Les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de cannabis légal aux États-Unis peuvent dépasser celles de l’industrie minière.
Cannabis médical ou récréatif – Un impact environnemental qui reste à quantifier
C’est une étude dont les résultats sont tout simplement « stupéfiants » qui a été publiée le 8 mars dernier par une équipe de chercheurs de la Colorado State University dans les colonnes de la revue Nature Sustainability(1).
Ils ont eu l’idée de se pencher sur les émissions de gaz à effet de serre des plantations légales de cannabis. En effet, dans certains États américains, la consommation médicale ou récréative en est autorisée, et la culture également.
« La légalisation du cannabis a entraîné une augmentation substantielle de la production commerciale, mais l’ampleur de l’impact environnemental de l’industrie n’a pas été pleinement quantifiée, explique cette étude. Une quantité considérable de cannabis légal est cultivée à l’intérieur, principalement pour des raisons de contrôle de la qualité et de sécurité. Nous avons analysé l’énergie et les matériaux nécessaires pour cultiver du cannabis à l’intérieur et quantifié les émissions de gaz à effet de serre correspondantes en utilisant une méthodologie d’évaluation du cycle de vie. »
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Un mode de culture gourmande en énergie
Et les résultats de cette étude américaine sont plus que surprenants : certes, le niveau d’émission varie d’un État à l’autre, selon les conditions de culture, mais il représente tout de même « selon l’emplacement, de 2.283 à 5.184 kg d’équivalent CO2 par kg de fleur séchée ».
Incroyable ! Dans les fermes du Colorado, cultiver le cannabis émet en fait plus de CO2 que l’industrie du charbon : environ 2,6 mégatonnes équivalent CO2, contre 1,8 mégatonne pour les mines.
Il faut dire qu’il s’agit d’une culture des plus gourmandes en soi, entre le recours à de puissantes lampes et à des équipements spéciaux pour obtenir les conditions de température et d’humidité nécessaires à une bonne croissance des plants. Le fait de les élever en intérieur renforce encore cette consommation d’énergie.
« Les émissions de gaz à effet de serre du cycle de vie sont en grande partie dues à la production d’électricité et à la consommation de gaz naturel provenant des contrôles environnementaux intérieurs, des lampes de culture à haute intensité et de l’approvisionnement en dioxyde de carbone pour une croissance accélérée des plantes », précise l’étude.
1 % de la consommation électrique du pays
Au total, la production et la distribution de tout ce cannabis coûtent environ cinq milliards de dollars par an, rien que pour les États-Unis. Quant à la quantité d’énergie utilisée pour cultiver tout ce cannabis en intérieur, elle représente environ vingt térawatts par an. Soit environ 1 % de la consommation électrique du pays, et l’équivalent de la consommation de vingt millions de foyers(2).
Avec 17 millions de tonnes de dioxyde de carbone rejetés par an aux États-Unis, le coût carbone de la production du cannabis équivaudrait à l’utilisation de trois millions de voitures. Un simple joint représenterait autant de gaz à effet de serre qu’une ampoule électrique de cent watts restée allumée 17 heures durant !
Et encore, les rejets de gaz à effets de serre engendrés par la production de cannabis sont sans doute encore sous-estimés. Aux calculs dévoilés par cette étude, il conviendrait encore d’ajouter les émissions engendrées par le stockage et le traitement du cannabis.
Comment réduire drastiquement les émissions de ce marché et de cette production en plein essor ?
Passer à une culture du cannabis en serres, en extérieur, sonne déjà comme une évidence. Mais moderniser les systèmes de climatisation et avoir recours à des ampoules LED, moins gourmandes en énergie, sont deux autres pistes à étudier.