Des chercheurs de l’université de Stanford, en Californie, ont présenté dans la prestigieuse revue scientifique Nature début avril 2015, un prototype de batterie en aluminium aux vertus multiples (dite aluminium-ion), promettant une possible rupture technologique pour les multiples applications quotidiennes nécessitant une batterie (dont, probablement, celle avec laquelle vous lisez cet article). Ses qualités sont telles qu’on se prêterait à rêver… un peu trop vite.
Aluminium-ion : une rupture si prometteuse…
C’est la toute première batterie aluminium-ion qui soit à un tel niveau de performance et qui offre de multiples avantages :
- Une recharge en une minute, par rapport à des temps de recharge de plusieurs heures pour les rivales actuelles.
- 500 recharges, sans perte de capacité, contre 1.000 pour une batterie ordinaire.
- Un matériau flexible, qui peut se tordre et se plier, permettant de s’adapter à des objets souples.
- Beaucoup moins de pollution que les batteries actuelles alcalines lithium-ion.
- Et, gage de réussite, un coût moindre : l’aluminium est nettement moins cher que le lithium.
… que ça devait forcément être louche
La batterie aluminium-ion pourrait donc, sur le papier, remplacer largement les batteries alcalines – particulièrement polluantes – ou les batteries lithium-ion – qui ont la mauvaise habitude de s’enflammer – actuellement universelles… si ce n’était qu’en vous ayant dit cela, les chercheurs de Stanford ne vous ont présenté que la moitié pleine du verre.
« Cette batterie stocke 5 à 10 fois moins d’énergie par unité de masse qu’une batterie lithium-ion », relève le professeur Patrice Simon de l’université Paul Sabatier à Toulouse pour le Figaro.
Il note toutefois : « C’est vraiment intéressant (…). En l’état, cela ne concurrencera jamais les batteries au lithium actuelles, mais cela vaut le coup de creuser dans cette direction étant donné le coût très faible et l’abondance de l’aluminium. »
Signe d’une recherche effrénée, des percées technologiques possibles
Cette dernière annonce de rupture technologique est le reflet de la quête du graal du stockage énergétique intense que mènent de nombreux laboratoires de recherche. C’est un enjeu économique colossal : en plus des appareils électroniques de toutes sortes dont notre économie est devenue si dépendante, des batteries de grande taille et peu chères permettraient le stockage massif de l’électricité issue des énergies renouvelables, améliorant ainsi considérablement les perspectives de déploiement de ces énergies, ainsi que l’utilisation en masse des véhicules électriques.
Pour le geek en vous : un peu de technique
La recherche sur une batterie aluminium est en cours depuis des années, du fait de son coût bas, de sa faible propension à s’enflammer, et de sa capacité de stockage élevée. Mais le développement se heurtait sur le coût. L’enjeu était de trouver des matériaux capables de produire un voltage suffisant après des cycles répétés de charges et décharges. Les prototypes précédents mourraient en général après une centaine de recharges.
Techniquement, une batterie aluminium-ion se compose de deux électrodes : une anode chargée négativement, en aluminium, et une cathode chargée positivement. Hongjie Dai, professeur de chimie à Stanford, explique : « Les recherches ont porté sur différents types de matériaux pour la cathode. Nous avons découvert par accident qu’une solution simple est d’utiliser du graphite, qui est, à la base, du carbone. Dans notre étude, nous avons identifié plusieurs types de matériaux en graphite qui offrent de très bonnes performances. »
Le voltage, s’il est supérieur à des batteries alcalines de capacité équivalente, est toutefois encore plus faible que celui de leurs homologues lithium-ion. D’autres améliorations sont donc encore à l’étude pour améliorer la performance des cathodes. Cette nouvelle prétendue rupture technologique en matière de batterie n’aura, encore une fois, pas été la bonne… jusqu’à la prochaine !
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Bonjour
Sachez qu’il existe un décalage entre la recherche la communication scientifique et ensuite la communication commerciale. Quand des chercheurs parlent, les communicants transmettent mais quand les chercheurs sont au point la ils se taisent un moment et se préparent à la phase commerciale avec des entreprises commerciales et ne communiquent plus pendant un moment afin de se préserver. Vola pourquoi l’on se retrouve souvent sur des sujets intéressant entre info ou intox, alors rien n’est faux ni encore totalement « commercialisable » disons.
Il existe des technologies révolutionnaires qui ne sont pas dans les médias divers et qui arrivent commercialement dans le monde, ce qui prouve que derrière la recherche à avancé mais dans une stratégie de communication bien étudiée. Salutations.
Si j’en crois un ancien article de cette rubrique, la batterie rechargeable en 1 mn existe déjà, en prototype du moins.
Si mes souvenirs sont bons, et si ce n’étais pas un poisson d’Avril, SONY mettait au point une batterie à base de papier( cellulose) et de bactéries.
Rechargement d’une ramette de papier: 1 mn. Donc ça existe…..
Questions : où en est cette recherche ???
Parce que c’est bien beau de nous annoncer tous les 6 mois un scoop d’une invention formidable, mais qu’on ne voit jamais sortir.
Bonjour,
Votre titre est… trompeur.
Cette technologie n’est PAS un leurre. C’est une réalité chimique et physique. Il serait utile à la communauté que votre équipe journaliste ne se contente pas du propos du dernier « qui a parlé ».
La plupart des lecteurs est conditionnée par un titre (quel qu’en soit la tendance) ; sa porté est fondamentale sur le sens de lecture.
Laissez donc au lecteur se faire sa propre opinion selon les INFORMATIONS FACTUELLES que vous développez.
Au lieu de « … polluer… est un leurre. », ne serait-il pas plus objectif de titrer « … polluer ? »
Par ailleurs, je pense que vous devriez être un peu plus humble. Juger des travaux de scientifiques… n’est visiblement pas à votre portée.
Il faut un peu plus de rigueur…
Encore un article qui ne sert à rien, si ce n’est parler de choses que l’on ne comprend pas.
Dites-nous, chez qui avez-vous des actions ? Union Carbide, EDF, Rhone-Poulenc ?…
Complément d’info : les chercheurs de Stanford annoncent « 3 ans de recherches intenses, 5 ans avant la commercialisation ».
En fait, la vitesse de recharge n’est pas si fondamentale. Peu m’importe de pouvoir recharger mon smartphone en 1 minute en pleine nature loin de toute prise électrique.
Peu m’importe que la batterie de ma voiture electrique aurait la/possibilité de se recharger en 1 minute, alors que ma prise électrique ne fournira qu’une intensité électrique limitée et demandera donc des heures de recharge. Non, ici, l’essentiel, c’est la densité énergétique, celle qui me permettrait d’éviter la panne.
Quand au stockage des énergies renouvelables, encore une fois, la durée de recharge n’a aucune importance, c’est avant tout le prix et le nombre de cycles qui entrent en jeu, alors dans ce cas, pourquoi pas une avancée ?
La communication de Stanford, largement reprise dans la presse, annonce une recharge en une minute, et tous les avantages que nous listons. Mais ne mentionne pas la vitesse de décharge et laisse le lecteur non averti penser à une commercialisation prochaine. Avec consoGlobe, vous êtes mieux averti.
« reprise dans la presse »… C’est bien là le problème. De reprise en reprise, l’œuf devient poule.
Et vous, connaissez-vous la date de commercialisation ?
A vrai dire, qui la connaît ?..
Si l’on veut être pertinent et honnête, on peut peut-être se demander quelles vont être les réactions (et il y en aura…) des ténors des technologie actuelles concurrentes, par exemple.
Là, ça devient intéressant. Savoir si le lobby du lithium et les états qui en sont maîtres (non je n’ai pas dit la Chine…) ont intérêt à ce que cette technologie voie le jour, autre exemple.
Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez réaliser une batterie de ce type avec très peu de matériaux (et très peu de connaissances…) ; une multitude de vidéos sont disponibles sur le Net.
Avec consoGlobe, vous n’êtes pas mieux averti, vous êtes moins enthousiastes.
Pourquoi les bonnes idées se heurtent-elles systématiquement à ce genre de scepticisme pathologique ? Une nouvelle mode, un « must be » bobo bien franchouyard ?
C’est en tous cas de cette façon que l’on tue les idées.
Avant de jouer les journaleux,assurez vous d’avoir en possession les bonnes informations.
Vous donnez des chiffres faux à plusieurs reprises (nombre de cycles par exemple)….
Encore un apprenti journaliste qui cherche à faire le buzz…
Les informations sont reprises du site de l’équipe de Stanford elle-même…
Pour faire écho à votre critique sur le poids … votre article apparait bien léger !
Je reste convaincu de l’importance de cette découverte.
Cette découverte est importante, comme d’autres. Mais la communication de l’équipe de Stanford ne donne pas l’information complète. Ils annoncent 7500 cycles sans perte d’autonomie, soit quasiment 10 fois mieux que le lithium, mais ce qui compte c’est le temps total des successions de charges et décharges possibles. Or si la charge et la décharge sont 10 fois plus rapides, on peut mécaniquement en faire 10 fois plus. La durée de vie ne serait donc pas meilleure.
Votre négativisme est impressionnant …
C’est très beau la recherche, et à force de chercher on trouve un jour. Alors tout doit être encouragé, jusqu’à ce qu’on aboutisse. Ne trouvez-vous pas ?
Ce que le lecteur doit distinguer ici c’est l’importance de l’annonce d’un point de vue scientifique de l’impression, incorrecte, qui en ressort que les applications commerciales seraient proches. La recherche est absolument indispensable, et les progrès dans le domaine des batteries sont nombreux. Prochain article faisant le point sur ces avancées prochainement.
Pourquoi un leurre ? Déjà c’est très intéressant pour les usages sédentaires (penser énergies renouvelables intermittentes ou applications domestiques comme la récente batterie Tesla), où le facteur poids est négligeable. Ensuite l’aluminium ne pose pas tous les problèmes environnementaux ou géopolitiques de l’exploitation du lithium. Enfin une batterie aluminium pourrait être intégrée dans les éléments structurels de la voiture ou du téléphone, ce qui est impossible à réaliser avec le lithium. La carrosserie du véhicule ou la coque du téléphone deviendraient ainsi capable de stocker l’énergie, rendant inutile le composant batterie. Alors certes ça ne remplace pas tous les usages du lithium, mais suffisamment pour réduire la pression économique sur le matériau et pour vaincre l’argument financier du stockage d’énergie à grande échelle.
Oui, et d’ailleurs les avantages de la batterie sont présentés dans l’article, mais cf les réponses aux commentaires ci-dessus et l’article : tout n’est pas dit par l’équipe de Stanford.