Baleines échouées : pourquoi tant de cétacés finissent en masse sur les plages ?

Chaque année, des centaines de cétacés, baleines, dauphins et marsouins, finissent aussi par s’échouer sur les plages du monde entier, comme on l’a vu très récemment en Nouvelle-Zélande, où 250 sur les plus de 600 animaux en difficulté ont finalement perdu la vie avant que les volontaires ne puissent les renvoyer au large. Le phénomène des baleines échouées sur les plages n’est pas récent puisqu’il est constaté et rapporté depuis des centaines d’années : il ne serait dont pas entièrement lié aux activités humaines modernes.

Rédigé par Séverine Bascot, le 19 Feb 2017, à 17 h 10 min
Baleines échouées : pourquoi tant de cétacés finissent en masse sur les plages ?
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Si la quasi-totalité des échouages (plus de 95 % en moyenne) concerne des animaux morts en pleine mer (de vieillesse, d’accident, de maladie, pris dans les chaluts pélagiques, etc.) puis rejetés sur le littoral par le biais des courants et des vents marin, chaque année, des centaines de cétacés de toutes les espèces finissent par s’échouer en masse sur les plages du monde entier, comme on l’a vu très récemment sur une plage de Farewell Spit en Nouvelle-Zélande, où 250 sur les 600-650 animaux qui se sont retrouvés en difficulté ont finalement perdu la vie avant que les volontaires ne puissent les renvoyer au large.

Mais le phénomène qui n’est pas récent puisqu’il est constaté et rapporté depuis des centaines d’années, ne semble pas totalement imputable à l’activité humaine moderne, comme on serait aisément tenté de le croire.

Efforts pour sauver une baleine échouée à Palm Beach en Australie © Shaun Robinson Shutterstock

Efforts pour sauver une baleine échouée à Palm Beach en Australie © Shaun Robinson Shutterstock

Baleines échouées : quelles peuvent être les causes des échouages massifs de cétacés vivants ?

Les échouages en masse impliquent presque systématiquement des espèces océaniques : les globicéphales, comme les dauphins pilotes sont les victimes les plus fréquentes, mais on retrouve aussi d’autres espèces telles que les faux épaulards, les dauphins d’Électre, les baleines à bec ou encore les grands cachalots. Toutes ces espèces vivent normalement dans des eaux de plus de 1.000 mètres de profondeur et sont très sociales, formant des groupes soudés qui, dans certains cas, peuvent compter des centaines d’animaux.

Même s’il est tentant d’imputer les échouages de baleines à l’activité humaine, le fait que ce sont les espèces vivant en profondeur qui se retrouvent le plus souvent bloquées, et ce souvent aux mêmes endroits (Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, mer du Nord…), tend à prouver que, dans de nombreux cas, des causes autres sont plus susceptibles d’être à blâmer : les échouages massifs de ces espèces océaniques ont tendance à se produire dans des zones très peu profondes avec une forte fluctuation des marées, sur des plages en pente douce et au sable fin.

Les éléments qui peuvent causer une perte d’orientation ou un mauvais jugement de la profondeur de l’eau

Rien d’étonnant que ces animaux, grands plongeurs si habitués à nager dans les eaux profondes, se retrouvent en difficulté. En effet, l’écholocation qu’ils utilisent pour faciliter la navigation, ne fonctionne pas aussi bien dans de tels environnements, et ils se retrouvent piégés par la topologie des fonds marins. Golden Bay sur Farewell Spit où a eu lieu l’échouage récent des baleines pilotes, a d’ailleurs déjà été le théâtre d’incidents similaires plusieurs fois au cours des dernières années(1).

Cette partie de la mer du Nord est une zone qui n’est pas assez profonde. C’est aussi une zone coupée par des bancs de sable et, quand la mer se retire, ils sont prisonniers. Ensuite leur sonar bute contre ces bancs de sable et perturbe leur géolocalisation. Tous ces éléments sont des facteurs de stress qui peuvent expliquer en partie ces échouages
Krishna Das, chercheuse qualifiée au FNRS (Fonds pour la Recherche Scientifique) de l'Université de Liège suite à un échouage en Mer du Nord

 

Il est donc tout à fait possible que la majorité de ces échouages soient simplement dus à une erreur de navigation, par exemple en suivant une proie dans un territoire peu familier et dangereux. Le réchauffement global n’y est certainement pas étranger : les déviations des courants et des masses d’eau bouleversent inévitablement le comportement des animaux marins, et donc des proies favorites des cétacés (poissons, calamars…).

Les perturbations liées aux sonars et à d’autres sources acoustiques

Sous l’eau, certains bruits se propagent qui peuvent désorienter les cétacés ou  leur système d’écholocation, voire même les rendre plus ou moins sourds. Ces nuisances proviennent d’exercices militaires, de sondages sous marins, ou de certains sonars.

Ce qui pourrait bien avoir été le cas pour Farewell Spit : un navire sismique (bateau de recherche utilisée par l’industrie pétrolière), le PGS Apollo, croise dans les eaux de la zone(3) depuis quelques mois.

L’âge des cétacés peut aussi être déterminant

En effet, dans le groupe, un ou plusieurs individus peuvent être vieux et/ou malades et, à mesure qu’ils s’affaiblissent, ils vont avoir tendance à chercher des eaux peu profondes afin de pouvoir remonter plus facilement à la surface pour respirer.  De même, des groupes de jeunes cétacés dont le système de navigation n’est pas encore tout à fait aguerri, peuvent se retrouver en difficulté en ayant suivi une mauvaise route.

Or, de par la nature extrêmement sociale de ces animaux, si un cétacé s’échoue, alors c’est tout le groupe qui va s’échouer à son tour. Mais, une fois que leur corps reste en contact avec une surface dure pendant une période prolongée, la cage thoracique est comprimée par le poids, et les organes internes ainsi que les muscles sont peu à peu endommagés, provoquant une réaction toxique dans les reins qui mène à la mort.

baleines échouées

© photomatz Shutterstock

L’hypothèse des orages géomagnétiques ou tempêtes solaires dans l’espace

Si des vents violents et une mer agitée peuvent également désorienter les animaux et les mener trop près du littoral, plusieurs cas d’échouages ont aussi été mis en lien direct avec des essais de sonars à basses fréquences, tels ceux utilisés par l’armée.

De plus, depuis quelque temps, certains scientifiques avancent aussi l’hypothèse que certains de ces phénomènes d’échouages seraient en corrélation avec des orages géomagnétiques : lorsque la couronne solaire éjecte de la masse coronale dans le système solaire sous forme d’énormes bulles remplies de particules chargées, naissent des anomalies magnétiques, d’ailleurs connues pour endommager sérieusement les satellites et les réseaux électriques.

Ces tempêtes solaires pourraient bien perturber la détection des champs magnétiques chez les animaux. Une théorie qui n’est pas récente, mais qui n’a encore jamais été testée jusqu’à présent.

Aussi, dans un avenir proche, grâce au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), au Fonds d’innovation scientifique de la la NASA et au bureau de l’Ocean Energy Management (BLOEM), des appareils d’enregistrement de données vont être installés dans les fonds marins et sur les principaux sites d’échouage de cétacés dans le but de comparer les résultats avec ceux de l’activité spatiale relevés durant la même période : peut-être sera-t-il possible d’établir un lien entre les baleines échouées ou désorientées et la météo spatiale. L’étude(2), qui pourrait permettre d’utiliser les rapports de tempêtes solaires comme des signaux d’alerte à de potentiels échouages massifs, afin de prévoir une meilleure réponse des équipes de sauvetage, devrait s’achever en fin d’année 2017. Affaire à suivre donc !

baleines échouées, globicéphales

Groupe de globicéphales © Andrew Sutton Shutterstock

Pour quelle raison de nombreuses baleines échouées reviennent-elles sur la plage après avoir été renflouées ?

Les cétacés sont très difficiles à renflouer au large, car tant que certains de leurs congénères sont encore en souffrance sur la grève et qu’ils émettent des vocalises de détresse, les rescapés auront tendance à retourner systématiquement auprès d’eux.

L’expérience des secouristes montre que les animaux doivent être maintenus stationnaires, immergés avec leur évent à l’air libre, avant d’être reconduits vers le large, le temps de restaurer leur homéostasie (équilibre). Le syndrome échouage est complexe, fait intervenir un nombre de
réactions en chaîne au cours du temps.

De plus, l’échouage reste un événement très traumatisant pour les animaux et des lésions physiques et physiologiques apparaissent rapidement : complications hémodynamiques et
thrombo-emboliques, cardio-vasculaires dues à l’immobilisation, et le tableau clinique s’assombrit (plus ou moins rapidement selon l’espèce, l’état de santé, etc., au fur et à mesure que le temps passe.

Ainsi les échouages, qu’ils soient massifs ou non, doivent être pris en charge immédiatement par des vétérinaires formés, capables d’une prise en charge rationnelle de la situation et d’appréhender ces cas d’extrême urgence.

Illustration bannière : Baleines échouées sur une plage en Australie – © Bahnfrend (CC BY-SA 3.0) via Wikimedia Commons
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4 commentaires Donnez votre avis
  1. Quelque soit le problème, les sardines n’utilise pas l’écholocalisation. En revenche, ils consommes tous soit des protistes, soit des autotrophe. Un virus n’agirait pas un peu partout sur la planète. Les champs électromagnétiques on beaucoup moin d’éffet dans les océans qui son beaucoup plus protéger du rayonnement solaire que notre matèrièle électronique, et le soleil est relativement très calme, d’autant plus que la quasi totalité est canalisé sur les pôles et, grâce à l’albédo, renvoyer dans l’espace. C’est donc forcément dans l’injèsta, soit des dinoflagélé, ou des déchets.

    • j’ai lu des conneries mais la vôtre c’est le pompon vous êtes bien un gaulois FORA!!!

  2. Pour ce qui concerne le dernier paragraphe, à ôter…

  3. Les globicéphales sont des dauphins. Pour connaître la raison des échouages, il faut d’abord l’étudier, ce qui nécessite des autopsies réalisées par des vétérinaires (les biologistes font des dissections et ne sont donc pas en mesure de déterminer l’origine d’une lésion qui relève de la discipline médicale ; très souvent, ce sont des bénévoles lambda, sans formation scientifique, qui « découpent » les carcasses (cf. France)), vérifier les modifications des paramètres environnementaux, que ces modifications soient d’origine anthropique ou non, etc…. Dans le dernier cas d’échouage en masse, en Nouvelle-Zélande (l’article n’est pas mis à jour sur le nombre de victimes, cf. le site du DOC néo-zélandais), un bateau de prospection sismique (PGS Apollo) a dépassé les seuils d’émission autorisés (nouvelle technique 3D et 4D qui ne laisse aucune chance aux animaux proches de la source), ce qui aurait dû le conduire à financer les autopsies d’après le contrat. Aucune autopsie n’a été réalisée. Il est étonnant que les journalistes ne vérifient jamais la source de l’information dans ce cas précis, ne serait-ce qu’en se renseignant sur l’existence de rapports d’autopsie et se contente des croyances.
    Le profil bathymétrique de Farewell Spit est un facteur aggravant mais pas responsable de l’échouage.

    Sinon, toutes les espèces de cétacés sont concernées par les échouages (cf. le blog de l' »actu océanique »), etc…

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