Ce sont des victimes inattendues de la pandémie de Covid-19 : les animaux sauvages, notamment les rhinocéros.
Braconnage : de plus en plus d’incidents
La pandémie n’épargne pas non plus l’Afrique. Là aussi, les populations se retrouvent confinées pour une durée indéterminée. Quant au tourisme, il a littéralement cessé du jour au lendemain pour les mêmes raisons sanitaires.
Mais le confinement ne concerne pas les animaux sauvages… ni les braconniers visiblement. À commencer par les rhinocéros, victimes collatérales de cette épidémie de coronavirus. Si le rhinocéros noir a déjà disparu d’Afrique de l’Ouest, les autres sont constamment menacés.
En Afrique du Sud et au Botwsana, de plus en plus d’incidents anormaux ont été constatés par les défenseurs de la faune sauvage. Ainsi, en Afrique du Sud, l’organisation Rhino 911, qui se consacre au transport d’urgence par hélicoptère des animaux en détresse, recense près d’un incident par jour lié au braconnage de rhinocéros.
Le rhinocéros, revendu à prix d’or
En effet, les braconniers profitent en toute liberté du confinement généralisé pour oser se rendre dans des zones habituellement très fréquentées. Des zones normalement considérées comme sûres pour les animaux sauvages.
Au Botswana, on a d’ores et déjà constaté la mort de six rhinocéros du fait du braconnage, et neuf autres dans le nord-ouest de l’Afrique du Sud depuis le 23 mars dernier, début du confinement dans le pays.
Pourquoi un engouement aussi durable pour le fait de massacrer froidement cette espèce en voie de disparition ? Parce que ses morceaux se revendent toujours à prix d’or, à commencer par sa corne, qui vaut jusqu’à 55000 euros le kilo. Pourtant, l’an passé, l’Afrique du Sud avait réussi à réduire de 23 % le nombre de ses rhinocéros tués. Le confinement, et l’effondrement de l’économie touristique, pourraient bien changer la donne.
Un budget de protection en chute libre
Plus largement, la conservation de la faune sauvage se retrouve menacée par l’arrêt de toute activité touristique du jour au lendemain. En effet, en Afrique du Sud, la chute des revenus touristiques aurait pour conséquence directe un manque de financement pour toutes les mesures antibraconnage habituellement en vigueur. Si le budget des réserves gouvernementales ne dépendent pas du tourisme, celui des réserves privées utilisent les recettes du tourisme pour se protéger des braconniers.
Le problème est le même au Kenya : alors que les safaris sauvages représentent en temps normal l’équivalent d’un million d’emplois à travers le pays, tout s’est arrêté du jour au lendemain à partir de l’instauration du confinement début avril. La conservation de la faune sauvage a d’ores et déjà perdu la moitié de son budget de fonctionnement, issue habituellement de l’activité touristique. Dans la Tanzanie voisine, un tiers des gardes anti-braconnage se sont déjà vus annoncer la fin de leur contrat, faute de budget. Les animaux sauvages risquent de ne pas survivre à la pandémie de Covid-19.