Bruxelles a rendu sa décision concernant les biocarburants : ceux à base d’huile de palme sont considérés comme non durables. Mais le soja, lui, est épargné.
Bruxelles a tranché : l’huile de palme est épinglée, mais pas le soja
La Commission européenne s’est enfin exprimée sur la catégorisation des biocarburants. Son projet d’ « acte délégué » classe les biocarburants à base d’huile de palme comme non durables et ouvre ainsi la voie à leur disparition des objectifs d’énergies renouvelables d’ici 2030(1).
Une décision prise sur la base de recherches scientifiques. Selon ces études, entre 2008 et 2015, 45 % des plantations de palmier à huile se trouvaient sur des zones riches en carbone. Une source de la Commission révèle que ce chiffre serait « incomparable avec celui des autres matières premières ».
Un texte pourtant décevant
Mais la décision de Bruxelles, si elle était très attendue, déçoit : le texte recèlerait ainsi de nombreuses failles, selon les associations environnementales.
En effet, le soja, lui, est épargné. La Commission, s’appuyant sur des recherches menées grâce à des cartes satellites, a conclu que cette culture impactait moins la déforestation. La Commission explique que l’expansion des cultures de soja, sur des zones riches en carbone, a fortement diminué.
Les gouvernements malaisiens et indonésiens dans la la ligne de mire des ONG environnementales
Suite à cette décision d’épargner le soja, les associations de défense de l’environnement sont vent debout. Laura Buffet, de l’ONG Transport & Environnement, dénonce dans les colonnes de Libération(2) : « Le soja, dont l’impact considérable sur l’utilisation de nouvelles terres a été prouvé par la Commission européenne elle-même, n’est pas intégré dans le texte. Le fait que la production de petites plantations indépendantes d’huile de palme soit exemptée, vide de son sens le texte car la majorité de cette huile provient de ce type de plantations contrôlées par des grands groupes. De plus, il a été démontré que, sans aide d’État, les agrocarburants à base d’huile de palme et de soja ne seraient pas concurrentiels face au pétrole ».
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Les ONG dénoncent des pressions des gouvernements malaisien et indonésien. Pour rappel, ces deux pays sont les plus gros producteurs mondiaux d’huile de palme. Selon Greenpeace, la déforestation causée par la production d’huile de palme dans ces deux pays est loin de ralentir. Au total, plus de 130.000 hectares de forêts et de tourbières ont été détruits depuis 2015, soit une surface équivalente à treize fois Paris.
Illustration bannière : graines d’huile palme – © nirapai boonpheng
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