75 % de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs. L’abeille est donc un insecte particulièrement utile dans la chaîne alimentaire. Elle souffre pourtant de multiples maux. Insecticides, frelon asiatique, monocultures… menacent les essaims, et les apiculteurs ont bien du mal à maintenir à flot leurs populations d’abeilles. On a découvert une nouvelle menace qui pouvait mettre à mal ces insectes pollinisateurs : la canicule.
En cas de canicule, les abeilles se donnent la mort
Saviez-vous que les abeilles pouvaient se suicider ? C’est apparemment ce qui arrive lorsque les températures sont trop élevées et deviennent insupportables pour les abeilles. Elles parviennent à auto-expulser leur abdomen ; on dirait alors que les abeilles ont littéralement explosé. « Elles ont un endophallus qui peut sortir et qui est à peu près de la taille de leur abdomen. C’est assez extrême », remarque Alison McAfee, qui a réalisé une étude sur la surmortalité des abeilles en période de pic de chaleur à l’Université de Colombie-Britannique au Canada(1).
Les apiculteurs peuvent perdre jusqu’à la moitié de leurs essaims
Une ruche régule d’elle-même sa température. C’est un lieu modérément chaud où règne une température stable de 35°C. Lorsque les températures augmentent, les abeilles domestiques connaissent un tel stress qu’elles meurent. « On sait qu’après six heures à 42°C, la moitié des abeilles va mourir de chaleur. Les plus sensibles vont périr au bout de deux ou trois heures », a relevé Alison McAfee. Une surmortalité particulièrement observée dans les ruches des petits apiculteurs en cas de pic de chaleur.
La canicule pose également problème aux reines : la chercheuse a remarqué qu’elles s’accouplaient moitié moins en cas de grosses chaleurs ; ce qui peut à terme peser sur la survie de l’essaim. La surmortalité des abeilles peut en outre peser sur la diversité génétique de l’essaim, ce qui entraîne aussi à long terme une résistance immunitaire plus faible. Un cercle vicieux difficile à résorber.
Des solutions pour éviter la surmortalité des abeilles
Alison McAfee a étudié plusieurs solutions qui pouvaient éviter la disparition des abeilles. Un des enjeux consiste à refroidir les ruches. En mettant des couvercles de polystyrène sur le dessus des ruches, leurs températures baissent en moyenne de 3,5°C, ont constaté McAfee et son équipe.
Une autre solution consiste à amener près des ruches un récipient d’eau sucrée. « Les abeilles vont naturellement aller chercher de l’eau pour la ramener à la ruche, et la ventiler avec leurs ailes pour faire baisser la température. Le fait que l’eau soit sucrée les motive à en ramener plus rapidement », explique McAfee.
Des solutions qui, on l’espère, pourront ralentir la surmortalité des abeilles en cas de pic de chaleur. Toutefois, les épisodes de canicule de plus en plus fréquents risquent de mettre à mal les essaims partout dans le monde.
Des abeilles qui n’en demandaient pas tant. D’après une étude de Greenpeace(2), les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % entre 1985 et 2005 en Europe. Les services rendus par les abeilles sont estimés à 256 milliards de dollars dans le monde. Il est temps d’enrayer la disparition des abeilles, au risque de souffrir de graves problèmes alimentaires.