En finir avec les exploitations agricoles ultra-spécialisées pour mettre en place des exploitations universelles abritant tant des animaux de ferme que des cultures céréalières et maraîchères, tel est le modèle suggéré par une équipe de chercheurs afin d’assurer l’autonomie agricole de l’Europe.
Pour une exploitation agricole bio et auto-suffisante
Et si l’agroécologie était la réponse à la fois à l’urgence environnementale et à l’insuffisance de la production agricole ? C’est l’idée qu’avancent Gilles Billen (CNRS), Eduardo Aguilera et Rasmus Einarsson (Université polytechnique de Madrid) dans un article scientifique publié dans la revue One Earth(1).
Il s’agirait de mettre fin à la séparation de la culture et de l’élevage, d’arrêter avec les exploitations dédiées à l’un ou à l’autre, pour revenir à la polyculture qui a été largement abandonnée ces dernières décennies. Chaque bout de terre devrait servir à cultiver un éventail de légumes bio (avec des rotations tous les ans) et élever du bétail.
Les excréments et l’urine des bovins pourraient servir de fertilisant naturel ce qui optimiserait le recyclage des déjections animales. Ce dernier, couplé à une rotation annuelle (qui évite l’épuisement des sols), permettrait de se passer des engrais azotés. Les cultures plantées pourraient par ailleurs intégrer des légumineuses fixatrices d’azote.
#Communiqué 🗞️ | Selon une étude menée par des scientifiques du @CNRS, un système agro-alimentaire biologique et durable, respectueux de la biodiversité, pourrait être mis en place en Europe.
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— CNRS 🌍 (@CNRS) June 21, 2021
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L’agroécologie, la réponse à de multiples défis
Dans ce modèle, l’importation de fourrage depuis des pays lointains est exclu. Celui-ci serait produit localement, au sein même de l’exploitation. Ceci, afin de limiter à la fois les émissions de gaz à effet de serre liées au transport du fourrage et la déforestation (comme on le sait, au Brésil, le plus grand exportateur de soja, la forêt amazonienne est sans cesse décimée afin d’étendre toujours plus la surface cultivable, afin de nourrir le bétail).
Mais pour rendre ce modèle agricole viable, les Européens vont devoir (ré)apprendre à consommer différemment et diminuer leur consommation de viande de moitié !
Selon les chercheurs, en généralisant ce modèle agricole il serait possible de renforcer l’autonomie agricole de l’Europe, nourrir la population attendue en 2050 et même exporter des céréales en dehors de l’Europe. L’environnement aussi y gagnerait, avec une diminution de la pollution des eaux aux engrais azotés et une diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Une étude que la France devrait peut-être consulter tellement son projet pour la future PAC et la suspension de l’aide au maintien de l’agriculture bio semblent s’éloigner de ce schéma…
Illustration bannière : Redévelopper le système de polyculture-élevage, manger moins de viande et encourager le bio pour une Europe auto-suffisante d’ici à 2050- © Bennekom
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