Le savon de Marseille doit-il obligatoirement être fabriqué par les savonneries traditionnelles phocéennes avec des matières premières locales ou bien devrait-il simplement respecter un cahier des charges peu importe sa provenance ? Cette question est au coeur de débats houleux et les enjeux sont très importants.
IGP : une appellation Savon de Marseille pour protéger le savoir-faire ancestral
Actuellement, il ne reste plus que quatre savonneries à Marseille qui continuent de fabriquer le savon de manière traditionnelle avec de l’eau, du sel, de l’huile végétale et de la soude. Mais les imitations se multiplient. Des industriels vendent désormais du savon de Marseille, sans respecter scrupuleusement le savoir-faire des savonneries. Il serait donc urgent, pour certaines associations, de protéger ce savon d’une appellation Savon de Marseille.
Ces associations, à l’instar de l’Union des professionnels du savon de Marseille, veulent imposer l’Indication Géographique Protégée (IGP). L’appellation Savon de Marseille ne devrait plus, selon elles, définir uniquement un procédé de fabrication mais également une indication géographique. Les enjeux sont colossaux, le marché ne cesse en effet d’augmenter chaque année.
De la matière première issue de pays étrangers
En face de ces associations, des industriels et des transformateurs, comme l’Occitane, qui défendent un territoire plus large que Marseille et la liberté de faire venir leur matière première de pays étrangers. Actuellement, selon nos confrères des Échos, la moitié de la matière première utilisée pour fabriquer ce savon viendrait d’Asie, notamment de Malaisie ou d’Indonésie.
Or, pour les savonneries traditionnelles, cela est inadmissible. La savonnerie Le Fer à Cheval, par exemple, qui fait chauffer le savon dans ses chaudrons depuis le XIXe siècle, ne peut pas admettre que son savoir-faire et celui des industriels soient mis sur un pied d’égalité. « Dans IGP, il y a le mot géographique, donc l’étendue de la zone géographique doit être définie », avance Raphaël Séguin, le président de la savonnerie du Fer à cheval au micro de France 3.
Une demande déposée auprès de l’INPI
Ces associations de défense du savon de Marseille authentique ont déposé une demande auprès de l’Institut national de la propriété industrielle, l’INPI. Mais « lier le savon de Marseille à un territoire n’a pas de sens, car dès le début du XIXe siècle, il a été fabriqué près de Nantes et dans la plupart des ports français », dénonce Pascal Marchal, le président de l’association « Savon de Marseille France » (ASDMF) et le patron de La Savonnerie de l’Atlantique à Nantes, dans les colonnes des Échos.
Découvrez la consommation de savons de Marseille en France sur le Planetoscope
Avec les sociétés Provendi en Haute-Savoie, « nous fournissons 95 % de la matière d’origine France, soit près de 20 000 tonnes par an », ajoute-t-il. Si l’INPI décidait de changer les règles du jeu, alors ces entreprises se trouveraient en grande difficulté. Il est nécessaire pour l’ASDMF de préserver des emplois mais également d’éviter tout risque de pénurie. Les fabricants des Bouches-du-Rhône ne pourraient pas, selon l’association, répondre à la demande des consommateurs toujours croissante. La bataille ne fait donc que commencer et elle risque d’être rude.
Moi je suis pour une appellation territoriale. C’est un patrimoine et un patrimoine ça se protège. Sans exigence il n’y a pas de valeur.
quant une savonnerie « traditionelle » vend des savons parfumés (le fer à cheval) à l’encontre des principes de pureté qu’elle défends (charte de l’UPSM), il y a lieu de se poser des questions.