Antiquaires, maisons d’enchères, marchés ou encore vente en ligne : l’ivoire reste encore commercialisée dans de nombreux pays de l’Union Européenne. Ce commerce légal de l’ivoire sur le vieux continent, n’est évidemment pas étranger au déclin des populations d’éléphants. Le 4 juillet dernier, le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW pour International Fund for Animal Welfare) a donc lancé un nouvel appel pour demander aux institutions européennes et aux États membres de renforcer leurs législations pour mettre fin définitivement à ce commerce.
Pourtant, il est impossible de nos jours de ne pas être au courant de la menace qui pèse sur les éléphants, ces majestueux animaux menacés d’extinction pour alimenter l’appétit insatiable de l’Homme en petits (ou grands) objets en ivoire. Une aubaine pour les braconniers qui redoublent de ruse pour les abattre cruellement, allant jusqu’à scier les défenses de pachydermes encore à l’agonie, à des fins froidement économiques.
Le commerce de l’ivoire en Europe sert de couverture au trafic
À l’occasion de la 17e Conférence des Parties de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et du Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), deux résolutions importantes appelant à la fermeture des marchés domestiques de l’ivoire ont été publiées, mais il existe encore de nombreuses failles à combler en Europe, premier exportateur d’objets en ivoire en nombre de transactions déclarées, pour stopper le déclin rapide des populations d’éléphants.
En décembre 2013, la France a mis sur pied un plan national d’action de lutte contre le braconnage des éléphants et le trafic d’ivoire et d’autres espèces protégées, puis a interdit, en août 2016, la vente d’ivoire brut. Toutefois, les textes permettent qu’une quantité non négligeable d’ivoire transformé reste toujours commercialisable.
Côté européen, en mai 2017, la Commission a invité les États membres à arrêter de délivrer des documents d’exportation pour l’ivoire brut, à compter du 1er juillet 2017, sauf dans le cas d’échantillons pour la science et l’éducation.
Or selon Céline Sissler-Bienvenu, Directrice d’IFAW France et Afrique francophone : « Les exportations légales en provenance de l’UE ont pour effet de stimuler la demande dans les pays consommateurs de l’Asie du Sud-Est. Actuellement, la réglementation de l’UE autorise, sous certaines conditions, le commerce de l’ivoire antique et pré-convention« .
NB – On attend par ivoire antique, tout objets acquis avant le 3 mars 1947, et par ivoire pré-convention, les défenses ou objets acquis avant 1990, date d’application des décisions de la CITES et de la réglementation européenne en matière de commerce des espèces sauvages dans le pays d’achat.
De plus, certains États membres servent de pays de transit vers l’Asie pour la contrebande d’ivoire provenant d’éléphants braconnés en Afrique(1).
Les européens sont pour une interdiction du commerce de l’ivoire
Dans un récent sondage IFOP réalisé en avril 2017 pour IFAW, les citoyens de quinze États membres sont majoritairement favorables à une interdiction totale du commerce de l’ivoire dans l’Union, un chiffre qui s’élève à 72 % pour les Français. Faits étonnants à souligner : seuls 41 % des sondés savent que l’ivoire ne peut être obtenu qu’en tuant les éléphants et 25 % pensent que retirer leurs défenses aux éléphants ne fait que les blesser (sans les tuer).
La Chine, principal consommateur de produits dérivés de l’éléphant qui a enfin interdit le commerce de l’ivoire sur son territoire, a également demandé à l’UE de prendre plus fermement position.
Il est aussi temps que nous, citoyens européens, demandions à nos gouvernements et à la Commission européenne de fermer tous les marchés de l’ivoire dans l’Union pour sauver les éléphants.
Pour en savoir plus et signer la pétition : www.ifaw.org/france/get-involved/interdiction-du-commerce-ivoire-dans-UE