Ne ne pas être esclaves de leur travail et de s’assurer un salaire minimum, des paysans ont opté pour la vente directe à travers les Amap. Le phénomène Amap que nous suivons depuis 2005 ne cesse de progresser. En voici un nouveau témoignage passionnant.
Amap : 100 % de la production prépayée par les consommateurs
Qui dit agriculteur pense souvent vie de sacrifices. Semaines de travail interminables pour une rémunération misérable, une vie sociale réduite à la portion congrue et un endettement colossal menant parfois jusqu’au suicide.
« 40 % des paysans gagnent moins que le smic et c’est la catégorie socio-professionnelle qui travaille le plus », explique Mathieu.
Mais, cet agriculteur de 32 ans installé depuis 2006 a trouvé un système lui permettant de ne pas passer sa vie dans les champs. Il travaille « seulement » une quarantaine d’heures par semaine réparties sur 4 jours et prend 6 semaines de vacances par an. Il gagne un peu plus que le Smic et n’a pas d’emprunt sur le dos. Son secret pour ne pas être « esclave de son travail » ? Le système des « fermiers de famille », venu du Canada. Le principe est simple : plusieurs familles se regroupent et commandent à l’avance la production d’un ou plusieurs paysans.
100 % Amap
Avec ses deux associés du GAEC La pensée sauvage, ils écoulent 100 % de leurs récoltes maraîchères directement auprès du consommateur final grâce à une Amap (voir l’annuaire des amap : Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Les cent adhérents déboursent 1 000 € par an pour leurs paniers de légumes bios distribués 48 semaines dans l’année (soit 21 € par semaine).
Grâce à cette rentrée d’argent, les agriculteurs sont assurés de pouvoir se verser deux salaires au Smic horaire et de couvrir l’ensemble de leurs charges (loyer des terrains qu’ils louent, amortissement des machines, semences…). La troisième paie est financée par les ventes de tisanes, de condiments ou de liqueurs fabriquées à partir de plantes séchées qu’ils récoltent dans leurs champs ou en montagne.
Ce système garantit aux producteurs un revenu et des conditions de travail décents et permet aux membres d’économiser entre 1 et 3 € par panier par rapport aux prix pratiqués sur les marchés. « Nous ne sommes pas payés par rapport au contenu du panier mais par rapport à notre temps de travail », explique Mathieu. En effet, si la composition du panier fluctue en fonction des aléas météorologiques, son prix, lui, reste le même.
Amap : banque et assurance des agriculteurs
Une chance que ne connaissent pas les agriculteurs classiques. « Cette année, nous n’avons pas pu livrer de paniers pendant 3 semaines à cause du mauvais temps. Quelqu’un qui fait les marchés n’aurait pas eu de revenus pendant cette période, nous si », explique Jérôme, un des associés.
« L’Amap est à la fois notre assurance et notre banque », indique Mathieu. Car, en plus de les protéger des intempéries, l’abonnement versé chaque année par les amapiens les prémunit également des problèmes de trésorerie. Quand, au début de l’année, leurs confrères doivent acheter leurs semences à une période où ils n’ont pas de rentrées d’argent, leurs comptes sont souvent dans le rouge. Eux ne connaissent pas ce problème. « Notre banquier nous dit que nous n’avons pas besoin de lui », s’amuse Mathieu, entre deux coups de binette.
Surtout qu’ils n’ont pas d’emprunt sur le dos. Ils sont locataires des terres qu’ils exploitent et leur matériel a été principalement financé par la dotation jeunes agriculteurs (aide à l’installation) et quelques fonds propres. Quant à leurs semences, elles sont en partie autoproduites. Une situation qui leur permet de ne pas recourir aux subventions de la Politique agricole commune (PAC).
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A lire absolument
La solution de l’AMAP n’est pas qu’une affaire d’argent, c’est aussi un acte de solidarité.
Je fais partie d’une AMAP qui rassemble une agricultrice, un producteur de poulet/oeufs, un apiculteur, une productrice de fromage de chèvre, un boulanger, un producteur de fruits et occasionnellement nous commandons de la viande.
Tous nos producteurs nous indiquent lors de notre AG qu’ils auraient mis la clé sous la porte sans les AMAP.
Et le prix des paniers nous poussent à gérer nos paniers en faisant des conserves et en congelant les surplus comme le faisaient nos aïeuls.
C’est vrai que 25 € le panier comme dans le témoignage précédent, ça me parait cher, jusqu’à présent, je connaissait des AMAP plutôt autour de 15€ le grand panier (Isère puis HautRhin). L’Amap a aussi ses contraintes pour le consomm’acteur qui ne peut récupérer son panier qu’un jour dit dans un créneaux horaire souvent restreint… Ca ne peut donc pas correspondre à tout le monde! Mais c’est une belle initiative, à continuer de développer avec d’autres alternatives locales (marchés, épiceries paysannes et autres systèmes de paniers locaux etc…)
Pour les paysans, nous avons eu le même genre de réponse quand nous avons visité les exploitations qui fournissaient les AMAP auprès desquelles nous nous fournissions (et encore maintenant). Mais Je ne pense pas pour autant qu’ils soit bon pour l’agriculteur de « tout mettre ses oeufs dans le même panier » et de ne miser sur qu’un seul système….Ou alors il faut faire en sorte que celui ci fonctionne vraiment correctement (nombre d’adhérent suffisant, choix, mutualisme etc..)
J’ai eu participé à une amap dans mon coin, je n’ai pas été content car l’agriculteur étant seul, soit il y avait profusion d’une sorte de légume et peu du reste, soit il n’y en avait très peu du aux mauvaises récoltes, l’automne et l’hiver, donc à 25€ le panier durant toute l’année ça fait très cher, je préfère la solution du marché où il y a deux agriculteurs bio qui ont leurs champs à quelques kilomètres, c’est écolo et ensuite on peut choisir la qualité et la quantité pour moins cher que que mon amap, ça me coute dans les 15€ à 20€ par semaine donc moins cher que l’amap pour plus de légumes et surtout plus de choix, rien n’est imposé.