À l’heure de la protection des espèces, savoir combien elles pèsent et ce qu’elles représentent devient essentiel tant pour lancer des actions concrètes et efficaces que pour mieux cerner les enjeux de leur sauvegarde. La collecte systématique de données et la publication d’une myriade d’études désormais synthétisées par la Fondation pour la Recherche sur la biodiversité permettent aujourd’hui de mieux visualiser cette biomasse.
Une répartition étonnante de la biomasse terrestre
Connaître les tenants et aboutissants de la masse totale des êtres vivants sur terre, c’est pouvoir quantifier l’abondance du monde du vivant sur terre. Les résultats, qui mériteront d’être précisés et actualisés dans les années à venir, montre que la biomasse marine est principalement constituée d’animaux et ne représente que 1 % (alors que les océans représentent 71 % de la surface du globe !).
La biomasse terrestre pèse quant à elle 57 % ce qui n’est pas rien… La question qui suit naturellement est celle des 42 % restants. Il s’agit de la biomasse souterraine, celle des sols, celle que l’on ignore, celle que l’on pollue quand on utilise des produits chimiques à outrance.
Le poids total de la biomasse terrestre : 550 gigatonnes
Pour mesurer le poids de cette biomasse colossale, il faut une unité de mesure à la hauteur de la tâche : la gigatonne (Gt) soit 1 milliard de tonnes. Ainsi le poids total de la biomasse de la planète entière est de 550 gigatonnes.
Répartition de la biomasse totale
Plantes : 450 GT |
Bactéries : 70 GT |
Champignons : 12 GT |
Archées : 7 GT |
Protistes : 4 GT |
Animaux : 2 GT |
Virus : 0,2 GT |
Répartition de la biomasse animale
Arthropodes : 1,2 GT |
Poissons : 0,7 GT |
Mollusques : 0,2 GT |
Annélides : 0,2 GT |
Cnidaires : 0,1 GT |
Animaux domestiques : 0,1 GT |
Humains : 0,06 GT |
Nématodes : 0,02 GT |
Mammifères sauvages : 0,007 GT |
Oiseaux sauvages : 0,002 GT |
Les poids lourds ne sont pas ceux que l’on croit
Il est inutile de centrer les chiffres sur nous autres êtres humains pour comprendre combien le nombre peut faire la différence. La seule espèce de krill antarctique Euphausia superba, par exemple, représente autant que les Hommes ou les vaches et les termites pèsent plus lourd (0.05 Gt) que tous les oiseaux : 0,002 Gt d’oiseaux sauvages et 0.005 Gt d’oiseaux domestiques soit 0.007 Gt seulement au total.
Dans la même veine, les annélides (majoritairement composés de vers de terre) pèsent 0.2 Gt soit plus de 3 fois le poids total des êtres humains qui ne pèsent que 0.06 Gt, mais autant que les virus !
Les plantes sont les grandes championnes de cette pesée planétaire avec 450 Gt soit plus de 82 % du poids total du règne du vivant loin devant les bactéries du haut de leurs 12.8 %. Même en enlevant troncs et branches pour ne garder que les feuilles et les racines afin de ne comptabiliser que les parties les plus actives, les plantes représentent toujours 150 Gt surpassant toutes les autres formes de vie, et de loin !
Les activités humaines entraînent une perte de la biomasse
Les activités humaines ont ainsi entraîné une diminution de 0,1 Gt de la biomasse totale des vertébrés. La naissance de l’agriculture, la domestication animale ou encore la révolution industrielle ont été les faits les plus marquants de l’impact de l’Homme sur la biomasse.
On sait qu’il y a 100.000 ans la biomasse des mammifères sauvages était de plus ou moins 0,04 GT pour n’être plus, aujourd’hui, que de 0,007 Gt. L’Homme n’est certes pas le seul responsable de cette chute sur cette période, mais il y a pleinement participé au point que ses animaux domestiques dépassent désormais les mammifères sauvages avec 0.1 Gt !
Il en va de même pour le règne des oiseaux sauvages qui est désormais trois fois moins lourd que nos oiseaux domestiques (majoritairement des poules) avec à peine 0.002 Gt contre plus de 0.005 Gt.
Le monde marin a lui aussi fait les frais de l’activité humaine surtout à travers la chasse aux mammifères et aux cétacés qui a fait passer leur poids total de 0.2 Gt à seulement 0.004 Gt de nos jours.
Des chiffres de la biomasse comme un nouvel outil pour changer et agir
Si la biomasse de l’Homme et de ses animaux d’élevage surpasse celle des vertébrés sauvages, elle ne constitue cependant qu’une maigre part de la biomasse animale totale.
Peut-être est-il temps de nous placer dans le monde du vivant en fonction de ces données et non comme étant les premiers de cordée d’un monde que l’on ne comprend encore que trop peu. Ces données sur la biomasse sont un outil inespéré pour mieux comprendre l’échelle de la vie et de son fonctionnement.
Après tout, peser plus de trois fois moins que les virus devrait nous aider à remettre les choses en perspective, non ?
Et bien non ! Même si nous pesons plus de trois fois moins que les virus, nous sommes les grands destructeurs de notre environnement : réchauffement climatique, pesticides et, évidemment, surpopulation (y compris en France… au regard de notre consommation).
Il y a 2 manières de réduire la pollution d’une espèce animale : limiter sa consommation (et à la marge, mieux consommer) ou réduire sa population. Ce second axe est TOTALEMENT ignoré par nos « responsables » politiques. C’est pourtant le moyen le plus efficace, le moins cher et le plus facile à mettre en œuvre. C’est réellement DÉSESPÉRANT de constater la cécité des « élites ». Tout le reste ne marche qu’à la marge (ce que TOUT le monde peut constater).