C’est un projet d’ordre avant tout politique. Dans la région éloignée du sud est, de l’Anatolie, le contrôle des fleuves permet le contrôle des peuples. L’AKP est l’initiateur du « GAP project » (South Eastern Anatolia Project). L’objet officiel est de relancer l’économie dans le sud est, kurde, de la Turquie par l’agriculture, la construction de barrages, la construction d’universités et le tourisme. Toki, l’agence de développement du logement officielle mise en place par l’AKP, en est le grand ordonnateur. Les constructions locales lui permettent de gagner de l’argent, et de reloger les habitants dont les villages ont été inondés.
Ce sera bientôt le cas pour Hasankeyf et de sa citadelle construite par les Ayyoubides au XIII siècle, malgré les protestations nombreuses de la société civile.
© Mathias Depardon, 2014
Sur l’Euphrate, le lac artificiel et le barrage de la municipalité d’Halfeti datent des années 1990. Le village de Savaçan a été inondé par le barrage de Birecik. Le mirador de sa mosquée sort des eaux, tel le périscope d’un monde sous marin. Les bateaux de tourisme en font leur affaire. En surface, les bateaux de touristes crachent de la musique à plein pot. Les touristes viennent en nombre, principalement de la région.
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Mathias Depardon
Mathias, photographe professionnel, est né en 1980 en France, où il a grandi, ainsi qu’en Belgique et aux États-Unis. Après des études de communication et de journalisme à Bruxelles, Mathias a rejoint pour un court temps le journal belge national Le Soir avant de se consacrer entièrement au reportage photographique. Il est aujourd’hui photographe pour Getty Images. Il a gagné la Bourse du Talent en 2011 pour son reportage « Au-delà de la frontière ». Ses photographies sont incluses dans la collection de la Bibliothèque Nationale de France à Paris. Il est aujourd’hui basé à Istanbul en Turquie. Son travail peut être suivi sur son site.