« Plus intensive en intelligence »
La sortie de cette impasse passerait donc par arrêter la course à la productivité et d’opérer un retour à une agriculture paysanne, plus autonome, et de développer des micro-fermes autour et à l’intérieur des villes. De plus, ce type d’agriculture est créateur d’emploi, puisque l’on favorise la main-d’oeuvre au capital. L’agroécologie apporte aussi des techniques nouvelles mais elles sont adaptées avec un coût raisonnable. Ce modèle a donc aussi un aspect holistique, c’est-à-dire qu’il comprend l’entièreté du système ainsi que les relations entre ses différentes composantes.
Selon les mots d’Alain Peeters, l’agroécologie est « plus intensive en intelligence ». Elle repose sur l’importance des connaissances et de l’observation. La gestion des exploitations est plus fine, plus intelligente et en accord avec la nature. Elle comporte aussi une dimension participative entre les scientifiques et les agriculteurs. Les connaissances se complètent, mises sur un pied d’égalité, et non plus imposées par le haut. Les innovations sont plus rapides et plus aisément acceptées par le monde agricole.
Un modèle qui s’impose
Partout en Europe, l’agroécologie se développe surtout au Nord et à l’Ouest. En France, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a demandé, en 2012, un rapport sur le sujet. Une dynamique est en marche au ministère et des commissions se sont créées au sein de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).
Des politiques volontaristes sont nécessaires et cela doit aussi se passer aussi au niveau de l’enseignement. Si des mastères en agroécologie voient le jour, il reste un chantier important dans les lycées agricoles, où le sujet est très peu abordé. Les premières actions d’Agroecology Europe devrait donc se concentrer sur l’objectif de stimulation de la recherche et de l’enseignement, par l’organisation de conférences et la création d’un inventaire des initiatives européennes : une sorte de « cartographie de l’agroécologie en Europe ». Ces actions devraient être définies en mai-juin lors d’une seconde réunion de l’association.
Développer des micro fermes à proximité des grandes villes : c’est ce que proposent les Zadistes de Notre Dame des Landes, au lieu d’implanter un méga aéroport qui détruirait plus de 1.200 ha de zones humides protégeant Nantes des inondations et des sécheresses, alors que l’aéroport actuel est loin d’être saturé puisqu’il a la superficie de celui de Genève avec trois fois moins de trafic ! Ne laissons pas les politiques nous imposer leur mégalomanie. Souvenez-vous de la construction de bureaux à outrance de l’ère Chirac à Paris aboutissant à une pénurie de logements alors que de nombreux bureaux sont inoccupés.