CG : En 2009, 28 % des Français déclaraient avoir déjà acheté un vêtement bio ou équitable. Quelles sont les perspectives d’avenir de la mode éthique selon vous ?
L.S.M : L’avenir de la mode éthique réside selon moi dans leur percée dans les boutiques de mode conventionnelle. La mode éthique doit donc sérieusement réfléchir en termes de style et d’image de marque, ce qui ne veut pas dire entendons nous, investir dans la pub.
CG : Verrons-nous alors davantage de vêtements éthiques dans les grandes surfaces ou seront-ils toujours disponibles principalement dans les magasins spécialisés ? Les gammes de produits vont-ils s’étendre de manière significative ?
L.S.M : L’un n’exclut pas l’autre, comme je vous l’ai dit ce ne sont pas les mêmes acteurs. Il est peu aisé pour une petite marque de proposer comme Monoprix une ligne de basiques éthiques (avec tout ce que ce terme a d’approximatif puisque la composante sociale est souvent minorée) à des prix de grande distribution, ils ne développent qu’une ligne quand d’autres en font le fondement de leur modèle économique et il s’agit encore une fois de volumes très différents. Donc les deux doivent coexister.
Pour ce qui est de l’extension des gammes, une extension significative est selon moi évidente pour deux raisons :
- L’augmentation du nombre de marques de mode bio et éthique tout comme la multiplication des filières bio dans la mode conventionnelle a incité les industriels autrefois réticents à investir pour travailler avec ces matières. Toutes les techniques de tissage, de maillage, et de façonnage conventionnelles sont donc envisageables avec des fibres bio et recyclées.
- Pour imposer des images de marques pertinentes, il faut développer des styles sur lesquels les acheteurs parieront le succès. Or le style offre des possibilités infinies et des identités de marques bien différentes.
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Interview de Laure Saint Martin par Elwina, mars 2010
