Ces dernières années, la mode des NAC « nouveaux animaux de compagnie » n’aura cessé de se développer dans les foyers français et européens. Pour le plus grand malheur de ces animaux. Reptiles, oiseaux, primates et autres mammifères, insectes…
Animaux de compagnie exotiques – Un trafic aussi rentable que la drogue
Même si la majorité des NAC sont nés en captivité dans des élevages, nombreux sont pourtant ceux qui sont importés de pays extra-européens, et bien souvent de façon illégale. En effet, le commerce international d’animaux sauvages avoisine chaque année les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont un quart de façon illégale. De quoi le rendre aussi rentable voire plus que le trafic de drogues ou celui des armes…
Les exemples ne manquent pas : tout récemment près d’Avignon, ce sont ainsi deux pythons géants qui ont été découverts par la gendarmerie du Vaucluse, alors que les gendarmes intervenaient afin de démanteler un trafic de drogue et d’armes entre Guadeloupe et métropole.
Les deux serpents géants, parmi les plus gros du monde, étaient simplement sur place au milieu des gravats, dans une pièce, sans aucun terrarium. L’un des deux, un bivittatus, est une espèce protégée pouvant mesurer jusqu’à 5 m de long. Tous deux ont été saisis et placés dans un centre d’accueil spécialisé.
Au quotidien, entre trafic et achat, il n’est hélas pas rare que les animaux exotiques – que leur achat soit autorisé ou non – soient maltraités et vivent dans des conditions sans rapport avec celles nécessaires à leur bien-être, voire à leur survie.
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Aucune exigence minimum pour les acheter
Le commerce des animaux exotiques n’est, au niveau mondial, guère réglementé, et des milliers d’espèces peuvent être acquises via Internet. Rien qu’en France, ce sont des centaines de milliers d’animaux de compagnie exotiques qui sont achetés chaque année.
Dans l’Hexagone, un arrêté d’octobre 2018 fixe les règles générales de détention d’animaux non domestiques, et liste les espèces soumises à une obligation de déclaration ou nécessitant un certificat de capacité.
Pour autant, qui est vraiment prêt à bien prendre soin d’un animal exotique de compagnie, et dispose du cadre idoine pour l’accueillir ? Et, surtout, aucune règle contraignante ou exigence minimum n’est fixée quant aux conditions de détention de ces animaux.
Pourtant, pouvoir prendre correctement soin d’un animal exotique suppose à la fois de disposer d’installations adaptées, de connaître l’espèce de manière approfondie, et aussi d’y consacrer le temps nécessaire.
De même, il est quasi impossible de parvenir à reproduire dans un contexte domestique le comportement alimentaire des espèces exotiques. Par exemple, un perroquet passe d’ordinaire 4 à 8 heures par jour à rechercher et consommer sa nourriture, mais seulement une heure par jour en captivité.
Quant aux besoins physiologiques des amphibiens et des reptiles, ils sont aussi complexes que mal connus.
Interrogé par PETA, Clifford Warwick, chef de l’unité d’enquête sur les crimes environnementaux à Western Cape, en Afrique du Sud, estime par exemple que 90 % des reptiles exportés meurent dans l’année.
En savoir plus sur la législation française sur la détention d’animaux d’espèces non domestiques ici
Mettre en place une liste positive
Ces environnements pauvres en exercice comme en stimulation entraînent non seulement des dérèglements métaboliques chez ces animaux exotiques dits de compagnie, mais aussi des troubles psychiques, conséquence du trauma causé par leur captivité et le fait d’être coupé de leur environnement naturel.
Comportements agressifs, vocalisations excessives, stéréotypies voire automutilations ne sont pas rares. Cette souffrance animale va bien souvent de pair avec un taux de mortalité très élevé.
Selon Mark Downs, de la Society of Biology, « la plupart des gens qui achètent un animal exotique n’ont aucune idée des conséquences que cela peut avoir sur cet animal ou son espèce, et même sur leur propre santé. Il faut prendre conscience de cela : avoir un animal domestique chez soi ne devrait pas constituer une menace pour la biodiversité ailleurs dans le monde »(1).
C’est pourquoi de nombreux scientifiques et experts prônent l’interdiction pure et simple du plaisir égoïste et mortifère que constituent le commerce et la détention d’animaux sauvages « de compagnie ». Selon eux, ce commerce devrait être purement et simplement interdit.
Dans un premier temps, faute d’interdiction, la mise en place d’une liste positive précisant un nombre réduit d’espèces autorisées à la détention permettrait de plus facilement en contrôler le commerce et de veiller à ce que les particuliers soient formés à prendre réellement soin de leurs animaux.
Un amendement dans ce sens a d’ailleurs été déposé en France en janvier dernier, sur proposition de l’association Code animal.