Comment la Camif compte déloger Ikea par le local et le durable

Certaines entreprises ne se contentent pas d’être responsables, elles veulent carrément changer le capitalisme pour un monde meilleur. Parmi celles-ci, une marque bien connue des Français, en pleine renaissance : la Camif. Son mot d’ordre ? « Changeons le monde de l’intérieur ».

Rédigé par Jean-Marie, le 19 Mar 2016, à 12 h 00 min
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Des clients qui inventent pour les fabricants de meubles de la Camif

Pour Anne Breuillé, responsable développement durable de la Camif, l’autre innovation majeure de la Camif, c’est le « tour du made in France » : « tous les ans, nous invitons nos salariés, clients, et fabricants à passer une journée ensemble pour faire un tour de France de 15 fabricants. On visite l’usine, on découvre leurs savoir-faire, et l’après-midi on organise des ateliers créatifs ».

C’est ainsi qu’est né l’an passé le bureau connecté Cinlou, co-créé avec les clients, « conçu et fabriqué en France dans une démarche de respect de l’environnement à chaque phase du processus de fabrication, esthétique et doté de fonctionnalités innovantes ».

Lexi, une gamme de produits « upcyclés »

La marque niortaise fait aussi une incursion dans l’économie circulaire avec une gamme de meubles conçue avec la start-up Api Up dans une démarche d’insertion sociale. Celle-ci, rencontrée lors de son tour de France 2015 du Made in France, propose une gamme de meubles récupérés dans des écoles ou des entreprises par un éco-organisme.

Elle va ensuite les remettre à neuf pour les commercialiser, économisant ainsi des ressources naturelles et proposant sa gamme Lexi de produits compétitifs en terme de prix avec ceux d’Ikea.

Le patron de la Camif pense qu’il est possible d’installer durablement une filière d’upcycling pour le mobilier en France. Ce serait une autre manière de réconcilier la consommation et le bien social.

Une démarche reconnue par la certification B-Corps

Fruit de ces efforts : la Camif, et son fonds d’investissement, Citizen Capital ont obtenu conjointement la certification B-Corps. C’est d’ailleurs la première fois qu’un couple fonds d’investissement français – e-commerçant a été ainsi certifié. Ce label, d’origine américaine, ambitionne de réconcilier les principes de responsabilité de l’entreprise avec ceux de transparence et de durabilité.

Pour Emery Jacquillat : « obtenir un tel label, c’est reconnaître l’impact positif de notre projet sur la société et l’environnement, cela nous permet d’identifier les progrès encore à réaliser et à inscrire la démarche au coeur de l’entreprise, avec toutes les parties prenantes ».

Que sont les B Corps ?

B-Corps – pour Benefit Corporations – désigne un mouvement créé aux États-Unis à l’initiative, entre autres, de Ben & Jerry’s, et qui a déjà certifié 25 entreprises françaises répondant aux valeurs requises. Camif fait partie de cette communauté, qui début 2016, comptait quelque 1.450 entreprises dans 42 pays.

L’ambition est grande : il s’agit ni plus ni moins de redéfinir le capitalisme en le faisant travailler pour le bien commun, pour le bénéfice de la société, et non uniquement pour le seul succès financier de l’entreprise.

Les entreprises certifiées B-Corpts partagent la croyance que l’entreprise peut transformer la société, en associant les leviers de profit et d’impact.

« Au-delà de la démarche RSE classique, explique Emery Jacquillat, la certification B-Corps s’attache à mesurer l’impact sur toutes les dimensions et parties prenantes. On nous a même demandé quelle était la part de nos clients dans un rayon de 320km de notre siège social, quelle était notre banque principale, et si l’argent de celle-ci profitait bien aux intérêts de notre région ! C’est vraiment une démarche qui va très loin. »

Comme la Camif, au moment de sa relance, « n’avait pas le choix de faire autrement pour convaincre ses anciens salariés, clients et fournisseurs, que de se reconstruire autour de l’idée des impacts positifs pour toutes ces parties prenantes », cette approche s’est imposée naturellement et est devenue un levier de croissance, constate Emery Jacquillat. Le fait que son principal investisseur, Citizen Capital, s’inscrive dans la même démarche, « donne beaucoup de force, de cohérence : on sait que nos investisseurs ne mettront pas en cause notre démarche ».

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

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