Les ONG Wecf France et Agir pour l’Environnement ont dévoilé les résultats – qui font froid dans le dos – d’une enquête menée sur 71 produits de protection solaire pour les enfants : 29 substances problématiques ont été découvertes.
Crèmes solaires pour enfants : y en t-il une pour rattraper les autres ?
Qu’elles aient été achetées en grandes surfaces, en pharmacies et parapharmacies, ou en magasins bio ou spécialisés, les 39 crèmes solaires/lotions/gels/laits/mousses et 32 sprays étudiés contiennent donc tous des substances préoccupantes pour la santé des enfants alors qu’ils sont censées les protéger des effets néfastes du soleil : perturbateurs endocriniens, nanoparticules, allergènes…
En juillet 2016 déjà, le laboratoire indépendant sollicité par l’UFC-Que Choisir avait attribué la mention, peu flatteuse « NE PAS ACHETER » à deux crèmes solaires pour enfants. L’association avait aussi porté plainte contre les marques pointées du doigt dans l’étude (Clarins, Bioderma, Biosolis, Alga Maris, et Lovea) : certains de leurs produits destinés à la protection des enfants n’arrêtaient pas correctement les UVA qui ne provoquent pas de coups de soleil mais abîment l’ADN des cellules et augmentent les risques de tumeurs.
29 substances problématiques dans les produits solaires pour enfants dont 10 classées « extrêmement préoccupantes »
Les substances découvertes vont de « préoccupantes » en jaune à « extrêmement préoccupantes » en rouge (à interdire), en passant par « très préoccupantes » en orange (à éviter par précaution).
Un produit solaire sur deux contiendrait au moins un ingrédient extrêmement préoccupant à interdire, et 17 produits au moins 3 ingrédients extrêmement préoccupants.
Dans la famille rouge on trouve :
- des perturbateurs endocriniens : 4-methylbenzylidene camphor, BHT, Ethylhexyl methoxycinnamate, homosalate, octocrylène…
- des filtres UV reconnus pour leurs effets particulièrement néfastes pour le milieu aquatique : ethylhexyl methoxycinnamate, octocrylène, 4-methylbenzylidene camphor, oxyde de zinc nanoparticulaire, homosalate…
Agir pour l’environnement et Wecf France alertent notamment sur un produit chez Vichy, Nivea, Mixa, et Lovea Spray, deux chez Lancaster et trois chez Garnier : ils « contiennent un cocktail d’au moins 10 substances problématiques ».
Le pompon revient à Lancaster avec Sun for kids crème confort anti-sable SPF 50+, qui présente 15 substances problématiques.
Et les produits bio ?
L’enquête a révélé qu’aucun des 13 produits solaires bio testés ne contenaient de substances « extrêmement préoccupantes » sauf pour la Crème enfant Bio très haute protection filtres minéraux des Laboratoires Biarritz, épinglée aussi pour ne pas indiquer pas la présence de nanoparticules, tout comme Anthelios Dermo-pediatrics de La Roche-Posay et Nivea Sun kids sensitive protect & play… en totale infraction avec la réglementation sur les cosmétiques.
Eco cosmetics, Lovea bio spray, Bioregena, Praïa et le spray bio Alphanova contiennent une substance classée « très préoccupante ». Les autres produits bio contiennent deux ou trois substances problématiques, classées « préoccupantes » ou « très préoccupantes ».
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Face à ces résultats vraiment alarmants, les associations demandent la saisine de l’agence sanitaire Anses pour « évaluer le rapport bénéfice/ risque entre la protection contre les effets néfastes du soleil et les risques engendrés par les substances préoccupantes ».
Elles demandent l’interdiction d’utiliser les ingrédients extrêmement préoccupants ainsi que des substances parfumantes allergènes par contact dans la fabrication des produits pour les enfants.
Elles appellent également à ce que la France interdise l’utilisation de perturbateurs endocriniens dans les produits destinés aux enfants dans le cadre de la seconde Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens (SNPE).
Elles réclament des enquêtes de la DGCCRF et de l’ANSM ainsi que des sanctions dissuasives pour les entreprises qui ne respectent pas les obligations d’étiquetage des nanoparticules.
Pour en savoir plus et télécharger le rapport, c’est ici
Les enfants ne doivent pas rester longtemps au soleil
Avant de choisir un lait, une crème ou un spray solaire pour un enfant, ne pas se laisser influencer par des allégations sur l’emballage, scruter attentivement l’étiquette à la recherche des ingrédients problématiques et privilégier le produit qui en comporte le moins.
Ne pas oublier de renouveler l’application toutes les 2h en extérieur.
Rappel : les crèmes solaires qui laissent des traces blanches quand on les appliquent sur la peau sont a priori celles qui ne contiennent pas de nanoparticules !
Mais attention, les recommandations officielles de l’OMS ne placent l’application de crèmes solaires qu’en dernière position pour protéger les enfants(1).
Il est donc très important de rappeler aux parents que les enfants ne doivent pas être laissés au soleil trop longtemps, surtout à la mi-journée, quand le soleil est le plus virulent, et qu’ils doivent toujours porter un chapeau et un t-shirt couvrant.
Les problèmes de peau, avec au premier rang les tumeurs cancéreuses provoquées par le soleil, ont fait un bond ces dernières années, notamment parce que l’exposition au soleil a été banalisée, à tout âge, sans réelle prise de conscience de ses réels dangers…