Le bâillement est contagieux, plus encore qu’on ne pourrait le penser. Même les chiens imitent ceux des êtres humains.
Bâiller, un réflexe contagieux chez l’animal ?
Le meilleur ami de l’homme bâille comme lui. En effet, même face à une personne qu’ils ne connaissent pas, les chiens imitent les bâillements des êtres humains. C’est ce qu’a découvert une étude publiée dans le dernier numéro de la revue britannique « Proceedings of Royal Society B ».
On savait déjà que c’était le cas chez l’homme, et que de voir quelqu’un bâiller donne à soi-même l’envie de bâiller. Mais ce réflexe contagieux fonctionne aussi chez l’animal, et n’est en fait absolument pas un signe d’empathie entre l’animal et son maître, selon l’équipe de l’université des sciences d’Auckland (Nouvelle-Zélande) qui a sérieusement étudié la question.
bâillement contagieux, mais pas lié à l’empathie
Pour parvenir à un tel résultat, ces chercheurs ont tout de même synthétisé les données issues de six études différentes, réalisées sur par moins de 257 chiens. À cela se sont également ajoutées différentes expériences comportementales. Une trentaine d’animaux ont été soumis à un double exercice : d’un côté des humains baillant ostensiblement devant un chien, sans s’occuper de lui ni le nourrir, de l’autre un chien avec lequel on interagit, en jouant ou en le caressant, avant de bâiller devant lui.
Les chiens peuvent-ils lire dans nos pensées ?
Résultat : quelle que soit la situation, les chiens ont également ouvert la gueule et bâillé, et même légèrement plus hors interactions avec les humains. Ce qui est « la preuve que le bâillement chez les chiens, bien que contagieux, n’est pas lié à l’empathie ». Alors que le phénomène avait déjà été prouvé chez les chimpanzés, il s’agit là de la première preuve affirmée d’un bâillement contagieux chez d’autres espèces que les primates.
Un réflexe ancien en termes d’évolution
Patrick Neilands, doctorant et co-auteur de cette étude du Clever Canine Lab de l’Université d’Auckland, rappelle que ce phénomène de bâillement contagieux est « ancien » en termes d’évolution. Il s’intéresse particulièrement aux mécanismes cognitifs que les chiens utilisent pour se frayer un chemin à travers les interactions sociales avec les êtres humains. Son étude rejette donc la théorie du bâillement par empathie, faute de lien clair entre l’empathie et le bâillement contagieux.
Pour les scientifiques, les chiens aimeraient plus les humains que les chats
« Notre constat selon lequel le bâillement contagieux n’est pas un indicateur fiable d’empathie était très surprenant, estime Patrick Neilands. Malheureusement, il ne semble pas y avoir de raccourcis pour démêler les racines évolutionnaires de l’empathie ». Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existe aucun lien entre les deux, juste que le bâillement contagieux seul « ne peut pas être considéré comme un signal de la présence de ces processus empathiques. »
Dommage de ne pas avoir évoqué les neurones miroirs qui s’activent quand autrui fait une action et qui déclenchent la même action chez celui qui regarde.