Serait-ce, là aussi, une situation liée au changement climatique ? La mortalité actuelle des arbres pose sérieusement question.
Une hausse de la mortalité de plus de 50 %
Le phénomène a clairement de quoi inquiéter : en à peine une décennie, selon les chiffres même de l’IGN, qui ne prêtent pas le flanc à la polémique, la moyenne nationale de mortalité des arbres a augmenté de plus de 50 %. Le bond aura été encore plus spectaculaire en cette année 2022, riche en événements climatiques extrêmes.
Dans l’Hexagone, trois régions seraient a priori plus touchées que les autres par cette mortalité soudaine. Dans les Hauts-de-France, l’augmentation de la mortalité des arbres est de 130 %. Elle a également été multipliée par deux ou par trois durant la dernière décennie en Bourgogne-Franche-Comté ainsi que dans le Grand-Est.
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La forêt couvre 31 % de la surface de notre territoire
Près d’un tiers du territoire métropolitain est couvert de forêt, la surface couverte aujourd’hui étant deux fois plus importante qu’il y a deux siècles. Mais cette hausse de la mortalité des arbres va rapidement poser des questions d’exploitation des ressources en bois. En effet, du fait du stress hydrique, les arbres grossissent également moins vite et produisent donc potentiellement moins de bois. De quoi inquiéter les exploitants forestiers, alors que la forêt est aujourd’hui le second type d’occupation du sol en France après l’agriculture, qui occupe plus de la moitié de la France métropolitaine.
En effet, la transition écologique et le passage à une économie décarbonée devrait aussi entraîner une exploitation encore plus soutenue du bois. Si les arbres meurent plus vite et produisent moins de bois, l’équation n’est plus du tout la même. Et ce même si la forêt métropolitaine couvre 17,1 millions d’hectares, soit 31 % de la surface de notre territoire.
Des arbres entre champignons et insectes xylophages
La France se classe quatrième dans le classement des États européens les plus boisés. Qui faut-il accuser de cette hausse de la mortalité des arbres ? Si nos forêts sont de plus en plus vulnérables, si les arbres souffrent, c’est clairement du fait du réchauffement climatique, et des bioagresseurs qui en profitent. Avec un climat plus chaud, l’appétit des insectes xylophages va croissant, notamment les scolytes. Ils s’attaquent aux résineux en Bourgogne ainsi que dans le Grand-Est. Et ce plus encore avec la multiplication des épisodes de sécheresse.
En dix ans, la mortalité des arbres a augmenté de 54 %. À l’échelle du volume de bois vivant sur pied, cela représente en moyenne 0,4 %. Le châtaignier, l’épicéa commun et le frêne sont particulièrement affectés. Comme a pu le constater l’IGN dans son inventaire des forêts françaises, s’ajoute à cela la quasi omniprésence dans l’Hexagone d’un champignon s’attaquant aux frênes. Apparu dans le nord-est de la France il y a une quinzaine d’années, il s’est dorénavant répandu, notamment dans la région des Hauts-de-France.