Les agrocarburants ont souvent été présentés comme étant LA solution pour limiter le réchauffement climatique. Théoriquement, il est vrai que ces biocarburants issus de plantes telles que la betterave, la canne à sucre, le colza ou le maïs représentent une réponse privilégiée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Entre engouement et scepticisme, la France s’est en tout cas très vite investie dans les agrocarburants. Actuellement, 49 usines en produisent :
- 20 dans la filière éthanol,
- 29 dans la filière Diester.
Mais un rapport d’expertise effectué en décembre 2008 par un groupe de chercheurs au ministère de l’Ecologie entraîne une vive inquiétude quant à l‘impact environnemental de ces biocarburants "propres" et remet en cause leurs vertus en matière de lutte contre le réchauffement climatique. De plus, le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité, qui avait réclamé une étude d’impact en 2006, voit ses craintes s’accentuer.
Les agrocarburants polluent plus que les carburants fossiles ?
D’après ce rapport, la culture des plantes utilisées pour la fabrication des agrocarburants requiert un usage plus important de pesticides et d’engrais azotés et phosphorés polluant les eaux. Les agrocarburants sont donc en contradiction avec les objectifs internationaux de mettre un terme à la perte de biodiversité dès 2010, et nationaux de réduire de moitié la consommation de produits phytosanitaires d’ici à 2018.
De plus, l’utilisation des engrais émet du protoxyde d’azote dont la capacité de réchauffement est 300 fois supérieures au CO2, ce qui anéantirait les gains d’émission de gaz à effet de serre prévus.
Par ailleurs, une très récente étude vient une fois de plus porter atteinte à l’image devenue peu rassurante des agrocarburants. En effet, d’après ce rapport réalisé par le cabinet indépendant de consultants Scott Wilson Group et complété par l’association des Amis de la Terre au Royaume-Uni, les agrocarburants employés depuis un an en Grande-Bretagne pourraient avoir doublé les émissions de gaz à effet de serre des carburants fossiles qu’ils remplacent…
- Ces agrocarburants auraient ainsi généré 1,3 million de tonnes de GES en un an, équivalant à 500 000 véhicules supplémentaires sur les routes !
Selon les Amis de la Terre, cette antithèse entre les promesses gouvernementales et ce rapport préoccupant est due au fait que le gouvernement anglais ne prend pas en compte les changements d’affectation des sols. En effet, les agrocarburants utilisés au Royaume-Uni (issus principalement de soja du Brésil, d’Argentine et des Etats-Unis) ont de lourdes répercussions sur ces pays producteurs.