Les biocarburants pourraient créer 148.000 emplois en France

Rédigé par Abrial Gilbert-d'Halluin, le 2 Mar 2015, à 16 h 30 min
Les biocarburants pourraient créer 148.000 emplois en France
Précédent
Suivant

L’industrie des biocarburants pourrait créer plusieurs centaines de milliers d’emplois à travers l’Europe, tout en permettant de réduire de près de 37 millions de tonnes la consommation de pétrole d’ici 2030, selon une récente étude du Conseil international des transports propres (ICCT), un institut de recherche international spécialisé dans les questions de transport. C’est une bonne nouvelle, alors que les institutions européennes discutent de leur avenir. A condition que les bonnes décisions soient prises…

Les vertus des biocarburants de seconde génération

Selon l’ICCT, l’Europe a maintenant toutes les cartes en main pour pouvoir amorcer ce virage. Elle a investi des sommes considérables ces dernières années dans l’élaboration des technologies pour transformer les déchets de biomasse en carburant. Ces déchets permettent d’exploiter les biocarburants dits « de seconde génération », produits en utilisant la partie non comestible des végétaux, permettent de propulser des véhicules en limitant leur rejet de CO2.

Tandis que ceux « de première génération », fortement décriés, sont extraits de produits agricoles (betterave, colza, maïs…) et entrent donc en compétition avec l’alimentation, ceux issus des déchets sont de fait plus vertueux.

Les technologies sont aujourd’hui au point qui permettent de diminuer drastiquement les émissions de carbone. Selon les estimations de l’ICCT, jusqu’à 16 % de la consommation de carburant des transports routiers européens pourraient être remplacés par ce type de biocarburants à court terme. Les biocarburants avancés issus des résidus végétaux peuvent permettre des réductions d’émissions de gaz à effet de serre supérieures à 60 % par rapport aux carburants conventionnels, même en tenant compte de la globalité de la chaîne de production et consommation.

Emplois directs, émissions réduites et revenus additionnels

Selon l’ICCT, ces biocarburants avancés pourraient représenter jusqu’à 148 000 emplois directs en France d’ici 2030. En effet, il existe un potentiel de :

  • 106 000 emplois temporaires pour la construction de 177 bioraffineries.
  • 34 000 emplois permanents dans la collecte des résidus agricoles et forestiers.
  • 8 000 emplois permanents pour l’exploitation des bioraffineries.

Seulement, pour sauter le pas, des politiques actives de promotion des biocarburants durables sont nécessaires. Cette nouvelle technologie énergétique est déjà utilisée, à petite échelle, dans de nombreux pays en Europe et pourrait connaitre un développement important si une certaine visibilité politique est au rendez-vous. Le potentiel économique est important : l’ICCT estime le supplément de revenus pour l’économie rurale sur toute l’Europe à 15 milliards d’euros [1].

Décisions européennes décisives

voiture-essence-carburant

Fin février 2015, le Parlement européen a statué sur une réforme des politiques concernant les biocarburants. Des objectifs précis de transition énergétique ont été fixés, accordant entre autres aux biogaz issus des déchets un minimum d’1,25 % de parts du marché énergétique sur le Vieux Continent.

Certains parlementaires se sont néanmoins opposés fermement à cette réforme, craignant un « éventuel impact négatif » sur une économie qui peine à se sortir de la crise. En réponse, les défenseurs ont voté en faveur d’une Europe qui doit se positionner dès à présent sur le marché des énergies alternatives en insistant d’avantage sur la non-dépendance au pétrole.

La prochaine étape, selon Nils Torvalds, député européen finlandais et promoteur du texte sur lequel le Parlement européen s’est prononcé fin février, sera de convaincre les gouvernements européens que la seconde génération de biocarburants à partir déchets et résidus est un débouché d’avenir dans lequel investir, ce que confirme l’étude de l’ICCT.

*

L’ICCT, en anglais International Council on Clean Transport, est une ONG indépendante de l’industrie dont la mission est d’apporter des analyses et des recherches scientifiques aux décideurs politiques sur les questions de transports propres. Sa mission, indique son site internet est « d’améliorer la performance environnementale et l’efficacité énergétique du transport routier, marin et aérien, au bénéfice de la santé publique et pour lutter contre le dérèglement climatique »

[1] L’étude « Wasted » de l’ICCT peut être trouvée ici : http://theicct.org/wasted-europes-untapped-resource-report

Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...




16 commentaires Donnez votre avis
  1. AU MODERATEUR …

    Faudrait peut-être revoir la question des liens internet qui sont tronqués depuis quelques temps.

    Est-ce de la censure ?

  2. Les bio carburants sont responsables de la faim dans le monde, c’est la plus grande ESCROQUERIE (avec les tests sur les animaux)

    un livre excellent à lire à ce sujet:  » destruction massive, géopolitique de la faim » jean Ziegler, lisez ce livre vous comprendez les réalités noires de ce monde!

     » Interrogé par le quotidien Libération d’aujourd’hui, l’ancien parlementaire socialiste suisse Jean Ziegler, nommé depuis 2000 comme le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, s’en prend aux spéculateurs et dénonce une fois de plus les biocarburants.

    A la question si les émeutes de la faim déstabilisent la planète, Ziegler répond que les problèmes sont de nature structurelle car sans rapports directs avec les conditions climatiques de la planète.

    « Quand le prix du riz flambe de 52% en deux mois, celui des céréales de 84% en quatre mois, et quand le prix du fret explose avec celui du pétrole, on précipite deux milliards de personnes sous le seuil de pauvreté. »

    Après avoir peint le tableau noir des conséquences terribles de ce qui se déroule actuellement, Ziegler affirme que la responsabilité de cette catastrophe réside « principalement dans l’indifférence des maîtres du monde, pays riches ou grands émergents. »

    Autre coupable : la course aux biocarburants. « Quand on lance, aux Etats-Unis, grâce à 6 milliards de subventions, une politique de biocarburants qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d’un crime contre l’humanité pour sa propre soif de carburant… »

    « Et quand l’UE décide de faire passer la part des biocarburants à 10% en 2020, elle reporte le fardeau sur les petites paysanneries africaines… »

    Cependant, Ziegler souligne que les biocarburants ne sont pas les seuls coupables, car « les pays pauvres paient leur quittance au FMI. » (…) « Les plans d’ajustement structurels du FMI imposent toujours des plantations d’exportation qui doivent servir à produire des devises et permettre au pays du Sud de payer les intérêts de la dette aux banques du Nord… »

    Le samedi 12 avril, le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, constatait soudainement que « si les prix de l’alimentation continuent à augmenter, (…) des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim. » et que cela « entraînera des cassures dans l’environnement économique et parfois la guerre. » Pourtant, il ne semble pas encore s’orienter vers la mise en place de politiques coupe-feu permettant de protéger les prix des denrées alimentaires de la spéculation folle et des ajustements structurelles du FMI… »

    • Très bonne argumentation de Vegan

    • Abrial Gilbert-d'Halluin

      @Vegan – Votre point à propos des biocarburants de 1er génération entrant en compétition avec l’alimentaire est correcte. L’article parle ici des biocarburants avancés, ou dis de 2ème génération à partir de résidus agricoles, forestiers et des déchets organiques. Ceux-ci ne rendre pas en compétition avec les cultures alimentaires.

      Abrial.

  3. Pour incorporer seulement 7% d’agrocarburant dans les carburants pétroliers, il faut y consacrer 2,2 millions d’hectares sur 18,8 millions d’hectares de terres cultivées en France (12%).

    energeia.voila.net/transport/agrocarburant_pv.htm

    Impossible de remplacer tous les carburants par des agrocarburants, d’autant plus que pour fabriquer l’ETBE incorporé dans l’essence il faut davantage d’isobutène provenant du pétrole que d’éthanol.

    Par contre, si tous les véhicules en circulation étaient remplacés par des véhicules électriques, il suffirait de 250.000 hectares de photovoltaïque sur des terrains sans valeur agricole (parkings, friches, jachères) ou de 125.000 hectares sur des toitures pour les alimenter en électricité. Ces terrains et toitures existent à profusion.

    On peut aussi compléter avec l’éolien et la biomasse issue de l’agroforesterie ou des déchets forestiers pour de la cogénération chaleur-électricité, avec des réseaux de chaleur. Bon complément pour la saison froide.

    C’est ce qui se fera lorsque les véhicules électriques seront moins coûteux (voitures, bus, camions) et auront une plus grande autonomie.

    Alors, grosse économie sur le pétrole, dont la production va de toute façon commencer à décliner dans quelques années.

  4. quoiqu’il en soit , si ça pollue moins , c’est déjà une bonne chose!
    pour le coût des des déchets organiques il suffit d’organiser des zones de stokage obligatoires. de cette façon pas de spéculation possible.
    bien entendu très peu de députés voteraient pour ce type de loi ou décret, la plupart sont soudayés par les industriels pétroliers , même si comme Total ils ne paient aucun impôt en France.

  5. Re bonjour
    J’ajoute que si l’objectif est que les « bio »gaz (ou plus correctement les GIVD gaz issus de valorisation de déchets) doivent représenter à terme 1,25% du mix énergétique global, ou 16% du mix transport, la réorganisation des transports serait un levier bien plus puissant pour économiser l’énergie : des camions frigo circulent à grande vitesse pour transporter des denrées pas du tout périssables, comme de l’eau minérale, qui pourraient être acheminées par fer ou voie fluviale, ou même par benne.
    Mais voilà : la grande distribution, en particulier, exige des délais de livraison ultra rapides quels que soient les produits, sans aucune considération de durabilité et en laissant la responsabilité environnementale au transporteur. J’ai vu des pommes de terre voyager de Mâcon à Nantes (630km), comme s’il n’y avait pas de patates dans l’Ouest. Ces patates sont obligatoirement conservées au froid (puisque lavées) d’où une dépense d’énergie accrue…

  6. Tout cela n’est qu’illusion …et investissements colossaux impossibles à amortir car les détenteurs de ces « déchets », prennent de plus en plus conscience de leur valeur. Ils ne sont donc plus disposés à payer pour s’en débarrasser…depuis peu, ils ne les cèdent qu’au plus offrant des gestionnaire de « bio » méthaniseurs en manque de « nourriture » de qualité pour alimenter leurs installations extrêmement complexes à gérer qui seraient toutes en faillite sans les subsides de toutes sortes !!
    Par contre, nous ne pouvons qu’applaudir à l’initiative de la FAO pour déclarer 2015 l’année internationale des sols. La restauration de la biosphère, gravement dégradée, passe par celle des sols.
    C’est aussi le point de départ pour la maîtrise des changements climatiques.
    Il est plus que temps de lancer à l’échelle mondiale un vaste programme de gestion durable de la biomasse qui équivaut à la restauration de la teneur en humus des sols.
    Cette démarche passe par l’abandon rapide des techniques suicidaires de destruction massive de la biomasse comme:
    – L’épuration des eaux usées (le « tout à l’égout »);
    – La fabrication des « bio »-carburants, des pellets et du « bio » méthane;
    – La « ruée » vers les énergies « dites vertes » par combustion de la biomasse à grande échelle;
    pour plus de détails, rendez-vous sur bonne-eau-bonne-terre.over-blog.com/2014/05/relever-le-defi-des-changements-climatiques-c-est-possible-par-j-orszagh.html

    P.S.: Pour votre édification, afin de vous donner une idée plus précise de ce qui nous pend au nez, si l’être humain n’a pas, enfin, l’humilité de respecter les lois immuables de la nature, je vous conseille de regarder le film américain réalisé par Richard Fleisher, « Le Soleil Vert » inspiré du roman d’Harry Harrison : « Make room, make room ». – Toutes informations sur Wikipédia

  7. Encore une grossière erreur, une hérésie car tout ces déchets qui reviennent à la terre rentrent dans son cycle! donc si on les détournent pour en faire des biocarburants on appauvrit les sols on va déstabiliser voire détruire l’ écosystème du sol voire à terme le stériliser!
    La bonne voie est je pense la pile à combustible, l’énergie solaire !
    Il faudrait voir l’avenir et non pas le présent et ne pas céder aux sirènes de la politique.
    bien à vous

    • Bonjour
      Tout à fait d’accord avec vous : les déchets « non comestibles pour l’homme » (composés carbonés = celluloses et lignine) sont en réalité très comestibles pour les microrganismes qui travaillent dans le sol et encore mieux dans le compost. Il faut le marteler : ce ne sont pas du tout des déchets !! Ils sont parfaitement recyclables !! Mais pas avec des machines et des capitaux. Si on ne restitue pas de carbone au sol agricole on l’appauvrit, d’où le recours massif aux engrais et par conséquent aux pesticides.
      La bonne solution est comme dit Lambert de réduire les besoins : transports en commun, réorganisation des trajets, emploi sur place etc. Il faut bien voir qu’un développement réellement durable implique une réduction des transports, ça ne plaît pas aux transporteurs.
      Le chiffre de 148 000 emplois est à vérifier soigneusement, car avancé par le lobby des transports, qui est « un peu » partisan.
      Les emplois en question sont des emplois peu qualifiés, bien moins que des agriculteurs soucieux de la pérennité du sol et sachant composter. Notre ministre Le Foll injecte 2 milliards d’euros dans la méthanisation pour 2000 emplois soit 1 million d’euros par emploi créé. La formation et l’aide à une agriculture durable sur le long terme seraient un investissement bien plus intelligent mais voilà, les emplois seront comptés à l’unité près par les candidats à la présidentielle en 2017.
      Enfin appeler ça des « bio »carburants c’est du greenwashing pur et dur, la FNAB devrait demander qu’un autre terme soit légalisé

  8. Quand on dit qu’on utilise les déchets de l’agriculture, est-ce que ça veut dire que ces déchets ne sont pas valorisé aujourd’hui?

  9. d’accord avec Yann et Maxime.
    En premier lieu ne faudrait-il pas penser à réduire l’utilisation des voitures individuelles et tenter plus sérieusement le covoiturage et les moyens doux de transport tels que le vélo,la » planche à roulettes »…ce qui serait bon pour la santé et l’environnement et pour les plus longues distances utiliser les transports en commun dont la volonté politique pourrait rendre les tarifs plus incitatifs

  10. Mais pas du tout, on parle d’utiliser les déchets, c.a.d. ce que l’on ne peut pas consommer. Il faut absolument trouver une solution, je suis en ce moment à Bali, Je viens de faire 3/4 d’h de moto, c’est épouvantable ce que l’on respire. Enfin moi je ne suis là que pour quelque temps, mais les autres? et tous les autres partout sur la terre, respirer ça, c’est incroyable qu’on en soit encore là en 2015.

  11. Marrant cet article, comme vous l’avez déjà signalé, les biocarburants sont nocifs pour l’humanité car ils occupent la place des cultures vivrières et utilisent énormément de pesticides et engrais, c’est donc mortel pour tout être vivant. Voir au Brésil c’est une catastrophe humanitaire et la disparition des petits paysans. Nous n’avons pas besoin des ces carburants.

  12. on ne dit pas « biocarburants » mais agrocarburants, même si en fait ce sont plutôt des nécrocarburants et que leur existence est comparable à un crime contre l’humanité !

    • Yann et Maxime merci vous avez tous dit,
      Le jour ou les humains comprendrons que la terre est faite pour nous nourrir, espérons qu’il ne soit pas trop tard !

Moi aussi je donne mon avis