Alors que la parole des femmes s’est libérée l’année dernière et qu’elles ont dénoncé massivement les violences obstétricales et gynécologiques qu’elles subissent fréquemment, l’OMS a publié une série de nouvelles lignes directrices destinées aux praticiens. L’objectif ? Placer la mère au coeur des décisions qui sont prises durant son accouchement.
Des accouchements plus personnalisés et moins médicalisés
Dans un communiqué de presse publié en février 2018, l’OMS a plaidé en faveur d’un accouchement moins médicalisé et plus respectueux des femmes(1). Ainsi, ses nouvelles lignes directrices comprennent 56 recommandations (26 nouvelles et 30 déjà existantes) concernant les soins intrapartum, c’est à dire délivrés au moment de l’accouchement.
Limiter les interventions médicales inutiles
Selon l’institution onusienne, depuis 20 ans, les praticiens ont multiplié les interventions inutiles voire dangereuses pendant l’accouchement. Elle pointe du doigt notamment la perfusion d’ocytocine administrée pour accélérer le travail ou encore le recours à la césarienne parfois encore systématique.
Pourtant, 140 millions de mises au monde se déroulent chaque année et pour la plupart, sans complication pour la mère et l’enfant. Alors, si le travail progresse normalement et que l’enfant va bien, aucune intervention supplémentaire n’est nécessaire, rappelle l’organisation de la santé.
Dans ses recommandations, elle a également appelé à supprimer la référence d’un centimètre de dilatation par heure pour identifier la progression normale du travail. En effet, ce rythme est peu réaliste et trop rapide pour certaines femmes. Un rythme inférieur à 1 cm par heure ne devrait donc pas être une raison suffisante pour une intervention obstétricale. Quant à l’expression abdominale encore souvent pratiquée, elle n’est pas non plus recommandée par l’OMS.
Veiller au bien-être et au confort des futures mamans
Les nouvelles recommandations de l’OMS invitent également le personnel soignant à veiller au bien-être et au confort des futures mamans.
Ainsi par exemple, il est recommandé de laisser la femme choisir librement la position dans laquelle elle se sent le mieux, qu’elle soit sous analgésie péridurale ou pas.
De plus, chez les femmes à faible risque obstétrical, un toucher vaginal toutes les 4 heures est largement suffisant.
Il est également préconisé de laisser la future maman boire et manger pendant la durée de son accouchement si elle ne présente pas de risque obstétrical particulier, contrairement à ce qui se pratique encore aujourd’hui dans certaines maternités.
Pour gérer la douleur, les massages, l’application de compresses tièdes ou les techniques de relaxation doivent être permises et encouragées pour les femmes qui le souhaitent.
Davantage de bienveillance envers toutes les femmes
De manière générale, l’OMS plaide pour davantage de bienveillance envers toutes les femmes. Les recommandations prévoient notamment que la femme bénéficie de l’accompagnement de la personne de son choix pendant l’accouchement et la naissance.
Il est également rappelé qu’il est souhaitable que la communication se fasse de manière efficace entre les prestataires de soins et les femmes enceintes afin que ces dernières puissent prendre leurs décisions en toute connaissance de cause.
L’OMS insiste aussi sur la nécessité de délivrer des soins respectueux qui préservent la dignité, l’intimité et la confidentialité des futures mamans.
« Dans beaucoup d’établissements de soins, il arrive que des soins irrespectueux et sans considération pour la dignité de la personne soient dispensés, ce qui représente une violation des droits de l’Humain, et dissuade les femmes de s’adresser aux services médicaux pendant l’accouchement », rappelle l’OMS dans son communiqué.
Une naissance en douceur pour les bébés
Dans les nouvelles lignes directives de l’OMS, certaines recommandations concernent aussi les soins apportés au bébé.
Le clampage tardif du cordon ombilical est notamment recommandé pour une meilleure santé de la mère et du nourrisson. À l’inverse, l’aspiration de la bouche et du nez ne devrait pas être pratiquée si le bébé a respiré spontanément après la naissance.
Quant au bain, il devrait être reporté systématiquement au moins 24 heures près la naissance. En effet le rôle protecteur du vernix, cette fine pellicule blanche qui recouvre la peau du bébé, a déjà été largement démontré. De plus, son système de thermorégulation est encore immature, ce qui lui fait perdre beaucoup de chaleur lorsque le bain est donné prématurément.
Enfin, le peau à peau et l’allaitement maternel font également partie des recommandations de l’OMS.
L’OMS et l’UNICEF ont récemment publié de nouvelles orientations comprenant 10 mesures pour favoriser l’allaitement maternel. Elles encouragent ainsi les mères à allaiter exclusivement au sein pendant 6 mois et au moins jusqu’aux 2 ans de leur enfant, en complément d’une alimentation équilibrée.