Va-t-on acheter sans le savoir, dans les semaines à venir, de l’huile de tournesol comprenant en réalité de l’huile de palme ou bien des produits issus d’organismes génétiquement modifiés ? Possible, répond l’ONG Foodwatch dans son communiqué de vendredi. La raison : le tournesol entrant dans la composition de nombreux aliments ne peut plus être importé en raison du conflit russo-ukrainien.
Pénurie d’huile de tournesol : des substitutions sont inévitables
Avant la guerre, l’Ukraine et la Russie assuraient 73 % des livraisons mondiales d’huile de tournesol : les exportations en provenance d’Ukraine correspondaient à 23 % de la consommation mondiale et les exportations en provenance de Russie 50 %. Mais le conflit armé a rebattu les cartes et les Européens doivent se tourner vers d’autres marchés. Seulement voilà, établir de nouveaux partenariats et mettre en place de nouvelles chaînes logistiques prendra du temps. Avec en bout de chaîne : une hausse inévitable des prix.
Si l’huile de tournesol ne risque pas de disparaître des rayons, les fabricants de nombreuses denrées alimentaires qui en utilisaient en tant qu’ingrédient sont tentés de la remplacer par des alternatives, afin de ne pas trop augmenter les prix finaux de leurs produits. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a récemment organisé une réunion entre associations de consommateurs, fabricants et distributeurs pour évoquer la situation. Une chose est sûre : des substitutions sont inévitables. Et qui dit substitutions, dit huile de tournesol OGM et huile de palme.
Lire aussi : Arnaque sur l’étiquette : Foodwatch dénonce l’huile de palme masquée
Dérogations pour les étiquettes : Foodwatch ne souhaite pas que la France emboîte le pas à d’autres pays européens
Si ces deux types de produits entreront beaucoup plus largement dans notre quotidien, les industriels ne souhaitent pas communiquer sur leur présence, espérant qu’elle sera temporaire et qu’ils puissent revenir à leurs formulations initiales après la fin de la guerre. C’était d’ailleurs tout le sens de la réunion avec la DGCCRF : obtenir des dérogations pour ne pas avoir à changer les étiquettes et ce, malgré une reformulation du produit. Les produits concernés sont en effet nombreux : frites, chips, sauces, biscuits, margarines, plats préparés, pesto, poisson pané… Tous possèdent de l’huile de tournesol dans leur composition.
Il en va de même pour l’alimentation animale, en l’occurrence les tourteaux de tournesol, qui seront probablement issus de cultures OGM. Les industriels souhaitent en effet vendre du poulet ou du porc nourri avec des tourteaux OGM sans l’indiquer sur l’emballage. Face à la guerre russo-ukrainienne, de telles dérogations ont déjà été accordées aux industriels en Italie, Finlande, Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, entre autres. Une situation qui mécontente l’ONG Foodwatch, pour qui « la crise ne doit servir d’alibi ni à des abus, ni à un défaut d’information des consommateurs ». « Nous demandons que tout changement soit communiqué sur les emballages directement, en rayons, sur les sites des marques, les réseaux sociaux et sur les sites de vente en ligne », réclame-t-elle.
Va-t-on bientôt consommer sans le savoir des OGM et de l’huile de palme en achetant de l’huile de tournesol ? © iStock.
A lire absolument