Tous les animaux ont une capacité d’adaptation plus ou moins grande ou limitée selon leurs caractéristiques de départ. Les abeilles sauvages et les insectes en règle générale, font face à une mutation incroyable de leur environnement par notre faute… et s’adaptent autant que faire se peut.
Comment les abeilles sauvages font-elles leurs nids ?
Les abeilles sauvages ne vivent pas en groupe donc, contrairement aux abeilles domestiques qui peuvent vivre ensemble jusqu’à 60.000 individus dans une seule ruche. C’est d’ailleurs en opposition à ces colonies d’abeilles domestiques que l’on appelle les abeilles sauvages abeilles solitaires.
Il existe environ 20.000 d’espèces sauvages à travers le monde, 90 % d’entre elles sont dites « solitaires » et 30 % font des nids d’abeilles qui ne sont pas dans le sol. Ce sont ces dernières qui nous intéressent ici.
Ces abeilles cherchent des endroits sous forme de tubes, que ce soit dans des plantes à tiges creuses comme les ronces, les bambous ou le sureau noir ou encore dans des cavités qui ont les mêmes caractéristiques. Pour faire leur nid, dès que quelque chose ressemble à un tube un minimum protégé et isolé, cela intéresse les abeilles sauvages !
Un besoin d’operculer le nid
Enfin, et c’est là le coeur du propos de cet article, les abeilles vont pondre leurs oeufs dans ce tube devenu nid. Elles vont ainsi au fond du tube (elles ne créent pas de fond, c’est un de leur besoin de base, qu’il y ait déjà un mur au bout du tunnel), déposent un oeuf à côté duquel elles vont déposer de la nourriture (la plupart du temps du pollen et du nectar) puis elles vont fermer cette partie du nid.
Pour fermer cette « cellule » chaque espèce a ses petites habitudes. Certaines utilisent de la terre (et parfois même pas n’importe quelle terre), d’autres utilisent des pétales de fleurs mâchonnées, de l’herbe mastiquée et bien d’autres matériaux présents dans la nature.
Que s’est-il passé en Argentine ?
Des chercheurs de l’Institut national argentin de technologie agricole ont étudiés 63 nids artificiels(1) qu’ils avaient au préalable disposés dans des champs de chicorée pour quantifier et qualifier le travail et la présence des abeilles sauvages quelles qu’elles soient.
Mais dans leurs résultats ils ont trouvé un nid entièrement operculé en plastique. Si ce n’est pas la première fois que l’on trouve, en Amérique du nord, des cellules réalisées en plastique par des abeilles, c’est par contre la première fois que l’on trouve un nid entièrement réalisé avec cette drôle de matière.
Cette découverte soulève beaucoup de questions et montre également qu’il est plus que jamais nécessaire de réaliser des suivis mondiaux des espèces pour mieux comprendre autant leur fonctionnement que notre impact sur leur développement et leur survie.
Quelles conséquences possibles ?
Difficile à dire… De prime abord la chose est choquante car le plastique n’est pas, et de loin, un matériau naturel, mais encore faut-il arriver à définir quel est l’impact de l’utilisation du plastique par ces abeilles sur leur progéniture. Dans ce cas précis une cellule n’a pas été achevée, une autre était vide la jeune abeille s’étant envolée et la troisième et dernière cellule renfermait une jeune abeille morte.
A contrario des a priori quant à l’utilisation de cette matière, peut-être est-ce là un bon signe malgré tout. Un bon signe parce que cela peut représenter une réelle capacité d’adaptation de ces abeilles face à notre incapacité actuelle à régler comme il se doit la problématique des déchets plastiques.
Est-ce que cela risque de diminuer le taux de survie des jeunes ? Est-ce que l’utilisation du plastique va permettre à ces abeilles de développer un avantage par rapport à leurs congénères ? Les questions sont nombreuses et représentent un nouveau défi à relever.