Pour remonter à l’ancêtre du riz moderne, les chercheurs ont eu recours au séquençage de son génome. Cette technique a permis de prouver que du riz poussait déjà en Afrique il y a 10.000 ans et que sa soudaine rareté a eu pour conséquence sa domestication.
Le riz d’Afrique, un plant bien adapté à la sécheresse
Si vous vous demandiez pourquoi l’Afrique et l’Asie ne produisaient pas le même riz, une équipe de chercheurs placés sous la direction d’Yves Vigouroux, de l’Institut de recherche pour le développement, a désormais une réponse.
Et la raison tient à l’histoire qui, dans le cas du riz, est singulière pour chacune des deux espèces. Les analyses menées par l’équipe d’Yves Vigouroux ont permis de démontrer que le riz poussait déjà en Afrique de l’Ouest il y a 10.000 ans. À l’époque, le Sahel n’était pas un désert aride mais une région modérément humide. Ne manquant pas d’eau, le riz pouvait y pousser confortablement, chose totalement impossible aujourd’hui.
Il y a 10.000 ans de cela, cette région ne disposait pas autant d’eau que l’Asie d’aujourd’hui. Dans ces conditions, le riz africain s’est adapté, parvenant à pousser même pendant des périodes prolongées sans pluie, et offrant une meilleure tolérance à la chaleur ainsi qu’une plus grande résistance aux maladies.
La domestication du riz, une réponse au changement climatique
Mais à un moment, le Sahel a commencé à devenir aride. La zone humide perdait de plus en plus de terrain. La région qui a résisté le plus longtemps à l’avancée du désert correspond peu ou prou au territoire de l’actuel Mali.
Selon Yves Vigouroux et son équipe, voyant que la zone où le riz poussait de façon naturelle se rétrécissait, nos ancêtres africains ont entrepris de le domestiquer.
Ce serait donc à ce moment-là, il y a 2.000 ans, qu’a commencé la culture du riz en Afrique. Mais dire que la tradition a traversé les siècles serait exagéré car dès le XVIe siècle, la culture du riz africain a commencé à reculer en Afrique. Les colonisateurs portugais ont apporté avec eux une nouvelle espèce de riz, le riz asiatique. Ce dernier a depuis supplanté le riz africain dans certaines régions du continent.
À une époque, le riz était une seule et même espèce
Les travaux d’Yves Vigouroux et son équipe ont aussi permis de reconstituer l’histoire du riz africain. Pour le faire, ses collègues ont analysé l’ADN de 163 plants de riz domestiqués. Leur base de données sur le génome des riz africains est d’ailleurs la plus étendue à ce jour.
Il se trouve que les deux riz (appelés aujourd’hui Oryza sative pour le riz asiatique et Oryza glaberrima pour le riz africain) formaient au départ une seule espèce. Mais leurs chemins génétiques se sont séparés il y a un million d’années… bien bien longtemps avant que l’homme n’entreprenne de les domestiquer.
article très intéressant .