Si nous sommes ce que nous mangeons, ce que nous donnons à manger à nos compagnons de vie, chiens et chats reflète aussi nos modes de vie : la tendance donnée dans les rayons au bio, aux aliments sur mesure, ou diététiques, est symptomatique d’un dérèglement de nos modes de production et consommation alimentaires.
Le petfood : l’alimentation de nos chiens et chats n’est plus ce qu’elle était
Il fut un temps où chiens et chats se nourrissaient exclusivement de viande, en partie obtenue par leurs propres soins. Le marché du « petfood » est aujourd’hui beaucoup trop lucratif pour être abandonné à des pratiques aussi primaires : selon le cabinet d’étude en développement de nouveaux marchés Alcimed(1), le rayon alimentation pour animaux de compagnie est le troisième plus important en épicerie derrière le café et les biscuits. Aux Etats-Unis, premier marché mondial devant l’Union européenne, les ventes ont doublé ces 15 dernières années.
Et le marché mondial se porte bien : Alcimed prédit une croissance de 5 % par an dans les prochaines années, notamment dans les pays émergents, Brésil en tête, après avoir atteint 90 milliards d’euros en 2014, soins et nourriture confondus.
Les marges sont alléchantes, et bien supérieures à celles pour l’alimentation humaine : 20 % pour des marques standards. Mais 30 % pour les marques premium, et jusqu’à 40 % pour les aliments pour animaux ‘naturels’, ‘bio’ et ‘gourmets’…
Des « parents » encouragés à être aux petits soins
Aux États-Unis, les producteurs parlent immanquablement des « parents » des chiens et chats, jouant, vous l’aurez compris, sur les sentiments d’affection, responsabilité, et sur l’humanisation de leurs compagnons de vie, pour mieux puiser dans leur porte monnaie, ciblant en particulier les classes supérieures, sensibilisées aux thématiques du ‘healthy‘.
Anne-Claire Lapie, responsable de mission chez Alcimed, explique qu’effectivement « l’animal est vu comme un membre à part entière de la famille. On lui donne la même chose que ce qu’on pourrait donner à son enfant ». Elle ajoute : « Comme dans l’alimentation humaine, ce sont les aspects santé et nutrition qui se sont le plus fortement développés ces dernières années pour répondre à l’allongement de la durée de vie de nos animaux de compagnie ».
Aujourd’hui, avec environ 300 références en hypermarchés, les acteurs du petfood tentent donc tout pour se distinguer et participer de ce créneau profitable.
Au menu de nos chiens et chats : diététique, bio, snacking… et éthique
Résultat : début 2015, le fabricant Purina a mis sur le marché une offre « digestion » sur sa gamme Friskies, et des recettes ont été développées pour améliorer l’état de la peau, du pelage, ou encore de l’hygiène buccodentaire.
Le surpoids, qui touche 40 % des chiens et chats, motive également le marketing. Ainsi, Mars Pedigree fait désormais apparaître l’apport calorique par portion et les recommandations journalières sur l’emballage. Des produits ciblés sont proposés selon la race, le niveau d’activité, les problèmes de digestion ou de stérilisation.
Le caractère ‘naturel’ des produits proposés est depuis 10 ans un fort levier de croissance du marché. Il aura été mis en avant sur 79 % des produits lancés en 2014.
Reflet là aussi de modes très humaines, le snacking serait le segment le plus dynamique du marché, avec des biscuits cuits au four, des bâtonnets, des portions individuelles pour chats, ou encore une nourriture personnalisée, comme le propose Nestlé Purina avec sa marque Just Right. Aux Etats-Unis, Purina propose aux maîtres de concevoir sur internet des croquettes sur mesure, livrées à domicile avec la photo du chien imprimée sur le paquet.
Le parallèlisme avec le marché de l’alimentation humaine ne serait pas complet sans l’accent mis sur le premium et la gourmandise, avec des coffrets traiteur ou « des recettes du chef » développées pour chiens et chats.
L’éthique dans la gamelle
Alcimed relève également comment les producteurs s’engagent également sur des sujets de fond. Pedigree a ainsi établi des promesses de respect envers les normes de production, de contrôle qualité, ou de nutrition. La marque Sheba s’est engagée sur la qualité de ses aliments via l’écolabel MSC, qui s’applique à 85 % – selon la marque – de ses conserves au poisson, ce qui garantit que les poissons sont issus d’une pêche durable.
Un marketing très humain qui cache une malbouffe très humaine
Les croquettes, « c’est la malbouffe organisée pour les chiens » pour réduire les coûts, dénonce le Dr Pierre May, vétérinaire spécialiste des médecines alternatives, dans une dépêche AFP. Il ajoute : « l’obsession des industriels, est de faire manger aux animaux domestiques ce qu’ils ne doivent pas manger, c’est-à-dire des céréales. Les produits des grandes marques en contiennent plus de 50 %. Or un chien est un carnivore presque strict et un chat, un carnivore strict ». Moins de viande, plus de profits…
Les producteurs, comme Sophie Dubois chez Purina, répliquent que la quantité de céréales est « adaptée aux besoins de la digestion ». Vous noterez de nouveau la confusion entretenue, sans le dire, entre les conseils nutritionnels pour humains – mangez des fibres – et les spécificités de la nourriture pour chiens et chats.
La vétérinaire autrichienne Jutta Ziegler dénonce à cet égard « la création d’un besoin qui n’existe pas » quand un régime à base de viande crue suffit. Des maîtres y reviennent. Mais déjà, pour ne pas perdre une miette d’une marché si lucratif, l’industrie propose des croquettes « sans grains », où patates douces et lentilles remplacent les céréales.
Bonjour, pourquoi ne citez vous pas de marques biologiques dans votre articles comme Nestor Bio par exemple, label AB et fabriqué en France ou Yarrah, Forza10 Bio, Felichef Bio et Canichef Bio, Biosch, Petit chéri, Equilibre & Insctinct Bio etc… ? On parle toujours des grands groupes de l’alimentation conventionnelle comme Nestlé Purina etc… mais rarement des marques bio ou des boutiques qui les proposent comme l’animalerie en ligne bien connue car 100% BIO pour les toutous et matous toutoubio.com
Très juste ! On en parlera bientôt.