En cette rentrée 2018, deux annonces coup sur coup ont mis le Brésil au coeur du marché mondial des énergies renouvelables. C’est d’abord Voltalia, le producteur français d’électricité renouvelable, qui révélait le 4 septembre avoir remporté un nouveau projet de construction d’un parc éolien de 60 mégawatts (MW), dans le nord-est du pays. Une région où les vents puissants et réguliers de l’Atlantique offrent des conditions particulièrement favorables. Preuve de l’importance de ce contrat pour Voltavia, le Brésil devrait représenter en 2020 plus des deux tiers de son parc installé (69 %), loin devant l’Europe (19 %).
Le lendemain, EDF Renouvelables annonçait à son tour avoir signé un nouveau contrat pour la construction et l’exploitation de deux parcs éoliens d’une puissance cumulée de 276 MW, cette fois dans l’état de Bahia, un peu plus au Sud, mais dans une région toujours aussi battue par les vents. Au total, EDF Renouvelables possède désormais au Brésil plus de 1000 MW de capacité de projets éoliens et solaires, en construction ou en exploitation. Et le groupe devrait continuer à investir.
Le Brésil s’appuie sur des ressources naturelles exceptionnelles
Avec des ressources naturelles exceptionnelles (soleil permanent, vents océaniques, fleuve Amazone…) et des besoins énergétiques croissants, le Brésil représente en effet un marché stratégique pour les grands groupes énergétiques internationaux et notamment français.
Le groupe Engie n’est d’ailleurs pas en reste : après avoir contribué à la construction d’un barrage géant en Amazonie, le groupe énergétique français vient également d’investir dans un grand parc éolien de l’état de Bahia, au nord de Rio de Janeiro. Rien qu’en 2017, Engie a injecté un milliard d’euros dans ses activités au Brésil en 2017, en rajoutant 800 mégawatts à sa capacité de génération, qui dépasse désormais les 11 gigawatts.
8e au palmarès mondial des pays producteurs d’énergie éolienne
Grâce à ces investissements internationaux, car les Français ne sont pas les seuls à lorgner ce pays, le Brésil se classe 8e au palmarès mondial de la production d’énergie éolienne.
Selon le Global Wind Energy Council (GWEC), l’organisation représentative des industries de l’éolien, le pays pourrait même prétendre à terme à la sixième place, derrière les grands pays producteurs comme la Chine, l’Inde, les États-Unis ou l’Espagne, qui tiennent la tête de ce classement.
Depuis dix ans, le pays s’est lancé dans la construction de parcs éoliens en concédant aux investisseurs privés des contrats d’exploitation sur vingt ans. Le marché a rapidement décollé, et le Brésil compte désormais plus de 500 fermes éoliennes, particulièrement dans la région du Nordeste.
Et l’importance de l’éolien dans son mix énergétique devrait encore s’accroître, puisque 213 nouveaux parcs éoliens vont être construits d’ici à 2023. Objectif du gouvernement : atteindre avec l’éolien 12,5 % de la production d’électricité en 2026, contre 8,3 % aujourd’hui.
Des milliers d’emplois créés en 2017 grâce aux énergies renouvelables
Outre que cette énergie propre fournit désormais de l’électricité à quelque 22,4 millions de foyers, le Brésil récolte aussi les avantages socio-économiques de cette révolution énergétique en créant localement des milliers d’emplois.
Selon une étude de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), l’industrie du renouvelable a créé plus de 500 000 nouveaux emplois dans le monde en 2017 (+5,3 % par rapport à 2016), dépassant pour la première fois la barre des 10 millions d’emplois.
Le Brésil, qui fait partie avec la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Allemagne et le Japon des plus grands employeurs de l’industrie des énergies renouvelables au monde (70 % de tous les emplois), a largement profité de cette dynamique.
« Ces chiffres montrent que dans les pays où il existe des politiques attractives, les avantages économiques, sociaux et environnementaux de ces énergies sont évidents », confirme l’Irena. Et les perspectives pour le Brésil sont alléchantes, puisque l’agence internationale assure que 28 millions d’emplois pourraient voir le jour d’ici à 2050.
Localement des blocages qui peuvent freiner les investisseurs
Un tableau parfait ? Pas tout à fait, car développer les énergies renouvelables, comme le solaire, n’est pas toujours simple dans ce pays. Les investisseurs étrangers ont en effet l’obligation d’acheter localement leurs principaux équipements pour obtenir des prêts de la banque de développement brésilienne. Or l’industrie du solaire est encore balbutiante au Brésil. Conséquence, le prix des panneaux locaux est plus élevé, plombant la rentabilité des nouveaux projets. Ce qui rend prudents les investisseurs.
Le manque d’infrastructures, comme des lignes de transports ou des stations de connexion avec le réseau électrique, limite également le nombre d’emplacements utilisables, alors que l’espace disponible ne manque pourtant pas…
Des blocages que le pays devra surmonter, pour accompagner sa croissance économique et les besoins en énergie qui en découlent. D’autant que sa consommation d’hydrocarbures est en très forte hausse, ainsi que ses émissions de CO2. Sacré paradoxe au moment où il investit autant dans les énergies renouvelables… Mais la plupart des experts sont unanimes : avec des ressources naturelles aussi abondantes, l’avenir énergétique de la planète se situe sans doute au Brésil.