L’autisme régressif est une forme d’autisme qui se déclare quelques années après la naissance, alors que l’enfant se développait jusque là normalement. Assez rapidement apparaissent les signes caractéristiques d’un repli sur soi avec de grandes difficultés d’attention vis à vis de l’environnement, une baisse significative de l’interaction sociale, l’absence de communication verbale et des comportements notables comme se dresser sur la pointe des pieds pour marcher ou raidir la colonne vertébrale, ainsi que des gestes répétés en boucle.
L’autisme régressif : des modifications alimentaires chez l’enfant
Un point commun que semblent partager une majorité d’enfants autistes est la présence quasi systématique de troubles digestifs, notamment intestinaux, associés à une appétence marquée pour les produits très sucrés et les produits laitiers.
Au Canada, les scientifiques ont remarqué un nombre tout à fait surprenant de cas d’autisme chez les enfants de migrants, notamment en provenance d’Afrique. Ce constat les a amené à chercher la cause d’une telle proportion de cette maladie, en comparaison avec des enfants du même âge nés sur le territoire canadien. Il semblerait que le changement de style de vie, et notamment la transition d’une nourriture traditionnelle essentiellement constituée de produits bruts à la consommation de produits industriels transformés riches en énergie et pauvres en micronutriments d’intérêt puisse en partie expliquer l’apparition massive de ce trouble.
Des expériences consistant à modifier le régime alimentaire de l’enfant, notamment en excluant le gluten et les produits laitiers (non à cause du lactose mais de la caséine) et en favorisant la consommation de fruits et de légumes riches en vitamines et en antioxydants essentiellement sous forme de smoothies, ainsi que celle de probiotiques en grandes quantités améliore de manière plus ou moins importante le statut digestif mais aussi et surtout les capacités mentales de l’enfant.
L’hypothèse serait que le changement de nourriture affecterait directement le microbiote intestinal, avec un déséquilibre des différentes populations microbiennes en faveur de bactéries pathogènes.
D’autre part, une forte corrélation semble établie entre un microbiote défectueux et la gravité des troubles autistiques. Ainsi, un traitement antibiotique de trois mois administré à un enfant autiste et visant spécifiquement les bactéries du genre Clostridium a donné des résultats très encourageants : rapidement, l’enfant est devenu propre, a accepté de porter des habits, était capable de se concentrer sur des tâches comme l’assemblage de pièces d’un puzzle et surtout, recommençait à interagir avec les gens qui l’entouraient. L’hyperactivité, les mouvements répétitifs et les positions raidies tendaient également à nettement s’estomper.
Malheureusement, l’arrêt de la médication a entraîné le retour de l’état régressif. Néanmoins, cette expérience, menée à une échelle plus vaste sur un échantillon d’une dizaine d’autres enfants, a donné des résultats similaires et ouvert la voie à de plus amples recherches et peut-être, in fine, à l’élaboration d’un protocole qui pourrait guérir de l’autisme.
Car aujourd’hui, certains spécialistes n’hésitent plus à déclarer que cette maladie que l’on croyait purement mentale, serait plutôt la résultante d’un dialogue extrêmement complexe entre nos deux cerveaux que sont l’intestin et l’encéphale. Et que son évolution pourrait peut-être, moyennant une thérapie ciblée, être réversible.
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