Areva a alerté les exploitants de plusieurs centrales nucléaires (Leibstadt en Suisse et Golfech 2, Flamanville 1 et Cattenom 3 en France) que les crayons de combustible qu’elle leur a livrés pourraient présenter un défaut d’étanchéité. Les crayons d’assemblage du combustible sont des tubes métalliques à l’intérieur desquels sont insérées des pastilles de combustible pour alimenter les centrales nucléaires.
Aucune fuite n’a à ce jour été détectée dans les réacteurs
Grosse frayeur pour Areva, qui admet avoir livré 14 tubes de combustibles (aussi appelés crayons) servant à la fabrication d’assemblages combustible, sans s’être assurée de leur étanchéité au préalable. Les crayons, ce sont les pièces maîtresses d’un réacteur nucléaire. C’est là qu’est déposé l’uranium enrichi sous forme de petites pastilles cylindriques. En situation incidentelle ou accidentelle, la sûreté exige que les matières nucléaires restent confinées : scellés à chaque extrémité, les crayons sont la première barrière de confinement contre la dispersion de la radioactivité, les deux autres étant le circuit primaire et l’enceinte de confinement.
Pour information, un réacteur nucléaire de 1.300 MW contient 193 assemblages de combustible, composés de 264 crayons chacun.
La centrale suisse de Leibstadt, dont le réacteur était (et reste toujours) en arrêt de maintenance, a été alertée à temps. Les centrales françaises Golfech 2 (Tarn-et-Garonne), Flamanville 1 (Manche) et Cattenom 3 (Moselle) n’ont pas eu cette chance : elles tournent actuellement chacune avec un crayon issu de la livraison en question. Leur exploitant, EDF, assure toutefois qu’aucune fuite de combustible n’a été enregistrée. « Les caractéristiques chimiques du circuit primaire sont surveillées en continu et permettent de détecter la moindre anomalie sur les tubes des assemblages combustible » fait savoir l’entreprise dans un communiqué.
Un dysfonctionnement sporadique du système de contrôle à l’usine de Paimboeuf
Areva, pour sa part, a bien découvert une fuite sur l’une de ces barres de combustible sur son site de production de Paimboeuf (Loire-Atlantique). La société évoque un « dysfonctionnement sporadique du système de contrôle » et reconnaît que les crayons en question auraient « dû être rejetés » à l’issue de leur contrôle.
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La centrale suisse de Leibstadt a pour sa part décidé de changer, « par mesure de sécurité », l’ensemble des crayons issus de la livraison suspecte, a indiqué l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).
EDF, quant à elle, assure transmettre les résultats de l’ensemble de ces mesures à l’Autorité de sûreté nucléaire, qui ne devrait pas manquer de lancer une enquête poussée sur les dysfonctionnements survenus.
Illustration bannière : Illustration d’assemblages de tubes de combustibles dans un réacteur nucléaire- © FooTToo
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