Les valeurs de la nouvelle consommation ne se cantonnent pas au domaine du consommateur mais trouvent aussi leurs racines dans le monde économique et dans les entreprises. L’économie libérale évolue avec son temps et explore de nouveaux moyens d’expression sociale pour mieux coller aux valeurs des dirigeants et des consommateurs. Les B-Corps » en sont un exemple frappant .. qui est très prisé actuellement de l’autre coté de l’Atlantique
Les B Corps, nouvelle race d’entreprises engagées
Les B-corps ou « Benefit Corporations » sont des entreprises qui tout en étant ancrées totalement dans l’économie libérale et la recherche de bénéfices, indispensables pour survivre et investir, reconnaissent que le profit n’est pas du tout leur objectif unique, loin de là.
Les B-Corps affichent jusque dans leurs statuts leur intention d’agir pour le bien commun, pour l’intérêt général au-delà de la nécessaire recherche d’un bénéfice annuel.
- Dans le nom B des B-Corps, le « B » est l’initiale de « bénéfices ». Des bénéfices qu’une entreprise peut et veut apporter à ses parties-prenants, c’est-à-dire de tous ceux qui – dans son environnement – participent à la vie de l’entreprise (« stakeholders »), c’est à dire à ses salariés, à ceux qui y ont investi leur argent, mais aussi à la société dans son ensemble tout comme à l’environnement. Certaines sociétés B-Corps signent une « déclaration d’interdépendance » avec leurs partenaires.
- Les B-Corps sont donc des sociétés hybrides d’entreprises capitalistes classiques et d’organisations à but non lucratif dont elles partagent bien des valeurs. Elles utilisent la puissance du business pour s’engager dans des causes (ce que consoGlobe, à sa petite échelle, fait depuis sa création).
Les B Corps sont des entreprises qui agissent de manière à servir l’intérêt général au lieu d’agir exclusivement à réaliser des profits pour leurs seuls salariés et actionnaires.
Le postulat sous-jacent aux B-Corp est que les entrepreneurs et les entreprises qui réussissent le doivent certes à leur propre talent et audace à entreprendre mais également à la société, à la collectivité dans son ensemble. Aussi quand l’entreprise crée des richesses, il est normal qu’une fois les salariés et les actionnaires récompensés, ces bénéfices profitent à la société et à l’environnement. L’entreprise B-Corp cherche donc à élaborer un nouvel équilibre pour concilier les droits et rémunération des actionnaires à ceux des « stakeholders »,
Les B Corps sont donc socialement responsables et conscientes de leurs responsabilités. Elle cherchent à s’impliquer dans des projets de développement économique au-delà de leur champ d’activité et de compétition économique.
Les B Corps » ou « Benefit Corporations », un outil de morale sociale
Avec ce label B-Corps » ou « Benefit Corporations » apparait une nouvelle génération d’entreprise aux États-Unis. Ce mouvement de fond des entreprises B-Corp s’appuie sur le partage d’un objectif commun : celui de remoraliser les affaires, de redéfinir une voie éthique dans la compétition économique acharnée de la mondialisation. Bref, il s’agit de démontrer une manière dont on peut bien mener ses affaires en assumant des responsabilités citoyennes. Les idéaux des B-Corps se lisent dans leurs engagements, très explicites :
- « Nous, les entrepreneurs, sommes tous responsables de la société de demain que nous transmettrons à la génération suivante.
- On veut changer le monde en commençant par nous-même.
- L’homme est au centre de tout et le monde des entreprises se doit de soutenir les initiatives à dimension sociale.
- Les processus d’entreprise, les produits et les bénéfices engrangés ne peuvent pas provoquer de dommages et doivent être au service de tous. »
Comme on le voit, les objectifs extra-financiers de l’entreprise vont au-delà des intérêts des seuls actionnaires.
Le label B-Corp
Les B Corps sont des sociétés agréées par le B Lab, une organisation sans but lucratif qui définit des normes sévères en matière de transparence, de gouvernance, de durabilité et d’impact environnemental. Le Lab. B-Corp est basé en Pennsylvanie et a donc le pouvoir d’adouber les entreprises de type B Corporation qui veulent afficher leur engagement et marcher derrière l’étendard du capitalisme responsable.
- Les plus connues des sociétés B Corp sont sans doute Patagonia ou le glacier Ben & Jerry’s qui ont obtenu le label B-Corp.
La stratégie de B-Lab est de changer la nature des entreprises en influant sur le cadre légal et pas seulement en comptant sur leur engagement spontané. Le but est de soumettre les entreprises à but lucratif à des pressions telles qu’elles renoncent privilégier la rentabilité maximale au détriment de buts sociaux plus large.
Le droit actuel privilégie les intérêts financiers des actionnaires au détriment de ceux des stakeholders, salariés, communautés locales ou environnement. Les organisations à but non lucratif ou caritatif ne sont pas encouragées à lever des fonds pour se développer et ne jouent donc pas à fond le jeu du marché.
Les B-corps voudraient ainsi un cadre légal plus favorable aux entreprises engagées afin qu’elles puissent conserver leurs valeurs après succession, se transmettre plus facilement aux héritiers des fondateurs engagés ou les conserver lors d’augmentation de capital. Le but est de préserver et d’institutionnaliser ces valeurs quelles que soient les péripéties de la vie de l’entreprise.
Quels résultats ?
- Il y a actuellement 990 B Corporations certifiées dans 32 pays et dans 60 secteurs économiques distincts.
- Par rapport aux sociétés « normales », les B Corps sont 68 % plus enclines à donner au moins 10 % de leurs bénéfices à des causes, 47 % plus enclines à utiliser des énergies renouvelables, 17 % plus enclines à choisir des fournisseurs issues de communautés défavorisées.
- Selon une étude de B Corporation, les entreprises certifiées sont 25 % plus respectueuses des critères de développement durable que d’autres entreprises positionnées comme actrices du développement durable.
Lire page suivante : Les B Corps, comment ça marche ?