12.000 tonnes d’herbes médicinales. C’est le poids de plantes médicinales exportées par an par ce petit pays.
Les herbes médicinales sont presque intégralement exportées
Les plantes médicinales ont le vent en poupe. Pour combler la demande, l’importation est devenue courante. La sauge est la principale herbe médicinale cultivée en Albanie, mais on y trouve aussi le thym, la sarriette ou encore l’origan.
Huiles essentielles et demande en hausse
Au coeur de l’Europe, les herbes médicinales font vivre plus de 100.000 personnes en Albanie. Au total, on trouve plus de 300 espèces d’herbes utiles dans le pays, dont certaines endémiques. Résultat : le petit pays a exporté plus de 12.000 tonnes d’herbes médicinales en 2018, pour un chiffre d’affaires d’un peu plus de 30 millions d’euros(1).
Car les herbes médicinales albanaises sont presque intégralement exportées, au travers d’une trentaine de sociétés. Pourquoi un tel succès, avec des exportations massives vers l’Allemagne et les Etats-Unis ? Du fait de la croissance de la demande pour les herbes médicinales et aromatiques, mais aussi de l’essor des huiles essentielles. De quoi expliquer que ces herbes médicinales soient cultivées sur des milliers d’hectares à travers le pays.
Des risques de surproduction
Ce succès trouve aussi ses sources dans l’histoire récente du pays : durant l’époque communiste, à l’heure du collectivisme d’état, la culture de ces herbes demeurait l’une des seules activités privées autorisées par le pouvoir. Selon les projections de l’association des cultivateurs d’herbes médicinales d’Albanie, en 2027 ce marché devrait représenter plus de 31.000 emplois à plein-temps supplémentaires et environ de 180 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’exportation. Dans le nord du pays, ce véritable business des herbes représente d’ores et déjà 35 % des revenus des foyers.
Pour autant, ce marché reste fragile. Alors que des usines ultramodernes peuvent désormais traiter des milliers de tonnes d’herbes médicinales, les paysans peuvent être tentés, pour augmenter leurs revenus, de récolter davantage de plantes encore. Or si plus de 70 % des spécimens d’une espèce sont ainsi récoltés, celle-ci ne peut plus se régénérer. Un tel phénomène s’était déjà produit dans les années 90, à l’heure de la chute des coopératives de production étatiques. Autre danger : la surproduction de la sauge, qui représente à elle seule environ 30 % du volume total des exportations du pays. Une meilleure diversification des cultures s’impose.
Des contrebandiers des plantes
Conséquence indirecte de ce succès des plantes médicinales : les vols sont également en hausse, notamment aux frontières du pays. La flore médicinale et aromatique grecque est en effet la même. Les incursions au travers de la frontière gréco-albanaise posent de plus en plus problème. Les autorités grecques doivent de plus en plus faire face à des groupes organisés pratiquant la récolte sauvage.
À travers les montagnes grecques, des centaines de kilos de plantes sont ainsi rapportés en Albanie à dos de mulets par des trafiquants transportant bien souvent du cannabis produit en Albanie dans l’autre sens… Premières cibles de ces contrebandiers des plantes : la primevère officinale, l’aubépine et la roborative gentiane jaune. Un mois d’un tel trafic rapportant l’équivalent d’un an de revenus en Albanie. Mais ses conséquences sur l’écosystème sont dramatiques, les plantes étant très souvent déracinées et non seulement récoltées.