Cela fait trois ans que la Commission Européenne souhaite réviser le règlement bio européen, pour, selon elle, mieux s’adapter « aux préoccupations des consommateurs et des producteurs« . Un objectif louable, mais les agriculteurs bio français ne sont pas de cet avis. Pour Etienne Gangneron, de la Chambre d’Agriculture, ce projet va même à l’encontre d’une « réassurance des consommateurs« . Les acteurs français de la bio se sont donc unis pour éviter de créer une bio européenne au rabais.
Trois lignes rouges inacceptables dans le nouveau règlement bio
Trois points sont considérés comme inacceptables de la part des agriculteurs bio français. Le premier est la baisse du niveau de contrôles : le nouveau règlement diviserait par trois le niveau de contrôles, alors qu’il s’agit d’un niveau de garantie important pour les consommateurs.
Le deuxième point concerne les contaminations aux pesticides : le nouveau règlement bio prévoit de laisser aux Etats-membres le choix de décider de ses propres seuils de déclassement (retirer la certification bio à un produit contaminé par les pesticides). Une mesure qui « ouvrirait une boîte de Pandore« , d’après les bio français.
Le dernier concerne l’agriculture en bacs qui serait autorisée par le nouveau règlement : elle « conduirait au développement d’une production biologique hors-sol, en contradiction manifeste avec le lien au sol et la rotation des cultures, deux fondements de la bio ».
Un statu-quo sur le nouveau règlement bio
Les ministres de l’Agriculture européens se sont réunis le 12 juin pour tenter d’avancer sur la révision de ce règlement. Une réunion qui a conduit au statu quo, au moins pour deux mesures controversées. La question des contaminations aux pesticides et la culture en bacs devrait être retirées du nouveau texte.
Des « demi-reculs » qui satisfont à moitié les acteurs de la bio. Ceux-ci craignent que le label bio, connu et apprécié des consommateurs, soit revisité au rabais et que « les détracteurs de la bio s’engouffrent dans cette brèche« .
Illustration bannière : Un paysan bio – © Panya_Anakotmankong
A lire absolument
Dans deux à trois ans, les seuls qui mangeront bio seront ceux qui cultiveront leur propre potager (graines bio, fertilisants bio, engrais bio et paillage bio) et ceux qui trouverons des produits français sous label biocohérence (si ce label arrive à survivre) !
Le reste seront des produits mi-bio mi-je-ne-sais-pas-quoi, mais vendus au prix du bio (évidemment !).
Un gros « foutage de gueule » du consommateur est en train se préparer !
En fait, il est evident que l’agriculture bio est la seule « vraie » agriculture. A ce titre ce sont les autres types d’agriculture (intensive, chimique, hors sol , etc) qui devraient porter le titre de « non conventionnelle ». Cela rendrait les débats beaucoup plus clairs.
Sur les 2 1ers points: contrôles et pesticides, je pense qu’il faut maintenir les exigences actuelles, sinon bio ne veut plus rien dire.
Par contre, le hors sol, pourquoi pas, si sans pesticides, ni engrais chimiques.
Concernant l »agriculture raisonnée », c’est justement un concept fumeux, qui ne correspond a aucun cahier de charges, juste un alibi.
Lae bio, c’est aussi une philosophie. Le hors sol va totalement à lencontre de cet etat d »esprit: respect du vivant, des saisons, de la nature.
À vouloir être toujours meilleurs que le voisin, on se retrouve seul et on crève.
Est-ce vraiment le souhait des agriculteurs bio? Ou celui que quelques ayatollahs en chambre?
C’est parce que les pouvoirs français ont rajouté systématiquement une couche législative supplémentaire aux directives européennes pour plaire à quelques bobos encartés que le bio est importé à 90%.
Sachons comme en toute chose savoir raison garder.
Si c’est du hors-sol, type aquaponie, sans produit chimique, ni pesticide, ni désherbant, ni traitement systémique, ni antibiotique pour les poissons, je ne vois pas où est l’empêchement d’un label bio!
Quand je vois les produits bios italien, espagnol et cie je passe mon chemin, déjà que pour moi bio ne veut rien dire parlons plutôt de culture raisonnée, c’est le terme le plus adapté a ce genre de produits
Tout à fait d’accord. Le bio, pour être bon pour la planète avant d’être bon pour nous, doit être cultivé localement. A quoi bon éviter des pesticides si on utilise du kérozène pour nous amener en plein hiver des cerises cultivées au Chili !!!
Culture raisonnée et circuits courts, voilà ce qui va nous sauver.
La culture raisonnée, peut effectivement être bien, si en fait, cela dépend de l’agriculteur qui peut mettre des pesticides, insecticides, engrais et OGM, si lui estime que c’est nécessaire…
A partir de là, c’est l’agriculture que l’on trouve dans tous les étals des magasins… parce que ce que l’on appelle l’agriculture raisonnée c’est exactement ça.
Je suis en amap bio et nous avons tout fait pour avoir d’excellents producteurs bio, autant en légumes, oeufs, poules, agneaux, boeufs, veaux, pains et farine, miel, que nous allons chercher nous-même une fois par an et qui est bio. Ils ont tous le label et tout est basé, en plus sur la confiance, cela fait 10 ans que nous avons les mêmes producteurs. En 2016, la saison a été moins bonne à cause du temps, nous avons fait avec…, mais pas question d’agriculture raisonnée, qui n’est en fait raisonnée que de nom. Nous discutons avec nos producteurs régulièrement, pour ne pas dire à chaque distribution. Nos producteurs sont à maximum 60km de chez nous, et nous sommes 80 dans notre Amap.
Nous cherchons d’autres produits et un producteur qui vient de mettre en place sa production, pourra commencer à nous fournir du poulet d’ici quelques mois. il est à 15km de chez nous. Son terrain et les bâtiments, sont les anciens bâtiments familiaux, et il y a 8 ans que plus rien n’étaient produits, car lui-même avait choisi le métier d’électricien. Pour lui c’est un retour aux sources et c’est d’autant plus facile que le terrain et les bâtiments existaient déjà. J’ai mis mon grain de sel dans la discussion, mais j’ai lu, il y a quelques jours que la commission Européenne voulait qu’il y ait des pesticides admis dans le bio… Alors là, pas d’accord… et nos producteurs ne sont pas d’accord non plus. Cordialement à tous