Monter dans la voiture d’un inconnu pour faire un même trajet en utilisant un seul véhicule, acheter un bien d’occasion à un particulier sur une plateforme en ligne,… Ces actions sont devenues pour beaucoup d’entre nous des gestes du quotidien, voire même des réflexes.
Mais le covoiturage réduit-il vraiment nos émissions de CO2 liées aux trajets en voiture ? Et les sites du type Leboncoin limitent-ils réellement la consommation à tout-va ?
La consommation collaborative est-elle écologique ?
Les plateformes de consommation collaborative comme Blablacar ou Le Bon Coin se sont multipliées ces dernières années. Elles peuvent être un bon rempart contre la crise en nous proposant des solutions pour vendre nos affaires d’occasion, ou partager les frais d’une voiture. Toutefois, elles seraient moins écologiques qu’elles en ont l’air. Enquête.
Covoiturage : la voiture au détriment du train
« Depuis que j’ai découvert le covoiturage, j’ai pratiquement arrêté de prendre le train, alors que je le prenais très souvent auparavant. C’est plus convivial, et surtout beaucoup moins cher ! » confie Paul, 25 ans, inscrit sur Blablacar depuis maintenant deux ans.
Opter pour le covoiturage au détriment du train pour raisons économiques, Paul n’est pas le seul à faire ce choix. Et c’est bien ce que tend à montrer une enquête de l’ADEME(1) sur le covoiturage longue distance, publiée en 2015, selon laquelle 69 % des passagers Blablacar auraient pris le train, si le covoiturage n’avait pas existé. Le covoiturage nous pousserait donc certes à mutualiser nos voyages… Mais aussi à préférer la voiture au train, alors que celui-ci rejette moins de CO2 que nos voitures.
Toujours selon l’étude de l’ADEME, le covoiturage encouragerait à plus se déplacer : 12 % des passagers interrogés ont déclaré qu’ils ne se seraient pas déplacés sans covoiturage, et 21 % d’entre eux confient qu’ils se déplaceraient moins sans covoiturage.
Le covoiturage aurait donc un coût écologique. Mais il ne fait néanmoins pas négliger son avantage socio-économique, pour certaines tranches de population qui, sans cette possibilité de transport à moindre coût, ne quitteraient pas leur lieu d’habitation.
Et si Leboncoin nous faisait consommer plus ?
Les plateformes d’achat et revente en ligne, quant à elles, rallongent certes la vie de nombreux objets, et nous font sortir des circuits de consommation classiques. Mais ce n’est pas parce qu’on achète sur ces plateformes que l’on achète moins.
Au contraire, selon une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)(3), menée entre 2015 et 2016, la perspective de « la bonne affaire », nous pousserait à multiplier les transactions sur ce genre de site, et notamment les achats compulsifs.
Encore plus pervers : l’effet « bonne conscience » d’acquérir un bien d’occasion, en lui donnant une seconde vie, nous encouragerait à passer à l’acte. Selon l’étude de l’Iddri, moins d’un tiers des achats réalisés sur Leboncoin se substituent donc à des achats neufs. C’est à dire que plus des deux tiers sont des achats qui viennent s’ajouter aux acquisitions hors Leboncoin. Les plateformes de revente en ligne seraient donc, paradoxalement, un facteur d’accroissement de la consommation.
Enfin, qui n’a pas déjà pris sa voiture pour effectuer quelques kilomètres – parfois plus – afin d’aller récupérer l’objet acquis chez le particulier ?
Préférer la mutualisation à la logique d’achat
Mais alors faut-il bannir ces plateformes en ligne ? L’ADEME préconise dans son étude de préférer les voitures partagées au covoiturage. La mutualisation d’un bien plutôt qu’un service vendu, pour sortir complètement des logiques économiques de comparaison coût/avantage.
Mutualisation des biens, mais aussi des savoir-faire : pourquoi ne pas aller faire réparer votre robot ménager dans un Repair Café, au lieu d’en racheter un d’occasion sur Leboncoin ? Les lieux comme ces cafés-bricoleurs se multiplient en effet, souvent en coeur de ville et parfois même dans de petits villages, au plus proche de chez vous, pour aider à réparer vos objets usagés.
La diminution du nombre d’utilisateurs des transports en commun fait perdre aux réseaux de transports en commun une partie de leurs économies d’échelle, ce qui fait augmenter le coût des transports en commun pour les pouvoirs publics ou les utilisateurs. In fine, cela privilégie l’option la moins écologique, la voiture.
De plus, les dégâts environnementaux causés par l’option la moins écologique – la voiture – ont un coût pour la société de par les dégâts humains et matériels causés directement ou indirectement par la pollution. Ce coût n’est pas payé par les consommateurs au moment où ils achètent, mais par les victimes des dégâts environnementaux – les pouvoirs publics et la société tout entière étant aussi des victimes des dégâts environnementaux.
Exemple : les victimes de la pollution de l’air ou des accidents impliquant des voitures sont prises en charge financièrement par la sécurité sociale et non par les conducteurs. Et encore, je ne parle que du coût financier et pas du coût humain.
Bien sûr, il est possible que certains passagers de co-voiturage soient des conducteurs/ex-conducteurs qui aient délaissé leur voiture pour faire du co-voiturage. Mais ce cas n’est pas fréquent. Les conducteurs refusent souvent de délaisser leur voiture au profit du co-voiturage pour plusieurs raisons :
– ils veulent continuer à jouir de leur voiture une fois arrivé à destination (impossible s’ils ont laissé leur voiture au point de départ)
– de nombreux conducteurs ont un attachement affectif fort à leur voiture, ils préfèrent la prendre plutôt que de monter en tant que passager dans la voiture de quelqu’un d’autre
– certaines personnes considèrent qu’il est illogique de « louer » un bien que l’on possède déjà (une place dans une voiture), même s’il y gagnait financièrement. « Pourquoi je paierais une place en covoit alors que j’ai ma propre voiture ? »
– le fait de déjà avoir une voiture entraîne des coûts fixes élevés (entretien, assurance, achat, on pourrait aussi compter passer le permis). Pour un propriétaire de voiture, il n’est rentable de faire du covoit que si le prix de la place est inférieur à son coût variable sur le trajet en question.
Le covoiturage incite les conducteurs à utiliser leur véhicule davantage
– le covoiturage aide le conducteur à financer ses frais, à rentabiliser son trajet, voire même à gagner de l’argent. Il peut donc se déplacer davantage en voiture, c’est plus économique pour lui. Le covoiturage rend rentable le fait d’utiliser une voiture, davantage de personnes vont donc se permettre d’acheter et d’entretenir une voiture
– le covoiturage permet, aux conducteurs qui le souhaitent, de faire des rencontres, de passer du temps avec des gens, ce qui les incite également à prendre davantage leur voiture, voire à acheter/conserver leur voiture.
Mouais… Cassage facile et gratuit d’un autre mode de vie. C’est vrai, ne faisons rien. Je trouve cet article inconstructif et sans fond…