Selon un récent rapport de la Commission européenne, l’aquaculture peine à se développer dans l’Union européenne mais plus particulièrement en France. Comment l’expliquer ?
Aquaculture en France : la production en régression
L’aquaculture serait à la traîne en France. C’est en tout cas ce que révèle la Commission européenne dans un rapport. Selon ses informations, 207.000 tonnes de denrées aquacoles ont été produites en 2015 en France. 154.000 tonnes sont des mollusques, essentiellement des huîtres (76.600 tonnes) et des moules (75.000 tonnes). On utilise ce terme d’aquaculture pour parler de la culture d’organismes aquatiques en milieu fermé.
La France est le premier producteur d’huîtres en Europe et le troisième de moules après l’Espagne et l’Italie.
Ces chiffres paraissent importants, pourtant, la France semble un peu moins dynamique que l’Espagne et le Royaume-Uni. Entre 2005 et 2014, la production française de denrées aquacoles a en effet chuté de 17 % en volume. Mais comment l’expliquer alors même que la demande explose ? Il semblerait que l’épidémie qui a fait des ravages dans les parcs à huîtres en 2013 ainsi que la mortalité inexpliquée des moules ces dernières années en Vendée et en Charente-Maritime, soit une partie de l’explication.
Aquaculture : la production des pays de l’Union européenne ne décolle pas
Même constat du côté des élevages de poissons. La consommation de poissons issus de l’aquaculture a dépassé celle des poissons issus de la pêche, mais là encore la France peine à se développer aussi bien que ses voisins européens. Les Français qui raffolent de la truite, depuis que le saumon est devenu trop cher, seraient très heureux de consommer de la truite française mais les 37.000 tonnes ne sont pas suffisantes.
La production n’a pas augmenté face à la demande et c’est bien dommage car le manque à gagner est immense. Selon la Commission européenne, la production mondiale ne cesse d’augmenter, de près de 7 % par an, alors qu’au sein de l’Union européenne la production globale est restée plus ou moins constante en volume depuis 2000. Mais comment faire pour débloquer la situation ?
Comment débloquer la situation ?
Quand on interroge les professionnels, ils répondent que les volumes n’augmentent pas en raison notamment, de blocages administratifs. En effet, les textes qui réglementent l’aquaculture sont peu nombreux et pas toujours très clairs. Les ostréiculteurs et les éleveurs souhaitent donc une clarification de la réglementation qui leur permettrait d’augmenter leur production et de mieux répondre à la demande des consommateurs. Dans la ligne de mire des producteurs également : certains défenseurs du littoral qui s’opposent aux projets aquacoles, souvent jugés polluants et contraire aux pratiques responsables.
Un nombre important de particuliers souhaiteraient également construire chez eux des bassins d’élevage mais se trouvent confrontés à ces obstacles administratifs. À l’occasion des assises de la pêche et des produits de la mer, qui se sont déroulées à Quimper, une table-ronde intitulée « Accès aux sites aquacoles : le parcours du combattant« a justement abordé ces problématiques.
La profession n’est pas pessimiste pour autant. Les choses seraient en train de bouger. Ces dernières années, certaines préfectures ont rédigé des schémas régionaux de développement de l’aquaculture marine (SRDAM). Par ailleurs, un plan stratégique national pluriannuel de développement de l’aquaculture pour 2014-2020, adopté en 2015 par la France, prévoit un soutien financier au développement durable de l’aquaculture de 120 millions d’euros.