On les connaît peu, et pourtant on ne cesse d’en retrouver dans le sable des plages : les biomédias ou médias-filtrants. Une autre pollution plastique déferle sur les rivages.
Biomédias – De petits filtres en plastique sur les rivages
C’est un bien étrange paradoxe : en voulant purifier les eaux usées, on en arrive à polluer les mers et les rivages... En Méditerranée puis sur la côte Atlantique, une nouvelle pollution plastique s’invite insidieusement sur les plages. Son nom : les biomédias.
Il s’agit en fait des filtres en plastique utilisés dans les stations d’épuration afin de purifier les eaux usées. Un noble but, mais des conséquences dramatiques pour la nature.
En effet, c’est par milliers que l’on retrouve désormais ces petits filtres en plastique sur les côtes, notamment françaises. En Corse comme dans le golfe de Gascogne, le danger est réel, et il est double.
En sus d’être en plastique, ces biomédias sont aussi porteurs de germes, comme de bactéries, potentiellement nocifs, voire dangereux.
Un danger repéré dès 2008 par Surfrider
La menace n’est pourtant pas nouvelle. Dès 2018, la fondation Surfrider avait publié un rapport détaillé sur le danger représenté par cette nouvelle forme de pollution plastique d’envergure. France, Portugal, États-Unis, jusqu’au bord des lacs suisses, on ramasse déjà ces biomédias. Après avoir discuté avec les professionnels de l’épuration, l’ONG a cherché à identifier et régler les dysfonctionnements amenant au rejet de ces médias filtrants dans le milieu naturel.
Lire aussi : Pollution granulés plastiques industriels, la chasse est ouverte
Selon Surfrider, « depuis 2008, l’échouage d’un grand nombre de petits cylindres de plastique a été observé sur les littoraux français et notamment sur les plages du Golfe de Gascogne. Ces objets ont été identifiés comme des supports qui permettent aux bactéries, utilisées pour le traitement des eaux usées en station d’épuration, de se fixer et de proliférer. Aujourd’hui, la pollution par ces cylindres de plastique semble toucher l’ensemble des côtes mondiales ».
Les défaillances des stations d’épuratione
Surfrider Foundation Europe est clairement l’une des premières associations à s’être intéressée à la problématique posée par la prolifération de ces supports dans le milieu marin. Dès 2007, ses bénévoles remarquent la présence récurrente de cylindres de plastique sur les plages du Golfe de Gascogne.
Mais la situation semble s’être encore aggravée en 2021. Ainsi, une vague de pollution a été constatée en février dernier en Corse, du fait de défaillances dans des bassins d’une station d’épuration gérée par l’entreprise publique Acqua Publica, dans le sud de Bastia. Il en a été de même dans les calanques de Sormiou, près de Marseille, en avril dernier.
C’est aussi du fait des récentes intempéries, notamment la tempête Alex, que cette nouvelle forme de pollution plastique va croissante.
Comme l’explique Surfrider, ces biomédias représentent de 30 à 70 % du volume présent dans les bassins, où ils sont en mouvement libre. C’est grâce à cette mise en mouvement que le processus d’épuration est efficace, afin de permettre aux bactéries épuratrices de se fixer et de proliférer. Mais et c’est là le problème, ces éléments filtrants flottants finissent en mer en cas d’intempéries, quand les stations d’épuration débordent.
Paradoxalement, ces biomédias censés servir à dépolluer l’eau finissent alors par polluer mers et rivières.
Pour en savoir plus, rendez-vous ici
Si vous tombez sur une mine de ces biomédias, pensez à alerter Surfrider à l’aide du formulaire ou en envoyant un courrier à water@surfrider.eu