Avant même que le Premier ministre Édouard Philippe n’ait confirmé la décision, les autorités locales et le président du syndicat mixte aéroportuaire (SMA) Philippe Grosvalet, ont annoncé l’abandon du projet controversé. À la place, l’actuel aéroport Nantes-Atlantique sera réaménagé.
Après 50 ans de polémiques, l’aéroport de Notre-Dame-des Landes ne verra pas le jour
Embourbé durant de très longues années, le projet d’aéroport du Grand-Ouest avait été lancé dans les années 1960, tombé dans l’oubli durant la crise pétrolière, puis relancé en 1999. Prévu sur une zone de 1225 hectares de campagne inhabitée, il a créé une réelle division entre partisans du pour, pour qui il devait servir à désengorger l’aéroport de Nantes, à ouvrir la Bretagne à l’international et à créer de l’emploi local, et les partisans du contre qui y voyaient eux, un gaspillage inutile de fonds (561 millions d’euros) et un mépris des directives environnementales.
La suite relève d’un véritable feuilleton, avec près de 170 décisions de justice sur ce dossier. Alors qu’un référendum local avait légèrement fait pencher la balance dans le sens du « oui » en 2016 ( 55 % des voies), la lutte contre le projet n’a jamais faibli et les zadistes, installés dès 2008, ont continué d’occuper les lieux en toute illégalité.
Mais la journée du 17 janvier 2018 pourrait bien marquer la fin de cette saga qui aura tenu la France en haleine depuis si longtemps.
« Instruit du dossier, et en accord avec le président, le gouvernement a pris sa décision. Les conditions ne sont pas réunies pour la construction de cet aéroport. Les grands projets qui ont réussi se sont tous réalisés parce qu’ils étaient largement portés par la population. Notre-Dame-des-Landes, c’est l’aéroport de la division. Le projet sera donc abandonné. Cette décision est logique au regard de l’impasse dans laquelle se trouve le dossier. Cette décision est sans ambiguïté. Les terres retrouveront leurs vocations agricoles. C’est une décision d’apaisement, qui doit conduire à un nouveau départ », a déclaré le Premier ministre à l’issue du Conseil des ministres.
#NDDL Une décision responsable – enfin ! – après un processus de médiation exemplaire. Une décision qui récompense des années de résistance locale, d’expertise citoyenne et de mobilisation nationale. Après la responsabilité doit suivre l’apaisement ! #acipa #cedpa
— Yannick Jadot (@yjadot) 17 janvier 2018
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Afin de pallier aux problèmes de transport, la piste de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique sera allongée et le terminal modernisé.
Le Premier ministre a également annoncé vouloir mettre « fin à la zone de non-droit sur le site » et laisse aux occupants de la ZAD « jusqu’au printemps » pour évacuer les lieux.
Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, a d’ailleurs déclaré : « Je salue à l’occasion de cette victoire historique la résistance d’un demi siècle des habitants et paysans bretons et nantais et depuis quelques années des zadistes contre un projet d’aéroport qui menaçait de détruire 1.650 ha de terres agricoles et de zones humides. Présente à tous les grands rassemblements depuis des années dans le bocage nantais, je demande au Président de la République de ne pas vouloir compenser sa réaliste décision de renoncement à ce projet d’aéroport par une expulsion violente de la ZAD dans les prochaines semaines qui pourrait entraîner des morts. Laissons ceux qui se sont installés là poursuivre leur expérience de transition écologique et laissons partir sur d’autres sites de grands projets inutiles (car malheureusement il y en a) les autres.
En effet, l’enterrement de ce funeste aéroport ne doit pas s’accompagner de l’enterrement des alternatives nées dans le bocage nantais qui doit rester une terre d’inspiration et d’espoir, nourrie par l’idée des biens communs, les solidarités et le soin du vivant« .
De même, la Fondation pour l’Homme et la Nature (FNH) se réjouit de la décision du gouvernement et demande une solution pacifique et constructive concernant la ZAD.
Quid du coût de cet abandon ?
Le PDG du groupe de BTP Vinci, Xavier Huillard, avait déclaré mardi qu’aucune discussion sur une compensation en cas d’abandon du projet n’était à l’ordre du jour.
Affaire à suivre dans les prochains jours, donc…
Illustration bannière : Avio – © frank_peters
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