Que consomment VRAIMENT vos appareils ménagers ? Les ONG demandent de meilleurs tests

Le système des étiquettes énergétiques pour les équipements électroménagers était devenu illisible, tous les appareils étant notés A+ et A+++, paraissant tous plus vertueux les uns que les autres. Et ce système n’incitait pas les fabricants à se surpasser pour nous proposer des appareils électroménagers encore plus économes en énergie. Grâce au Parlement européen, les étiquettes  énergétiques utiliseront dorénavant toutes les lettres de A à G. Mais ces notes s’appuient-elles sur des tests qui révèlent vraiment la consommation en conditions réelles ?

Rédigé par Stephen Boucher, le 23 Jun 2017, à 8 h 10 min
Que consomment VRAIMENT vos appareils ménagers ? Les ONG demandent de meilleurs tests
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Verdict après 18 mois de recherches par un groupe d’ONG : non.

Une étude portant sur les lave-vaisselle, les réfrigérateurs et les téléviseurs

Que consomment vos appareils ménagers dans la vraie vie ? Vous ne le saurez réellement que lorsque les tests plus réalistes réclamés par les ONG seront mis en place. L’étude a en effet révélé que les normes de test utilisées pour la déclaration des performances énergétiques des lave-vaisselle, réfrigérateurs et téléviseurs ne reflètent pas toujours l’utilisation typique des consommateurs et les développements technologiques.

Lire aussi : Aspirateurs : comment lire l’étiquette énergétique

Pas de tricherie sur les tests comme Volkswagen, mais des protocoles irréalistes

Concrètement, explique Francisco Zuloaga, l’un des participants à l’étude « les méthodes de tests sont standardisées pour simplifier la tâche des fabricants. Donc, par exemple, les lave-vaisselle vont être testés en mode ‘eco’ uniquement, et optimisés pour ce mode, mais pas sur les autres, que vous allez pourtant aussi utiliser. Et les frigos vont être testés à vide, alors qu’ils sont toujours remplis, en partie ou complètement chez vous« .

L’étiquette énergie ne servirait-elle donc à rien ? Non, poursuit Francisco Zuloaga : « Il ne faut surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Malgré les défauts que nous soulevons, l’étiquette énergie reste un outil très pratique et essentiel pour le consommateur« .

Il n’y aurait pas, insistent les ONG, de tricherie comme pour certaines marques automobiles. Néanmoins l’étude pointe du doigt quatre déficiences principales des évaluations énergétiques actuelles compromettant la qualité de l’information fournie par l’étiquette énergétique :

Les tests ne se font pas en conditions réelles © REDPIXEL.PL

  • La consommation d’énergie diffère entre les tests et des conditions d’usage qui reflètent mieux une utilisation réelle, pouvant conduire à donner une fausse impression des coûts de fonctionnement dans la maison aux consommateurs.
  • Les tests ne suivent pas les évolutions technologiques et ne mesurent pas toujours la quantité d’énergie utilisée par les nouvelles fonctionnalités, ce qui n’incite pas les fabricants à rendre celles-ci éco-énergétiques.
  • Les tests ne sont pas tous reproductibles et comparables exactement, ce qui réduit la cohérence et la précision des mesures de différents laboratoires en Europe ;
  • Un manque d’informations – soit confuses, soit carrément inexistantes – en direction des consommateurs.

Tests et étiquettes : les solutions proposées

Les ONG recommandent que les acteurs du domaine de la normalisation, les décideurs politiques et les autres parties prenantes améliorent les normes pour les trois groupes de produits étudiés. Ils proposent notamment de :

  • Mettre davantage l’accent sur les modes d’utilisation conformes au monde réel et permettre aux organisations de la société civile de donner leur avis dans l’établissement de ces normes. Les normes réalistes sont moins vulnérables au contournement par les logiciels.
  • Réviser les normes de tests plus fréquemment en fonction des développements technologiques.
  • Toujours baser l’étiquette énergétique sur le programme et les paramètres les plus fréquemment utilisés et prévenir les consommateurs quant aux impacts énergétiques lorsqu’ils s’écartent de ceux-ci.
  • S’assurer que les consommateurs reçoivent des informations utiles sur les impacts de l’énergie lorsqu’ils modifient les paramètres et / ou le logiciel de mise à jour.
  • Donner la possibilité aux organismes régulateurs nationaux de réprimer les industriels abusant du système, en leur donner la possibilité d’imposer une compensation financière aux consommateurs.
  • Compléter les tests actuels avec des tests supplémentaires aléatoires dans les limites de conditions que l’on peut rencontrer dans le monde réel. C’est une approche que l’industrie automobile étudie actuellement.

Ces leçons valent très certainement, soulignent les ONG à l’origine de l’étude, pour d’autres produits au-delà de ceux qu’elles ont étudiés. Une question essentielle, quand on sait que les ONG estiment que les pertes des consommateurs du fait des mauvais choix induits par des étiquettes imprécises sont actuellement de l’ordre de 10 milliards d’euros par an en Europe(3).

Les ONG impliquées dans l’étude sont, notamment, le Bureau Environnemental européen (BEE), Topten, CLASP Europe et ECOS.

Le rapport est disponible en ligne sur le site du BEE.

Illustration bannière : Choisir un réfrigérateur – © Andrew Rafalsky
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

7 commentaires Donnez votre avis
  1. bonjour, Je connais quelqu’un qui avait acheté un congélateur dernier cri, super économique et qui l’avait mis dans une pièce au rez-de-chaussée située au fond de son garage. La pièce étant trop froide, le congélateur ne fonctionnait pas bien, alors, il faisait fonctionner un poêle à pétrôle pour réchauffer l’atmosphère afin que le congélateur puisse fonctionner.

    A la campagne, j’ai l’ancien réfrigérateur de mes parents, qui date de 1965. C’est un Kelvinator (je crois que la marque n’existe plus). Et bien, il a une isolation très épaisse, il fait bien du froid, ne givre pas excessivement comme certains frigos plus récents. ON peut y conserver des glaces, même si on ne les garde jamais plus de deux jours. Le compresseur ne fait que très peu de bruit et ne tourne pas très longtemps ni très souvent.

    Alors tant qu’il fonctionne, je le garde.

  2. Il y a longtemps que je suis septique sur l’affichage sur machine à laver ou réfrigérateur de leur consommation estimée annuellement…!
    Comment peut-on estimer une consommation pour une machine à laver, ne sachant pas combien de personnes vont faire laver leur linge par semaine, de quel cycle de lavage elles vont principalement se servir, donc consommation d’eau, d’électricité qui différent complètement en fonction de différents éléments…
    Par conséquent tout est faux.
    De nos jours, on ne cherche pas à donner des précisions aux consommateurs on cherche à vendre et rien d’autre… Résultat, j’ai une machine à laver qui date de 2003, et je me dis que je ferai avec elle jusqu’au bout, où elle voudra bien aller, car je peux mettre les réglages que je veux : la température de l’eau, le temps cycle de lavage, le mode de rinçage, les différents cycles de lavages…
    Bref, je suis allée chez une amie qui a acheté une nouvelle machine, la précédente à fait 5 ans et demi… et quand je vois qu’on ne peut pas choisir de régler comme on veut je me dis que ça ne s’améliore pas du tout, mais que tout est fait pour consommer et à tout point de vue, et quand au résultat, ma machine lave beaucoup mieux que la sienne… Je me demande comment je choisirai ma future machine à laver, le jour où celle-ci sera trop fatiguée pour continuer….

  3. Bonjour
    Un outil simple : le wattmètre pour mesurer ses consommations. Prix : environ 30€. J’ai tout mesuré chez moi, et bien vu l’intérêt de régler le frigo au minimum, d’éteindre veilles et lumières inutiles, et la machine à laver à 30° ou à froid.

  4. Etant Ingénieur dans l’Automobile, je peux vous assurer que personne ne pensait une telle triche de la part de Volkswagen ! Pour autant le dernier Réfrigérateur acheté (INDESIT) était bien sur l’étiquette, moins bien quand 2 mois après l’achat il a fallu rajouter….une résistance car sans elle le ventilateur du Congélateur était coincé par la Glace !
    Et la résistance fonctionne tout le temps !! de plus l’étanchéité au fond ne peu plus être bonne car il a fallu découper au Cutter

    • Comme je l’ai mis dans un autre commentaire : mon réfrigérateur date de 1999, et je suis pris totalement au dépourvu, lorsque je regarde en magasin ceux d’aujourd’hui… Certains diront qu’ils sont beaucoup mieux, personnellement vu ma consommation d’électricité, je doute très fort…!

  5. « les ONG estiment que les pertes des consommateurs du fait des mauvais choix induits par des étiquettes imprécises sont actuellement de l’ordre de 10 milliards d’euros par an en Europe »

    Voilà un exemple « d’info » qui inquiète le consommateur sans pour autant l’aiguiller vers des solutions efficaces et utiles.
    Pour ma part j’ai simplement acquis un Wattmètre (une bonne dizaine d’euros sur le Net ou ailleurs) que je branche au moins une semaine ou plus entre chaque appareil et le secteur, et qui vous donne la consommation réelle de tous ces appareils.
    …Et là, surprise! :

    -la machine à laver ou le lave-vaisselle, dont plein de gens regardent l’étiquette de conso, consomme en fait très peu (700w à 1Kw 2 ou 3 fois/sem en mode éco)
    -un grille-pain qui marche au mieux 5mm/jr, quelque soit sa puissance, ne consomme quasiment rien.

    -en revanche les télés dont on se méfie peu, plein de gens les allument en permanence toute la journée, à 100/150w/h çà frise les 2 KW/jour!
    – un congélateur mal isolé ou en pièce trop chaude peut friser le même score,
    -Le pire, car le plus insidieux, c’est l’ensemble des appareils en veille, dont le total chez moi dépasse les 70W/H, soit…1,7KW/jour en pure perte, sans aucun service rendu. Maintenant tout est sous interrupteur préalable.
    Les pertes sont ici bien pires que celles liées à une étiquette approximative.

    Critiquons, à juste titre, les constructeurs et leur « habileté »,la faiblesse coupable des politiques qui sont censés légiférer pour notre ptotection, mais faisons d’abord le ménage dans notre propre utilisation d’une énergie dont le prix ne fera qu’augmenter.

    • Bien d’accord ! mais (voir mon commentaire) j’ai l’habitude de dire que le boulot d’un Ingénieur c’est de faire au mieux avec la Réglementation et au besoin de l’interpréter. D’où l’importance de bien rédiger le texte réglementaire pour qu’il n’y ait pas de voies de traverse où s’engouffrer !!!

Moi aussi je donne mon avis