Elles font partie intégrante de l’identité culinaire de la Belgique, accompagnées de mayonnaise, à déguster brûlantes après avoir longuement fait la queue (bien souvent sous la drache)… On aimerait tant que l’Unesco les reconnaisse enfin comme l’un des symboles mondiaux du patrimoine culturel. Pourtant les changements climatiques leur font traverser de mauvais moments !
Aux grands maux, les grands remèdes : faudra faire des frites moins longues
Comme en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en France ou encore dans l’ouest de l’Allemagne, l’été 2018 est particulièrement sec en Belgique. C’est même l’été le plus chaud enregistré en Belgique depuis 1833 et le début des relevés météorologiques. Résultat, la production de pommes de terre est inférieure « à la normale » !
Avec seulement 20 journées de précipitations relevées sur tout l’été et des températures 2°C au-dessus de la normale saisonnière, les sols sont ultra secs. Aussi, « la production de pommes de terre est 25 % inférieure à la normale, en comparaison aux récoltes des cinq années précédentes » a annoncé Pierre Lebrun, le coordinateur de la Filière wallonne de la pomme de terre à SudPresse.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul
Non seulement il y aura moins de pommes de terre que d’habitude, mais elles seront aussi plus petites que la normale…
« Généralement, pour avoir de longues frites, on travaille des tubercules avec un diamètre de plus de 50 mm. On arrive alors à avoir des frites de 8 à 9 cm. Cette fois, comme les tubercules sont plus petits, les frites seront plus petites », rapporte Pierre Lebrun. Le chiffre de 3 cm en moins circule dans la presse belge.
Et inutile d’espérer trouver des frites plus longues chez les voisins, c’est partout le même constat !
Ainsi le changement climatique, à travers le manque de précipitations, va avoir une incidence sur le contenu des cornets de frites… Et en Belgique, on se demande déjà : si les frites sont plus courtes, on va en avoir plus dans le paquet ?
Question importante mais qui risque bien de fâcher
Car qui dit beaucoup de demande et peu d’offre, dit… hausse des prix !
Début août, Bernard Lefèvre, président d’Unafri-Navefri (l’association belge des frituristes) alertait sur Politico : « Les prix ont déjà augmenté et les tubercules vont être plus petits, mais on ne sait rien dire pour l’instant. On espère. C’est la première fois que les Belges prient pour plus de pluie » ! Et elle n’est pas tombée…
Toujours début août, Romain Cools, secrétaire général de Belgapom, le plus grand producteur de pommes de terre de Belgique, a déclaré au Guardian : « En 2017, une tonne de pommes de terre se négociait à 25 euros, car l’offre était très importante. Nous parlons maintenant de 250 à 300 euros par tonne ». Ça pourrait vite faire très cher le cornet de frites qui se vend actuellement autour de 3,20 euros !
Et les producteurs dans tout ça ?
Les agriculteurs belges – mais ils ne sont pas les seuls en Europe-, ont des difficultés à nourrir et désaltérer leur bétail. Non seulement, ils utilisent leurs dernières réserves pour entretenir leur cheptel, mais ils ne peuvent pas non plus en constituer pour l’hiver… Et en plus les récoltes sont mauvaises !
La Commission européenne a décidé de permettre à tous les pays de l’UE qui en font la demande, une exemption de la mesure imposant de laisser une partie des champs agricoles en jachère afin de protéger la biodiversité. Les agriculteurs pourront utiliser ces terres pour nourrir leur bétail. Bruxelles a également donné son feu vert aux pays d’avancer leurs paiements à octobre au lieu de décembre.
Comme il y a de fortes chances que des étés plus chauds et secs ne deviennent la norme dans les prochaines années, agriculteurs et décideurs politiques ont-ils d’autre choix de réfléchir à un système agricole plus résilient ?
En attendant, on va manger des frites plus petites et plus chères !
Illustration bannière : Frites en Belgique – © Dinozzzaver
A lire absolument