Le dernier rapport européen sur le sujet souligne à quel point la situation des oiseaux sauvages et de leur habitat s’aggrave sur le Vieux Continent.
Un déclin des espèces et habitats qui n’est pas enrayé
Un habitat en danger, une espèce en déclin. C’est le lien de cause à effet mis en lumière par la troisième édition du rapport européen consacré à la protection des oiseaux sauvages(1). Un état des lieux réalisé tous les six ans avec l’Agence européenne pour l’environnement. Ainsi, entre 2013 et 2018, 53 % des espèces d’oiseaux sauvages sont considérées comme en déclin. Il semble bien que l’Union Européenne ne soit pas pas parvenue ces dernières années à enrayer le déclin des espèces et des types d’habitats protégés. « Les principales pressions liées à l’utilisation des terres et des ressources en eau qui ont contribué à la dégradation de la nature subsistent encore, souligne ce document. Ce qui se traduit par un écart important par rapport à l’objectif fixé pour 2020, à savoir enrayer et inverser de manière mesurable la dégradation de l’état de conservation des espèces et des habitats. »
Cette étude se penche au total sur l’état de conservation de près de 1.400 végétaux et autres animaux sauvages protégés, plus de 460 espèces d’oiseaux sauvages et 233 types d’habitats naturels. Le constat posé par ce rapport est des plus sévères. Au final, 30 % de toutes les espèces nicheuses évaluées sont en déclin à court terme. Sur le long terme, en matière de reproduction, les populations en déclin sont un peu plus nombreuses que celles en augmentation.
Une activité agricole intensive
Selon ce rapport, « les besoins de la nature n’ont pas été suffisamment pris en considération dans les principales politiques relatives à l’utilisation des terres et des ressources en eau pour surmonter les pressions négatives qui peuvent être exercées par des secteurs tels que l’agriculture et l’exploitation forestière. » Malgré l’extension significative du réseau Natura 2.000 et l’augmentation du nombre de sites dotés de plans de gestion, les progrès réalisés n’ont pas été suffisants pour améliorer l’état de conservation. La mise en place d’un réseau pleinement fonctionnel de zones protégées demeure incomplète, en particulier dans le milieu marin. Il faudrait également initier pour un grand nombre de sites des mesures de conservation reposant sur des objectifs de conservation clairement définis.
Quelle est la principale cause de ce déclin ? La croissance constante des activités agricoles, qui entraîne la destruction des habitats de ces espèces. En effet, une activité agricole intensive appauvrit les sols, les pollue de même que les eaux, sans oublier l’utilisation de pesticides à grande échelle et la disparition des arbres et des haies. Autant de situations dégradées qui empêchent les oiseaux de nidifier comme de nourrir leurs oisillons. « Depuis les années 50, souligne ce rapport, une agriculture plus intensive et spécialisée a progressivement contribué à l’appauvrissement continu de la biodiversité. Les pelouses, les habitats d’eau douce, les landes et les fourrés, ainsi que les tourbières et les bas-marais ont été les plus gravement touchés. » Par rapport à 2015, les évaluations des habitats agricoles indiquent une dégradation générale de l’état de conservation : la proportion d’habitats dont l’état est jugé « médiocres » est passée de 39 % à 45 %, seuls 8 % des habitats agricoles enregistrant une tendance à l’amélioration, alors que 45 % connaissent une dégradation.
81 % des espaces protégés en situation de conservation défavorable
Seuls 9 % des habitats répertoriés affichent des tendances à l’amélioration, tandis que 36 % enregistrent une dégradation continue. Au moins 25 % de toutes les évaluations des différents groupes d’habitats, à l’exception des habitats rocheux (15 %), font état de tendances à la dégradation. Les tourbières et les bas-marais, les pelouses et les habitats de dunes présentent la plus forte proportion de tendances à la dégradation (plus de 50 % pour chaque groupe). Sont maintenant considérés dans une situation de conservation défavorable au moins 81 % des espaces protégés, soit près d’un tiers de la superficie terrestre et 400.000 km² des eaux de l’Union européenne.
Cette évaluation aussi large que concrète fait apparaître la nécessité d’opérer un changement radical si l’on veut que demeure une chance réelle que la biodiversité de l’Europe soit sur la voie du rétablissement d’ici 2030, comme le prévoit la nouvelle stratégie européenne en faveur de la biodiversité. « Si nous n’y parvenons pas, non seulement notre patrimoine naturel commun, mais aussi les services vitaux qu’il fournit, qui sont en fin de compte les fondements de la santé et de la prospérité humaines, continueront de s’effriter », souligne cette étude.