Ce retour en arrière survient malgré les critiques de la Fédération nationale d’agriculture biologique. Elle estime que le chauffage des serres va à l’encontre des principes bio dans le sens où cette pratique ne respecte ni la saisonnalité, ni l’impératif de limiter l’empreinte environnementale.
Serres chauffées : les agriculteurs bio auront cinq ans de plus pour en finir ave les énergies fossiles
Les producteurs de tomates et courgettes bio sous serre chauffée pourront continuer à utiliser des énergies fossiles jusqu’en 2030, a décidé le Conseil national de l’agriculture biologique (Cnab) le 11 juillet 2024. Cette décision prolonge le délai initial qui exigeait le passage aux énergies renouvelables d’ici janvier 2025. À noter que les installations construites depuis 2020 doivent déjà se conformer à cette exigence (par l’utilisation de la géothermie, de la biomasse ou de panneaux solaires), mais pas les installations plus anciennes, qui viennent donc de gagner quelques années supplémentaires pour opérer leur mue.
La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) critique vivement cette décision, pointant le manque d’efforts des producteurs pour se libérer des énergies fossiles, alors même qu’ils avaient cinq ans pour le faire. C’est d’autant plus étonnant que le nombre de producteurs concernés n’est pas très important : ils ne sont qu’une trentaine à continuer à utiliser ces énergies fossiles pour le chauffage de leurs serres. La Fnab insiste sur le fait que le chauffage des serres est incompatible avec les principes de l’agriculture biologique, car il perturbe la saisonnalité et contribue au changement climatique. Ils estiment que cette pratique compromet l’authenticité et la durabilité du label bio.
Des serres chauffées tout court, une aberration qui avait déjà dénoncée
Le contexte de cette décision remonte à juillet 2023, lorsque le Conseil d’État avait annulé une interdiction en vigueur depuis l’hiver 2019-2020. Cette interdiction, soutenue par les petits producteurs, empêchait la culture de légumes d’été bio sous serre chauffée hors saison. Le Conseil d’État a jugé que cette mesure n’était pas conforme au règlement européen sur la production biologique, qui n’interdit pas explicitement la culture sous serre chauffée. Et comme un État membre (en l’occurrence, la France) n’est pas en droit d’imposer des restrictions plus sévères que celles de l’Union européenne, les serres chauffées ont dû être autorisées.
Cette décision a été soutenue par la Fédération des producteurs de légumes de France et Felcoop, qui estimaient que l’interdiction créait une distorsion de concurrence défavorable aux producteurs français. En effet, les légumes bio cultivés sous serre chauffée en hiver seraient importés de pays voisins comme la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne, aggravant ainsi le déficit commercial français.
Malgré la satisfaction des gros producteurs agro-alimentaires, cette décision a été dénoncée par la Confédération paysanne ainsi que des associations de défense de l’environnement. Elles considèrent que ne pas respecter la saisonnalité des cultures est une aberration en agriculture, qu’elle soit conventionnelle ou biologique. Elles rappellent en plus que le cahier des charges de l’agriculture biologique exige une utilisation responsable de l’énergie et le respect des cycles naturels. Ces organisations avaient d’ailleurs récolté plus de 86.000 signatures en 2019 pour une pétition demandant l’interdiction des productions bio hors saison.
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