tolaas est donc simple : utiliser des bactéries du corps humain et fabriquer ainsi de nouveaux fromages. Les bactéries utilisées proviennent de divers endroits du corps : le nez, les aisselles, le nombril ou le dessous des pieds. Plusieurs personnes ont été mises à contribution, dont le journaliste américain Michael Pollan, également écrivain et locavore convaincu.

Non seulement le processus fonctionne mais, selon les chercheuses, il fonctionne même très bien.

A chaque fromage une odeur

Selon les chercheuses, « plus un fromage sent fort, plus il est bon« . Cette idée les a intriguées et leur a donné l’idée de comparer les odeurs des fromages obtenus par cette méthode. Et si nous souhaitons généralement que notre corps ait l’odeur la moins marquée possible, l’idée était là de comparer les odeurs des fromages obtenus en espérant qu’elles soient significatives.

fleche-suiteEn comparant les onze fromages obtenus, les chercheuses ont déterminé deux choses : non seulement chaque fromage a son odeur propre mais celle-ci rappelle souvent celles de la partie du corps où les bactéries avaient été prélevées.

fromage-bacteries-corps-humain-02Rien de surprenant et Christina Agapakis a ainsi expliqué au magazine Dezeen : « Ce n’est pas une surprise que les odeurs de fromage et les odeurs corporelles sont parfois identiques. Ce qui nous a surpris, en revanche, c’est qu’ils ont en commun de nombreuses molécules odorantes et une population microbienne similaires. »

Du fromage à partir des corps ?

Si l’exposition présente les fromages et reste focalisée sur l’odeur, se pose la question du futur. Les chercheuses ont juste goûté leurs créations, de toutes petites portions de fromages jeunes qui « ont le goût de fromage« .

etoile143Mais a priori pas de futur culinaire pour ces fromages : « Pour paraphraser Claude Lévi-Strauss, ce ne sont pas des fromages à manger mais à penser« . Les fromages devraient donc rester, pour l’instant du moins, au stade de projet artistique : « Nous souhaitions que les gens réfléchissent à leur corps et aux microbes d’une nouvelle manière, de manière à considérer comment un contexte différent peut former notre compréhension et nos émotions à propos des bactéries« .

Les chercheuses soulignent également que le corps a « beaucoup de ressources inexploitées« . Après l’exposition, l’expérimentation continue.

Regardez le processus de création des fromages (audio en anglais) :

 

Pour les plus curieux d’entre vous, et si vous avez l’occasion de vous rendre à Dublin pour renifler ces drôles de fromage, l’exposition Grow your own… Life after nature a lieu à la Science Gallery du Trinity College de Dublin. Bon appétit.

Plus d’informations en anglais sur : https://dublin.sciencegallery.com/growyourown

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Je réagis

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Chercheur dans l'âme, partagé entre l'Europe et les Etats-Unis. Parmi ses passions la musique, la photographie, et les différentes cultures du monde, Alan...

9 commentaires Donnez votre avis
  1. C’est après très instructif et je tiens personnellement à apprécier les efforts. Nous traitons également dans la même industrie donc trouvé cette information à ajouter à notre processus aussi. Encore une fois merci fo

  2. Euh… sans vouloir dégoûter les commentateurs sensibles, certaines levures et bactéries servant à la fermentation du lait vivent naturellement… dans les intestins.

  3. Quelle horreur ! Mais que va-t-on encore inventer !

  4. Quelle horreur ! Mais que va-t-on encore inventer ?

  5. qu’elles sont les avantages et les inconvénients de ces fromages sur la santé?; qu’elle est le nom de ces bactéries?; ces fromages ont-ils un avantage industrielle (coût, production). » Envisagez-vous un projet dans ce sens »(très dégoûtant)

  6. pourquoi pas des bactéries anales pendant qu’on y est ????
    Si c’est tout ce que consoglobe trouve comme sujet, il vaudrait mieux fermer la boutique !

    • Bel exemple d’ouverture d’esprit. C’est une expérience, c’est tout, c’est plutôt intéressant je trouve (bien que dégoûtant). Vous dites ça mais vous n’avez aucune idée de ce que vous avalez, pas vrai ? on n’est pas loin des bactéries anales avec nos industries alimentaires…

  7. ah non!!!!!cela va me degouter du fromage

  8. j’ai failli gerber…. heureusement que depuis bientôt 7 ans j’ai arrêté les produits laitiers… ça me fera une excuse…

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