10 ans après ‘Une vérité qui dérange’ : quelles prévisions d’Al Gore sont vérifiées ?

Avéré : la hausse inexorable des températures d’après Al Gore

‏L’ancien vice-président des États-Unis en faisait déjà état en 2006 : l’atmosphère se réchauffe. En raison de l’augmentation constante des gaz à effet de serre libérés par nos activités agricoles et industrielles, les rayons infrarouges du soleil restent prisonniers à la surface du globe, faisant de fait augmenter la température terrestre.

‏Dans Une vérité qui dérange, Al Gore estimait à 14,5°C la température moyenne sur l’ensemble de la planète. En se basant sur le scénario le plus optimiste de l’époque – soit une augmentation des températures de 3 % – il prédisait alors une hausse de 6 °C au pôle Nord d’ici 2100. Un scénario qui figure désormais parmi les plus catastrophiques.

‏Car au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont revu à la baisse le scénario le plus optimiste, bien moins alarmant que celui d’Al Gore, mais également moins réaliste car il impliquerait une forte réduction des émanations de gaz à effets de serre.

Selon le dernier rapport du GIEC(5), et d’après la hausse des températures entre 1986 et 2005, l’augmentation des températures moyennes à la surface de la planète pourrait atteindre 0,3 % dans le meilleur des cas (courbe en bleu sur le graphique), mais 4,8 % à l’horizon 2100 dans le pire des scénarios (en rouge).

Certifié : des records, toujours plus de records

‏Quoiqu’il en soit, la planète bat des records de chaleurs. Dans Une vérité qui dérange, le prix Nobel américain racontait que la Nasa avait désigné l’année 2005 comme étant la plus chaude depuis la fin du XIX^e siècle. En effet, la Terre s’est réchauffée de 0,85 °C depuis 1880, tandis que 60 % de la hausse des températures se sont concentrés sur les 40 dernières années. Jugez par vous-même…

‏Depuis dix ans, les records de chaleur n’ont cessé de s’enchaîner. Les années 2014 et 2015 sont successivement rentrées dans les annales. C’était sans compter sur 2016 qui devrait bientôt prendre la première place du podium. Selon les équipes de la Nasa et de l’université Columbia de New York(6), les six premiers mois de l’année ont été les plus chauds jamais enregistrés.

Exagéré, mais plus pour longtemps : Al Gore trop pessimiste sur la fin des glaciers

‏Visionnaire et renseigné, Al Gore a cependant prophétisé un peu trop vite sur le sort des glaciers. Dans le documentaire de 2006, l’ancien vice-président prédisait la disparition des neiges du Kilimandjaro « d’ici une dizaine d’années ».

‏Or à l’heure actuelle, le sommet tanzanien se console encore d’une mince couche de neige. Des scientifiques de l’université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, ont repoussé l’échéance fatidique à 2030(11), mais le chercheur Pascal Sirguey a tout de même estimé que depuis le début des années 2000, le Kilimandjaro avait perdu plus de 4 millions de m³ d’eau.

Au rayon des glaciers menacés, Al Gore citait également l’exemple du glacier Grinnell dans le Parc national des glaciers, situé à l’ouest des États-Unis. « D’ici quinze ans, déplorait-il, il faudra parler du parc des ‘anciens glaciers’ ». Pour l’instant, un fin manteau neigeux subsiste sur les hauteurs du parc national mais le réchauffement climatique a sérieusement endommagé l’état des calottes glaciaires. Sur 150 glaciers, le parc n’en compterait plus que 25(12).

Si certains glaciers sont en sursis, d’autres ont déjà disparus. Dans les Andes, le glacier de Chacaltaya (Bolivie), qui culminait à 5.300 mètres, a disparu dès 2009. « Leur fonte pourrait entraîner une hausse des océans de près de 6 mètres », redoutait Al Gore. Un chiffre confirmé dans le cinquième rapport du GIEC qui prévoit une hausse de 6,63 mètres d’ici 2500, dans le pire des scénarios. Et cela sans compter les 6 à 7 m supplémentaires engendrés par la fonte du Groenland…

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