Une étude réalisée en juin dernier par la Faculté des sciences de l’université de Copenhague en collaboration avec l’Université du Queensland, affirme que les activités humaines sont à la source de l’apparition de nouvelles espèces, et conclue que ces espèces récemment évoluées ne peuvent pas remplacer les espèces « sauvages » disparues.
Une spéciation de plus en plus « artificielle »
Selon cette étude(1), les humains contribuent non seulement à l’appauvrissement de la biodiversité mondiale, mais aussi, dans certains cas, à l’apparition de nouvelles espèces. C’est ce que l’on appelle la spéciation, qui peut aussi être d’origine entièrement naturelle, et qui s’opère, dans le cas des mutations dues aux pressions imposées par les humains au vivant, suivant trois grands mécanismes :
- les introductions accidentelles,
- la domestication des animaux et des cultures,
- la sélection non naturelle due à la chasse qui peut conduire à de nouveaux traits émergents chez les animaux,
- l’émergence de nouveaux écosystèmes tels que l’environnement urbain.
La délocalisation d’espèces, qu’elle soit délibérée ou accidentelle, conduit souvent à une hybridation avec d’autres, contribuant à la disparition des populations endémiques.
Pour exemple, le moustique du métro de Londres
Pour mettre en évidence la façon dont les activités humaines influent sur l’évolution des espèces, l’étude prend l’exemple du moustique « commun » qui peu à peu a réussi à s’adapter à l’environnement souterrain du métro à Londres : à présent communément nommé « London Underground Mosquito » (moustique du métro de Londres), il ne peut plus se croiser avec son homologue qui vole et pique au grand air, et est désormais considéré comme une espèce à part entière.
L’étude indique que bien qu’il soit impossible de quantifier exactement le nombre d’espèces « artificielles » causées par les activités humaines, l’impact de cette sorte de spéciation est potentiellement considérable.
Tenir compte de la spéciation pour mieux comprendre notre impact sur la biodiversité
L’étude rappelle que depuis la dernière période glaciaire, il y a 11.500 ans, environ 255 mammifères et 523 espèces d’oiseaux ont disparu à cause de l’activité humaine. 900 espèces connues ont été implantées hors de leurs habitats d’origine et plus de 470 animaux et 270 espèces végétales ont été domestiqués.
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Une autre chercheuse impliquée dans cette étude explique que dans ce contexte, il est difficile de chercher à déterminer un « nombre d’espèces » car cette mesure ne pourrait jamais tenir compte de tous les aspects de la biodiversité. Des chiffres entre les espèces disparues et nouvelles à l’équilibre ne seraient quoi qu’il en soit, pas acceptables, étant donné le poids que font peser des populations d’espèces domestiquées très homogènes sur les espèces sauvages plus fragiles.
En conclusion, les auteurs de l’étude soulignent que les espèces sauvages disparues ne peuvent pas être simplement remplacées par de nouvelles, et que les efforts de préservation de la nature restent tout aussi urgents. Toutefois, il semble primordial de tenir compte de ces phénomènes de spéciation pour une meilleure compréhension de notre impact sur la biodiversité mondiale.