Australie, les géants miniers rasent les sites sacrés aborigènes

Alors que le minerai de fer est la ressource la plus exportée par l’Australie, de plus en plus de sites aborigènes sont voués à la destruction afin d’agrandir les mines.

Rédigé par Paul Malo, le 12 Jun 2020, à 11 h 08 min
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Le géant minier BHP vient d’être autorisé à détruire une quarantaine de sites du patrimoine aborigène dans l’ouest de l’Australie.

Une décision autorisée par le ministre des Affaires aborigènes

La nouvelle est tombée le 11 juin : le gouvernement australien vient d’annoncer que le géant minier BHP était autorisé à détruire une quarantaine de sites du patrimoine aborigène dans l’ouest de l’Australie. Une décision affligeante qui tombe quelques jours après qu’un autre géant minier, Rio Tinto, a déjà détruit à l’explosif un site habité il y a plus de 46.000 ans par des aborigènes afin d’agrandir une mine de fer.

Rio Tinto a déjà infligé  des dommages irréversibles à d’autres grottes préhistoriques © Sopotnicki

C’est pourtant le ministre des Affaires aborigènes de l’État australien, lui-même aborigène, qui a donné son feu vert fin mai à la destruction de nouveaux sites. En effet, BHP avait déposé cette demande dans le cadre de l’expansion de sa mine de fer de South Flank, dans la région de Pilbara. « Je crois fermement au droit à l’autodétermination des aborigènes et soutiens les groupes indigènes qui utilisent leurs droits chèrement acquis pour nouer des accords commerciaux avec les groupes exploitant les terres », a expliqué le ministre. Il dit travailler à une réforme des lois sur le patrimoine afin que les groupes miniers puissent désormais négocier directement avec les populations aborigènes quant à l’impact de leurs projets industriels.

Site d’art aborigène de Nourlangie Rock, Parc national de Kakadu, Australie © pierdest

72 sites d’une grande importance culturelle protégés

Difficile de lutter, quand on sait que le minerai de fer est la ressource la plus exportée par l’Australie, avec un chiffre d’affaires de 77 milliards de dollars australiens (47 milliards d’euros) l’an dernier. L’essentiel de ce minerai provient justement de la région de Pilbara, très peu peuplée et largement la propriété des populations aborigènes. En 2015, le peuple Banjima avait donc conclu un accord pour l’exploitation de cette zone. Un accord qui impliquait aussi la protection de 72 sites de grande importance culturelle, accompagné des compensations financières.

Le 23 mai dernier, c’est une grotte sacrée connue depuis 46.000 ans que la compagnie minière Rio Tinto a détruit en Australie-Occidentale afin d’agrandir une de ses mines de minerai de fer. Il s’agissait pourtant du seul site d’Australie à montrer les signes d’une occupation humaine continue pendant la dernière période glaciaire. Des fouilles archéologiques avaient été menées suite à l’obtention de l’autorisation de la détruire, afin de sauver tout ce qui pouvait l’être. Elles avaient montré que le site était en fait deux fois plus ancien qu’on le supposait, et permis de découvrir de nombreux artefacts, dont des objets sacrés, et même une tresse de cheveux humains vieille de 4.000 ans.

Illustration bannière : Exploitation minière en Australie sur le site minier de Cobar © THPStock
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