La bioénergie correspond à l’énergie produite par les cellules végétales après transformation. Le potentiel de l’agrocarburant est important mais sa durabilité dépend de la gestion de la biomasse utilisée.
Les agrocarburants de première génération, une promesse déçue
L’une des formes de bioénergie que nous connaissons le plus sont les agrocarburants. Ils sont produits à basse de maïs ou de canne à sucre pour ceux de la première génération. Rapidement les agrocarburants de première génération sont apparus comme une solution pour accéder à des transports individuels non polluants. Ainsi l’Union Européenne a fortement favorisé le développement de ces agrocarburants. Produisant sur son territoire et achetant pour majorité aux Brésil et aux Etats-Unis.
La production mondiale de biocarburants est passée de 16 milliards de litre en 2000 à 105 milliards de litre en 2010(1). Cependant, très vite les associations environnementales et sociales ont tiré le signal d´alarme sur les conséquences que les objectifs européens (8,5 % d´agro-carburants de première génération pour aboutir à l’objectif de 10 % d´énergie renouvelable dans les transports) faisaient peser sur les pays producteurs. En effet, le bilan environnemental et social des agro-carburants de première génération s´est révélé moins positif que souhaité et ceux-ci pour plusieurs raisons.
La conversion des terres et le mode de culture, une réduction des puits de carbone
Une grande partie des agro-carburants sont cultivés sur des anciennes terres paysannes (ayant la spécificité d´avoir des cultures diversifiées) ou sur des terres forestières. Au Brésil, la culture des agro-carburants est une des causes de déforestation de la forêt amazonienne, qui a laissé la place à une monoculture industrielle avec apport d´engrais chimiques et utilisation d´engins motorisés. Cette transformation a comme conséquence de réduire la capacité d´absorption de carbone de ces territoires.
Une réduction de la biodiversité
Accompagnant cette réduction d´absorption du carbone, cette conversation des terres a également réduit la biodiversité présente dans ces écosystèmes transformés. La perte des habitations, la réduction de nourriture disponible par la monoculture et la mort des insectes et des petits mammifères par les pesticides ou encore le changement total d´écosystème pour les anciens sols forestiers sont des facteurs de réduction de la biodiversité.
Une entrée en concurrence avec l’alimentation
En 2008 ont éclaté les émeutes de la faim dans différents pays pauvres ou en voie de développement. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté (le prix du blé à doublé entre février 2007 et février 2008). Si les agrocarburants ne sont pas les seuls facteurs, la concurrence qu’ils font peser sur les denrées alimentaire a été une des causes de l´augmentation des prix.
La bioénergie une piste à ne pas négliger, nous disent les scientifiques
Face à constat, la solution pourrait être de mettre en place un moratoire sur les agrocarburants. Cependant, des scientifiques du monde entier, réunis en décembre 2013 à l´UNESCO ont redit la nécessité de ne pas négliger les opportunités que la bioénergie dans son ensemble apporte pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Tandis que la FAO a produit un rapport intitulé Bioénergie, sécurité alimentaire et durabilité : vers un cadre international(2) où elle évoque à nouveau l’opportunité de développement que représente la bioénergie si celle-ci est gérée durablement au niveau international. D’autant que les agrocarburants de seconde génération se font avec les éléments non comestibles des plantes et ceux de troisième génération sont réalisés à base d’algues. Aujourd’hui, les procédés ne permettent pas de les produire à une échelle industrielle, leurs coûts étant encore trop élevés mais il est nécessaire de pouvoir poursuivre la recherche.
Des erreurs à ne pas reproduire
Cependant, les scientifiques et les institutions internationales, l’UNESCO et la FAO en tête, soulignent la nécessité de s´assurer que la bioénergie soit produit et utilisé dans une logique de durabilité et sans mettre en danger l´équilibre économique et sociale des régions productrices. Ils soulignent l’importance de mettre en place des mesures internationale.
- Pour lutter contre la spéculation sur les terres : la manne financière que représente les agrocarburants a comme conséquence de faire monter les prix des terres agricoles ou de favoriser l’expulsion des petits paysans ou des paysans sans-terres (qui loue la terre qu’ils cultivent). Il est nécessaire de veiller à ce que les terres cultivées pour les agrocarburants ne soient pas des terres confisquées aux familles sur place ou achetées sous la menace à bas prix.
- Pour assurer la protection des petites exploitations familiales : dans beaucoup de pays les structures agricoles reposent sur des petites exploitations familiales, dont une partie est pour l’alimentation de la famille. Il est nécessaire de protéger ces structures, qui sont une ressource importante lorsque les prix augmentent ou que les conditions de production sont mauvaises.
- Pour protéger les terres à fort potentiel d’absorption de carbone : les forêts, les prairies ou encore les tourbières ont un potentiel beaucoup plus important que les monocultures comme celles dédiées aux agrocarburants. Il est important de préserver ces terres pour limiter le réchauffement climatique.
Entre promesse et réalité : un besoin de mesures et d´observations.
Une des promesses des agrocarburants de seconde génération est de pouvoir utiliser des plantes et arbustes qui peuvent pousser sur des terres arides ou semi-arides. C’est particulièrement le cas du Jatropha, plante poussant en Afrique subsaharienne en zone semi-aride ainsi qu’en Floride. Cependant, différentes associations dont les Amis de la Terre alertent sur le rendement faible que représentent de telles conditions de croissance. Certes la bioénergie, par les différents débouchés qu’elle offre – transport par les agro-carburants, chauffage et électricité par le biogaz – ne doit pas être négligée.
Il est toutefois important de gagner en connaissance dans ce domaine et faire une distinction entre les promesses que la bioénergie annonce et les rendements réels au regard des végétaux utilisés et des conditions de cultures. Il est également nécessaire d’étudier le bilan carbone et l’impact sur la biodiversité des systèmes dans leur ensemble.
illustration : Ferme à destination de la fabrication d’agrocarburant de troisième génération à base d’algues © Shutterstock
Les agrocarburants sont une concurrence aux cultures vivrières et donc à écarter. Utiliser des déchets végétaux même non comestibles pour faire des agrocarburants de 2ème génération au lieu de les restituer au sol est un non sens agronomique : on prive le sol de la biomasse nécessaire au fonctionnement des insectes, bactéries etc. qui permettraient de se passer d’engrais et pesticides.
Mais voilà : en France nous avons un plan méthanisation, qui ne servira qu’à enrichir les fabricants de méthaniseurs, à greenwashiser l’élevage industriel et continuer à encourager la production agricole intensive. Merci M. Le Foll.
Il n’ y a pas concurrence entre les agrocarburants et les cultures vivrières puisque une bonne partie des terres étaient en jachère. Je relève aussi une grosse bêtise dans l’ article. Ce qui fait monter le prix des matières premières n’ est pas du aux agrocarburants mais à la mise en bourse de ces matières. Des consortiums ont crée des pénuries en achetant les stocks avant même qu’ ils ne soient produit pour les raréfier sur les marchés et faire flamber les prix en organisant une faim dans certaines parties du monde. Le but était en plus de faire des fortunes, de pousser les petits producteurs vers les semences transgéniques.
Il me semble très stupide de transporter des biocarburants ou des ressources de biocarburant sur des milliers de Km. C’est à l’encontre de toute logique. Qe chaque continent produise le sien me semble plus en adéquation avec le but recherché. Dans le domaine alimentaire, un exemple de stupidité, le blé belge est vendu à l’Allemagne qui le revend à la Hollande qui le revend à … la Belgique … Du coup le consommateur le paye deux fois plus cher et du blé qui aurait pu être consommé à 50Km du lieu de production à parcouru 1000Km. Logique, vous avez dit logique !
Tout a fait logique.
Produire du biocarburant pour le transporter avec une emprunte carbone c’ est plus que débile. Ca pollue et ça augmente le prix.
Bonsoir,
vu dans une conférence de Daniel Nahon « Sauvons l’agriculture » , il explique que le problème des agrocarburants de seconde génération posent le problème suivant : quand on prend toute la plante pour être transformé , on enlève au milieu aussi les oligoéléments qui ont été nécessaire à la bonne croissance de la plante , donc le sol s’appauvrirait encore plus vite qu’avec les agrocarburants de première génération . Il ne faut pas regarder que le bilans CO2 pour déterminer une solution . Selon lui il ne reste que la solution d’agrocarburant à base d’algue réalisé dans des tubes dont l’alimentation et la croissance est contrôlée . Cette solution éviterait la concurrence entre alimentation et carburant et éviterait l’accélération de la dégradation sur les terres arables .