Et si l’on protégeait les bruits des campagnes françaises ? C’est ce que vient de proposer un maire de village rural.
Des néo-ruraux qui ne cessent de déposer plainte
Le chant du coq au matin, le braiement des ânes, la cloche d’une église et le pépiement des oiseaux… Ce sont autant de bruits ruraux qu’il conviendrait de protéger au patrimoine national. C’est là l’étonnante proposition de Bruno Dionis du Séjour. Le maire de Gajac, en Gironde, petite commune rurale de seulement 400 habitants, a fait parvenir une lettre ouverte aux parlementaires(1). Son souhait : empêcher les procès qui pourraient être intentés aux émetteurs de ces bruits du quotidien.
Son plaidoyer : que l’on cesse, dans les campagnes, de vouloir faire interdire tout et n’importe quoi, notamment les néo-ruraux quittant la ville et gênés par le moindre bruit, pourtant présent de toute éternité dans les campagnes. « Nous demandons que le chant du coq, l’aboiement familier du chien, la cloche de l’église, le meuglement des vaches, le braiement de l’âne et le pépiement des oiseaux soient proclamés patrimoine national », a réclamé le maire.
Une proposition de loi avant l’Unesco
Selon lui, « le rythme de la campagne et des choses […] qui la composent » devraient être protégés par la Constitution. Les protéger permettrait d’éviter toute tentative d’interdire le moindre bruit du quotidien rural. Fustigeant « l’égocentrisme » de celles et ceux « d’origine urbaine la plupart du temps » qui ne cessent de déposer plainte, il dit « arrêtons de nous épuiser avec ses mesquines gesticulations procédurières qui semblent se multiplier un peu partout en France ». Sa lettre ouverte vient notamment après qu’un maire de l’Oise ait pris un arrêté municipal contre les aboiements, et qu’en Vendée, des habitants aient protesté contre les cloches de l’Angélus.
Est-ce si inimaginable ? En fait, non. En effet, l’article 11 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco précise bien qu’il appartient à chaque État « d’identifier et de définir les différents éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur son territoire, avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes ». Prochaine étape : le dépôt d’une proposition de loi par un député..
Illustration bannière : Le chant du coq – © Jose Vitor Camilo
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