Une agriculture européenne bio et autosuffisante, c’est possible dit le CNRS

Une adoption universelle de l’agroécologie permettrait de mettre fin à l’épuisement des sols et la déforestation, limiterait les émissions d’azote dans l’environnement et assurerait une alimentation diversifiée en quantité suffisante, affirme une équipe de chercheurs franco-espagnole.

Rédigé par Anton Kunin, le 23 Jun 2021, à 10 h 58 min
Une agriculture européenne bio et autosuffisante, c’est possible dit le CNRS
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En finir avec les exploitations agricoles ultra-spécialisées pour mettre en place des exploitations universelles abritant tant des animaux de ferme que des cultures céréalières et maraîchères, tel est le modèle suggéré par une équipe de chercheurs afin d’assurer l’autonomie agricole de l’Europe.

Pour une exploitation agricole bio et auto-suffisante

Et si l’agroécologie était la réponse à la fois à l’urgence environnementale et à l’insuffisance de la production agricole ? C’est l’idée qu’avancent Gilles Billen (CNRS), Eduardo Aguilera et Rasmus Einarsson (Université polytechnique de Madrid) dans un article scientifique publié dans la revue One Earth(1).
Il s’agirait de mettre fin à la séparation de la culture et de l’élevage, d’arrêter avec les exploitations dédiées à l’un ou à l’autre, pour revenir à la polyculture qui a été largement abandonnée ces dernières décennies. Chaque bout de terre devrait servir à cultiver un éventail de légumes bio (avec des rotations tous les ans) et élever du bétail.

Les excréments et l’urine des bovins pourraient servir de fertilisant naturel ce qui optimiserait le recyclage des déjections animales. Ce dernier, couplé à une rotation annuelle (qui évite l’épuisement des sols), permettrait de se passer des engrais azotés. Les cultures plantées pourraient par ailleurs intégrer des légumineuses fixatrices d’azote.

Lire aussi : L’agriculture biologique peut nourrir 9 milliards d’habitants en 2050, les scientifiques l’affirment

L’agroécologie, la réponse à de multiples défis

Dans ce modèle, l’importation de fourrage depuis des pays lointains est exclu. Celui-ci serait produit localement, au sein même de l’exploitation. Ceci, afin de limiter à la fois les émissions de gaz à effet de serre liées au transport du fourrage et la déforestation (comme on le sait, au Brésil, le plus grand exportateur de soja, la forêt amazonienne est sans cesse décimée afin d’étendre toujours plus la surface cultivable, afin de nourrir le bétail).

Schéma du scénario agro-écologique qui serait possible en 2050 © Gilles Billen / CNRS

Mais pour rendre ce modèle agricole viable, les Européens vont devoir (ré)apprendre à consommer différemment et diminuer leur consommation de viande de moitié !

Selon les chercheurs, en généralisant ce modèle agricole il serait possible de renforcer l’autonomie agricole de l’Europe, nourrir la population attendue en 2050 et même exporter des céréales en dehors de l’Europe. L’environnement aussi y gagnerait, avec une diminution de la pollution des eaux aux engrais azotés et une diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Une  étude que la France devrait peut-être consulter tellement son projet pour la future PAC et la suspension de l’aide au maintien de l’agriculture bio semblent s’éloigner de ce schéma…

Illustration bannière : Redévelopper le système de polyculture-élevage, manger moins de viande et encourager le bio pour une Europe auto-suffisante d’ici à 2050- © Bennekom
Références :
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Avec des rendements allant de 0% à 40% de l’agriculture conventionnelle, famines et disettes vont vite réapparaitre en Europe

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