Face à la Chine, l’Inde et au Brésil, mais aussi à certains de ses voisins européens, l’agriculture française cède inexorablement du terrain tant sur le plan des exportations que sur celui de la consommation intérieure
Alimentation : la France importe plus qu’elle n’exporte
L’agriculture, une carte de visite de la France ? Jadis, peut-être… Car si la production agricole française avait fortement progressé entre 1960 et 2000, depuis le début du siècle elle n’augmente guère(1). Cette réalité a une explication simple : notre pays se fournit de plus en plus à l’étranger. Près d’un fruit et légume sur deux consommés en France est aujourd’hui importé.
La mue est aussi à l’oeuvre sur le marché des produits laitiers, puisque la valeur des importations a été multipliée par deux entre 2005 et 2017. Dans la filière des volailles, les importations représentent 34 %, alors même qu’elles ne comptaient que pour 13 % en 2000.
Toutes filières confondues, les importations ont augmenté de 87 % depuis 2000. Quant aux exportations, elles progressent certes, mais leur rythme est bien moindre (+ 55 % sur la même période), d’où un déficit commercial de l’agriculture française.
Plus préoccupant, certaines denrées importées ne respectent pas les normes sanitaires en vigueur en Europe, ce qui expose la population à des risques pour la santé !
Des contrôles menés par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de l’Alimentation (DGAL) montrent qu’on peut « estimer qu’entre 8 et 12 % des denrées alimentaires ne respectent pas les normes européennes de production et sont susceptibles de porter atteinte à la sécurité sanitaire de nos concitoyens », notamment en ce qui concerne le thé de Chine, les piments de république Dominicaine ou encore les pistaches des États-Unis… Mais on trouve aussi des problèmes du côté des viandes et de la volaille fraîches, ainsi que des produits laitiers !
Le coût de la main d’oeuvre plombe la compétitivité de l’agriculture française
De grandes puissances agricoles comme le Brésil, l’Inde, la Chine et, dans une moindre mesure, l’Indonésie et le Vietnam, ont fait de l’ombre aux positions de l’agriculture française à l’international. Mais nos voisins européens ont eux aussi réalisé des progrès, au point de devancer l’Hexagone. Désormais, sur le marché agricole mondial, l’Allemagne et les Pays-Bas ont des parts de marché supérieures à celles de la France.
Pour les auteurs du rapport, cet état des choses a plusieurs explications. La surface agricole a chuté en France de 17 % depuis 1961, soit une perte de près de 60.000 km². L’agriculture française souffre aussi d’un manque d’effectifs. Il faut savoir qu’environ un tiers des exploitants ont 55 ans ou plus, et un grand nombre d’entre eux ont soit pris la retraite sans être remplacés, soit vont la prendre ces prochaines années.
Et les chiffres sont éloquents : si l’agriculture et l’alimentation représentaient près de 12 % de l’emploi total en 1980, elles n’en représentent que 5,5 % aujourd’hui. Enfin, le coût de la main d’oeuvre reste très élevé en France, comparé à ses voisins. En maraîchage, il est par exemple 1,7 fois plus élevé qu’en Espagne et 1,5 fois plus élevé qu’en Allemagne.
Quel rôle joue la transition agricole et alimentaire sur la place de la France dans les marchés mondiaux ? D’autres éléments sont sans doute à prendre en considération pour tempérer ce constat alarmiste. Car si l’agriculture française décline au niveau international, la surface des terres cultivées en bio a augmenté ces dernières années dans l’Hexagone tout comme l’engouement des consommateurs français pour des pratiques agricoles plus responsables ainsi que l’agriculture urbaine.
Illustration bannière : Tracteur dans un champs – © Ivoha
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